Nuelasin n°170 – 19 avril 2024

Bozusë, “avez-vous passé de bonnes vacances?” Telle est toujours la question que je pose à mes élèves à chaque retour de vacances. Certains disent oui, d’autres n’hésitent pas à dire non en remuant la tête de haut en bas, mais bien comme il faut. Avec un visage défait, qu’ils affichent leur malheur ! Ils n’ont plus le respect que nous avions pour faire plaisir à nos profs en leur faisant croire qu’on était pressé de revenir sur les bancs de l’école pour les revoir et bien sûr, traite qu’on était, les plus fayots, osaient même dire qu’ils étaient pressés de les revoir. Soit. Pour la reprise, je propose, un souvenir de vacances d’une année oubliée et Kola ceitune la baselaia Hnengödrai, un taperas de nöje Drehu. Bonne rentrée à tous et bonne lecture. Wws

À une année, mais je ne me souviens plus laquelle, je suis allé à Mou avec Hnatu, notre petit-chef de la tribu. C’était pour visiter le four kanak à Hnengödrai, l’ancienne chefferie de Lösi où nos ancêtres mangeaient de la chair humaine cuite au four. C’était avant 1842, date de l’arrivée de l’évangile. L’endroit y est encore visible. Après la visite, je suis parti à Hunöj pour ramener Hnatu mais je suis après revenu tout seul pour me baigner à la mer et échanger avec Wofë, un habitant de Mou, qui réside non loin de Hnengödrai. Je voulais avoir des infos sur la vie anthropophagique de nos ancêtres: “Wawes, tu vois, notre maison, c’est là-bas juste à côté du four en dehors de la barrière en pierre. Mais nous ne savons rien de ce qui se passait de l’autre côté. En dedans de la chefferie. Aucune info de ce genre de pratique n’était parvenue jusqu’à nous. On se contentait seulement de vivre. Nos premiers vieux étaient arrivés d’Île des pins. Ils étaient arrivés là-bas (il leva la main pour montrer la baie, par où ses ancêtres ont débarqué) de leur pirogue. Ils ont été accueillis par les guerriers de la chefferie et ensuite conduits ici à Hnengödrai pour être présentés à la chefferie, se faire prisonniers ou sûrement être mangés. Mais ils ont eu la vie sauve parce qu’ils étaient blancs de peau. C’étaient de grands navigateurs polynésiens qui avaient débarqué à Uzeli, des années voire des siècles auparavant. Cela a dû plaire au vieux Coo qui leur posa des questions. Il était curieux de savoir s’il existait d’autres personnes comme eux dans le pays d’où ils venaient. “ Grand Dieu, il y a beaucoup d’hommes et de femmes de la même couleur de peau que nous dans notre pays d’origine.” Leur réponse plut et ils furent renvoyés pour faire venir des gens à la peau blanche à Mou à Hnengödrai. Le monarque désirait des hommes et des femmes de notre genre pour se mélanger à la population locale noire du royaume de ce temps-là. À partir de cette époque, nous fûmes introduits à la chefferie Bula.”

Peut-on donc comprendre que le métissage date de ces années-là (?), c’est à dire avant la colonisation et bien sûr d’une volonté divine ? Le chef, Grand-chef, roi… des entités représentant Dieu sur terre.

                                           ***

Une poussée: Je pense à Pawawi Wakele Rivaldo, un acteur du film L’esprit Coubertin qui sort dans les salles de cinéma en France le mois prochain, 08 mai. Il était passé chez nous dans ses années/collège de la 6ème jusqu’à la 3ème. Je suis très heureux que des jeunes de chez nous percent comme lui. J’espère que d’autres lui emboîteront le pas en espérant surtout que ce film ne sera pas la dernière et que d’autres grands réalisateurs garderont un œil sur nos jeunes talents. En même temps que l’image de Wakele adolescent repasse dans ma mémoire, me revient aussi à l’esprit One Small Bag de Vanuatu. Vous pouvez saisir ce lien sur le Net. Il renvoie à un atelier (je ne sais pas s’il faut l’appeler comme cela) d’artistes au pays du saut du gol. À chaque fois que le collège de Tiéta se rend là-bas, Qaeze et moi laissons toujours nos élèves chez eux les après-midi. C’est ainsi que des professionnels du métier éveillent et exercent sur les nôtres leur qualité artistique de danseur, d’artiste dans les diverses activités proposées etc… et tous les soirs au retour à INTV où nous étions logés, on pouvait voir l’expression de la joie sur les visages des nôtres dans le groupe. Gratifiant !

Chez nous, je ne vois pas d’atelier comme One Small Bag pour exercer des activités de théâtre, de cinéma etc… sauf pendant les colonies des vacances de fin d’année. Faudrait peut-être y penser, mesdames et messieurs nos dirigeants.

Dans la petite voiture de Maselo

  • Bonjour, qui c’est cette personne que vous attendiez M. Maselo ?
  • Oh! Un jeune homme qui arrive de la ville. Il a fait partie des personnes isolées à l’hôtel. Les gens disent qu’après la mise en quinzaine, ce n’est plus dangereux. Il n’y a plus aucun risque avec elles.
  • Oui, c’est vrai. Mais il faut être vigilent avec ça. Chez nous il n’y a que 18 cas et en plus, une seule est grave. Les autres sont guéris.
  • C’est ce que disent nos autorités. Voila aussi pourquoi, on se déconfine. On est parmi les premiers pays à le faire au monde. Le jeune homme c’est Sam. Il était au collège ici. Il est parti pour commencer à travailler et après, il s’est habitué à sortir du territoire. Il a déjà fait beaucoup de pays. Mais là !
  • Et quel pays va-t-il visiter après le confinement ?
  • Ben ça, c’est une autre histoire ! Kola ceitune la baselaia hnengödrai

1- Kola ceitune la baselaia hnengödrai/Le royaume dans les cieux est comparé

Ceitune me atre hna trane ngöne hnënge qitr/A un cultivateur qui plante au milieu d’un champ de blé

A hna trane la wene ngöne la hnadro ka loi/Il a planté son grain dans de la bonne terre

Matre cia atrunejë fe la zizania/c’est alors que poussa aussi dru l’indigotier

Ch – The trokö eö a fej trokö eö a fej the trokö eö a fej/N’arrache donc pas

Trokö eö a feje la zizania wanga fejejë/N’arrache donc pas l’indigotier de peur d’arracher en même temps

Hetre ijine tro eö a menuëne (la hna traan) troa dreuthe trije la zizania/Il faut attendre la récolte. C’est seulement à cette occasion où tu pourras séparer ce que tu as planté du reste. Il faut brûler l’indigotier.

2- Kola ce cia la zizania me qitre/L’indigotier croît ensemble avec le blé

Nge kola ce elehmedre ngöne la hnadro kaloi/Et ensemble, ils poussent bien sur la bonne terre

Drei la atre ka tranejukö la zizania/Qui donc est celui qui a en même temps semé l’indigotier

Hnene la diabolo hna trane lai/C’est le diable qui a aussi œuvré.

3 – Nemene laka ceitune me zizania/A qui peut-on comparer l’indigotier

Atrene ekalesia a ëjene hi/A l’homme d’église en apparence

Satana a ketre thele ijine troa trane/Satan cherche aussi de son coté le bon moment pour semer

Ene la zizania nyipine la itre qitre/L’indigotier au bon milieu du champ de blé.

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