Nuelasin n°210 – 18 juillet 2025

Bozusë,

Je pense à une famille frappée par le drame silencieux : un fils s’est donné la mort. J’ai envoyé quelques messages aux proches que je connais, mais je n’ai pas trouvé de mots assez forts pour apaiser la peine. Alors j’ai simplement écrit que je partageais la douleur de la famille, de tout cœur.

Les vraies raisons de ce départ, seul celui qui est parti les a emportées avec lui. Nous, nous restons avec les questions, les regrets, les silences. Parfois, des anciens veulent encore vivre, continuer malgré la fatigue du corps, mais la mort ne leur laisse pas ce choix. Eux, ils avaient rempli leur mission. Mais qui peut vraiment dire qu’il a « rempli » sa vie ?

Je ressens la peine de la famille, même si ce n’est sans doute pas avec la même intensité. Il y a des disparitions qu’on aurait voulu retarder. Je pense à ce papa d’une tribu de la transversale. Il n’a pas atteint la cinquantaine. La maladie l’a arraché trop tôt. Et dans le même temps, un jeune dans la force de l’âge choisit de quitter le monde.

Voilà notre désarroi. Voilà notre incompréhension.

Ces douleurs si profondes deviennent invisibles. Le suicide n’est pas une faiblesse, c’est souvent le point de rupture d’un combat silencieux que personne ne voit. Ceux qui partent ainsi ne cherchent pas à fuir la vie, mais à fuir une souffrance devenue insupportable. Il nous revient, à nous qui restons, de ne pas juger, mais de comprendre. De tendre la main, d’ouvrir le dialogue, de créer un monde où la parole est possible, même dans la nuit la plus noire.

À ceux qui sont partis trop tôt, à ceux qui restent en portant le vide, nous offrons notre silence respectueux, nos pensées les plus tendres, et la promesse que leur mémoire ne s’effacera pas.

Pour accompagner le vieux Maselo, je vous propose un texte déniché du Net. Émouvant. Bonne lecture. Wws

Dans la voiture de Maselo

Maselo : Bonjour Martine ! Prête pour le marché aujourd’hui ?

Martine : Bonjour Maselo ! Oui, prête comme toujours. Merci de m’emmener.

Maselo : C’est toujours un plaisir. Comment ça se passe avec tes légumes ?

Martine : Plutôt bien, merci. J’ai beaucoup de clients fidèles maintenant. C’est un nouveau départ pour moi.

Maselo : C’est super à entendre. Tu as vraiment bien rebondi après la fermeture de Vavouto.

Martine : Oui, ça n’a pas été facile au début. Perdre mon emploi de femme de ménage à l’usine du pays a été un choc. Mais j’ai décidé de ne pas me laisser abattre.

Maselo : Tu as toujours été courageuse, Martine. Et maintenant, tu as trouvé quelque chose que tu aimes vraiment.

Martine : Exactement. Cultiver mes légumes et les vendre au marché me donne un sentiment de satisfaction que je n’avais jamais ressenti auparavant. C’est dur, mais gratifiant.

Maselo : Je suis content pour toi. Et puis, tu apportes des produits frais et locaux aux gens. C’est important.

Martine : Oui, et les clients apprécient vraiment. Ils aiment savoir d’où viennent leurs légumes. Et moi, j’aime les voir revenir chaque semaine.

Maselo : C’est une belle histoire de réussite. Tu es un exemple pour beaucoup de gens.

Martine : Merci, Maselo. Et toi, comment ça va avec le taxi ?

Maselo : Ça va bien. Les affaires sont stables. J’aime rencontrer des gens comme toi et entendre leurs histoires.

Martine : C’est vrai que tu as toujours été un bon auditeur. Merci de m’avoir soutenue pendant cette transition.

Maselo : C’est normal, Martine. On est amis, et les amis sont là pour ça. Allez, on est presque arrivés. Voilà Alice et Paulette sous le flamboyant. Bonne vente à vous aujourd’hui !

Martine : Merci, Maselo. À plus tard !

Le petit garçon

J’ai laissé l’enfant d’un inconnu s’endormir sur moi — et ce n’est qu’après que j’ai découvert pourquoi il était vraiment seul.

C’était juste une autre soirée ordinaire de match un vendredi. Je n’étais même pas vraiment intéressée — j’y étais allée surtout pour l’air frais et les snacks, plus que pour ce qui se passait sur le terrain. J’ai choisi une rangée tranquille, enlevé mes sandales et me suis installée avec un Gatorade et un bretzel moelleux.

Vers la moitié du deuxième quart temps, j’ai remarqué un petit garçon quelques sièges devant moi. Il devait avoir quatre ou cinq ans. Aucun adulte à proximité. Il se tenait debout sur le siège, essayant de voir au-dessus de la rambarde, tenant une main en mousse plus grande que sa tête. Adorable — mais clairement seul.

J’ai pensé que l’un de ses parents était peut-être allé aux toilettes ou chercher quelque chose à manger. J’ai regardé autour de moi, attendant que quelqu’un revienne.

Mais personne n’est revenu.

Finalement, le petit garçon est venu vers moi de lui-même et s’est assis. Il n’a pas dit un mot — il s’est juste blotti contre moi comme s’il me connaissait depuis toujours. Et pour être honnête… je l’ai laissé faire. Il était chaud, fatigué, et sentait la crème solaire et les nachos. Quelques minutes plus tard, il dormait profondément contre ma poitrine, ronflant doucement.

C’est là que j’ai commencé à m’inquiéter.

J’ai regardé autour de moi encore une fois. Toujours personne. Aucun adulte. J’ai discrètement appelé une agente de sécurité, en essayant de ne pas réveiller le petit. Elle s’est approchée, s’est accroupie et m’a demandé si je le connaissais.

Quand j’ai répondu non, son visage a immédiatement changé. Elle a parlé dans sa radio sans perdre une seconde.

Pendant que nous attendions, elle m’a chuchoté :

“Peut-être que c’est l’enfant dont on a reçu l’appel plus tôt.”

Et à ce moment-là… mon cœur s’est effondré.

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