C’est en juillet 2022 que pour la première fois je contactais Monsieur Léopold Hnacipan. Après en avoir discuté en comité de rédaction, nous étions tombés d’accord pour publier sa revue Hnacipan qui fait la part belle aux langues Kanak, à la spiritualité et qui est pour nous une mémoire vive de la société civile kanak.
Nous avons tout d’abord numérisé les 65 premiers numéros dans notre médiathèque numérique. Depuis, nous numérisons toutes les semaines ses revues. Elles sont certes en décalage avec les parutions à jour, puisque plus de 150 numéros ont été écrits et diffusés, mais nous continuons avec gratitude et sans relâche notre travail de numérisation.
Ce numéro 96 est spécial pour nous car, dans le courrier des lecteurs, apparaît ma demande faite au nom de l’Association Présence Kanak scellant ainsi notre partenariat.
Publié tous les jeudis, nous avons choisi désormais de le partager avec vous le samedi, vous laissant ainsi le temps et l’opportunité de lire ces tranches de vie en toute quiétude.
Oléti Monsieur Hnacipan.
Dans la petite voiture de Maselo
- Bonjour Mme Legrand.
- J’aime que vous m’appeliez ainsi Mr Maselo. C’est le nom de mon mari. Vous savez, j’en ris des fois surtout que je ne suis pas très grande de taille.
- Oui Mme Legrand, ce n’est pas de la taille dont il est question. Mais de la grandeur de l’esprit. Je sais que vous êtes très cultivée. Vous venez encore d’avoir une autre distinction. Je suis allé sur la page bleue de ma fille et j’ai vu la cérémonie de remise des diplômes. J’étais plutôt très content de voir ça. Vous êtes d’abord la fierté des vôtres mais aussi du pays. Moi, je suis à je ne sais pas combien de pourcentage de joie en vous voyant avec cet espèce d’habit que vous portez sur vous. Cela vous va très bien, je trouve.
- Mr Maselo, je me suis lancée tardivement dans les études. C’était pour encourager ma fille Myriam au départ après, j’ai continué sur ma lancée, maintenant je suis docteur en biochimie…
La tourterelle
Vendredi j’étais assis sous le préau.
Elisa vint me voir pour dire qu’un oiseau avait cogné la baie vitrée de là où nous dormions. Elle s’y trouvait avec ma fille Cléa.
Quelques temps après j’y suis allé voir. Et à la place où je garais habituellement la voiture, une tourterelle était couchée le ventre et les ailes tournés vers le ciel. Elle ne bougeait plus, elle était raide morte.
Je l’ai prise dans mes mains. Le bec de la mâchoire supérieure rentrait dans la tête. Il y avait du sang tout autour de la bouche. Elle était bien morte mais son corps était encore tout chaud de sa course lointaine.
L’oiseau me ramena à plusieurs années antérieures à celles de mon enfance où pendant la saison des agrumes, on allait poser des pièges sous les mandariniers et les orangers. Lorsqu’on en attrapait, les cartons vides des colis que nous recevions de Nouméa nous servaient de cage et on mettait les oiseaux dedans pour les emprisonner. On ne comprenait pas trop pourquoi on les laissait là-dedans. C’était juste le plaisir de les voir dedans. Le nombre d’oiseaux dans le carton évaluait notre qualité de petits chasseurs de la tribu. Plus on en possédait et notre nom circulait partout dans la tribu. Cela faisait de nous des petits êtres tous fiers.
La tourterelle marchait en faisant plusieurs ronds, en secouant la tête d’avant en arrière et des fois on l’entendait pousser des petits cris.
Il nous arrivait de posséder plusieurs oiseaux et de les enfermer tous dans le même carton.
Maintenant, je comprends bien que c’était souffrance qu’on infligeait à ces oiseaux qu’on emprisonnait. Leurs petits cris étaient en réalité de grands appels à la nature et à la liberté. Moi qui voyageais si souvent ai bien compris cela. Une plainte. Je pris donc le cadavre de la tourterelle pour le conserver dans le congélateur comme on congèle un cadavre d’humain. Quelques jours plus tard, je sors le corps pour l’enterrer au milieu de notre cour. J’étais en compagnie de mon petit-fils qui n’arrêtait pas de me poser des questions auxquelles j’étais gêné de répondre.
En ce moment même à l’heure de mon écriture je vois trois tourterelles marron vert en train de dodeliner sur l’herbe en plein milieu de ma cour. C’était comme si leur tête allait tomber du reste du corps. Je les entends même pousser leurs petits cris. Le mort dans sa tombe doit sûrement leur donner la correspondance mais ça c’est encore une autre histoire.
Pour l’autre lecture, je propose le texte engagé du frère Romaric PRANTYEGIEI-GALAHI
Bonne lecture. Wws
Pollution
Quel dommage pour nos enfants
Du plus profond de ma tribu
J’ai remarqué un changement
Nos rivières, elles, ne coulent plus
Le temps lui change complètement.
Oui les saisons sont décalées
Il pleut maint’nant en plein été
La mer qui se met à monter
J’crois que la Terre s’est emballée.
Les catastrophes naturelles
Ont une cause originelle
T’as compris c’est la pollution
Qu’amène notre évolution.
Désormais faut être vigilant
C’est LA bombe à retardement
On se doit tous de réagir
Oui pendant qu’il est encore temps
Ou beaucoup de gens vont mourir
Mais tu compris en me lisant ?
Ben c’est juste un avertiss’ment…
ET CHANTONS
Stand By Me
(Reste Contre Moi)
When the night has come
Quand la nuit est venue
And the land is dark
Et que la terre est sombre
And the moon is the only light we see
Et que la lune est la seule lumière que nous voyons
No, I won’t be afraid
Non, je n’aurai pas peur
Oh, I won’t be afraid
Oh, je n’aurai pas peur
Just as long as you stand
Tant que tu restes
Stand by me
Tu restes contre moi
(Chorus:)
So darling, darling
Alors chérie, chérie
Stand by me
Reste contre moi
Oh, stand by me
Oh, reste contre moi
Oh stand, stand by me, stand by me
Oh, reste, reste contre moi, reste contre moi
If the sky that we look upon
Si le ciel que nous contemplons
Should tumble and fall
Devait dégringoler et tomber
Or the mountains should crumble in the sea
Ou si les montagnes devaient s’écrouler dans la mer
I won’t cry, I won’t cry
Je ne pleurerai pas, je ne pleurerai pas
No, I won’t shed a tear
Non, je ne verserai pas une larme
Just as long as you stand
Tant que tu restes
Stand by me
Tu restes contre moi
(Chorus) (x2)
Whenever you’re in trouble
A chaque fois que tu es malheureuse
Won’t you stand by me, oh stand by me
Pourquoi ne resterai-tu pas contre moi, oh reste contre moi
Ben. E. King












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