La Natte Kanak est une histoire réelle qui se passe sur une route que nous avons appelé la Route de la Natte. C’est une histoire qui part de paroles, de constats de paroles, de recherches de paroles, d’évidence de paroles, de questionnements, de paroles politiques, de paroles culturelles, d’imaginaires qui ont fait naitre cette histoire.
Parce que dans la mémoire collective il ne restait plus rien de nous : brûlé et effacé par la colonisation et la religion catholique..
Titubant cherchant à toucher, à sentir les souvenirs de ce qui reste de notre culture, notre peuple a vu se lever un certain Jean-Marie Tjibaou Kaamoo Pa Kavaac, garçon de la vallée de Tiendanite qui nous a dit qu’il fallait se lever pour aller chercher ce qui nous reste de nos paniers au fond des cases, dans les taraudieres, sous les bagnans, sur les tertres abandonnés, au sommet des sapins et des kaoris avant que tout cela ne se perde dans le néant des paradis perdus ou s’eloignait petit à petit notre histoire…
L’histoire d’un peuple autochtone que nous sommes. Si petit grain de sable au milieu du Pacifique.
Le son des toutoutes* appelant au ralliement en septembre 1975, Melanesia 2000. La prise de conscience pour certains et difficultés à comprendre pour d’autres qui se sont levés contre cette manifestation culturelle populaire. Mais Melanesia 2000 va être le déclic de la prise de conscience. Jean-Marie Tjibaou pour allier la parole aux actes va créer le centre culturel Goa ma Bwarat dans la foulée comme pour mettre à l’abri nos choses, après Melanesia 2000..
Il prononce le discours d ouverture et d inauguration en disant ceci « UN PEUPLE QUI NE CREE PLUS ET UN PEUPLE QUI ATTEND SON TOUR POUR MOURIR » ».
A partir de là, plus rien ne se passe.
Et arrive une femme, Leonie Tidjite Varnier en 1993,1994 qui crea BATEFO (Tressage de la natte) dans la région de Voh, à Gatope exactement. Commence alors une belle histoire faite de pandanus, de femmes, de tressage, de recherches, de collectes, de savoir faire, de vente, de mise en valeur. Et ce jusqu’en 2003-2004.. Puis tout s’arrête pour diverses raisons, comme happé par un néant et tout disparait.
Mais reste un livre, des photos, des contes, des berceuses, des poèmes, un book et 11 ans après, en novembre 2015, une autre parole culturelle arrive du Sénat et de l Aire Hoot ma Waap et fait surface.
Un feu s’allume dans l’Aire Hoot ma Waap, un cri de ralliement lancé par les femmes de l’aire parce qu’il fallait repartir, chercher, comprendre, rassembler autour de cette Parole…
Nait alors un collectif de femmes pour réfléchir sur la mise en oeuvre de cette parole.
Et l image qui m’est apparue est une route sur laquelle marche des femmes à la recherche de quelque chose.. Je les vois se baisser comme pour ramasser.
La Route de la Natte est tracée. Il n’y a pas de fin. La route avance et les femmes marchent…
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