Nuelasin n°131 – 7 avril 2023

Bozusë, en dessous Pierre et Eliott texte que j’ai déjà publié en 2021. Ce sont deux enfants de mes deux neveux Pierre et Baly. Je pense à Eliott parce qu’il est cette année collégien à Hnaizinu Parisoar, et c’est lui le chef d’orchestre de leur doh. Lui et son grand-père directeur d’internat, assure à la basse. C’est pour le koveisen 2023 à Jokin. J’encourage la chorale de Parisoar.

Chez nous en Province Nord, l’EPKNC fête la Pâques à Noëlly et pour l’église libre, c’est à Témala Ouéllisse.

Bonne fête de Pâques à tous et bonne lecture à vous. Wws

Dans la petite voiture de Maselo

  • Bonjour Mauricette. Quelle joie ! Je ne vous ai plus vue depuis le dernier marché de Voh. Ça remonte.
  • Haha ! N’est-ce pas le froid qui vous fait perdre la notion du temps ?
  • 5°c. J’ai relevé au tableau de la voiture la semaine dernière, ça ne rigole pas. C’était vers Kodjahen.
  • Ça marque. Ce sont des creux. Un jour, vous allez voir, il va neiger. Il suffit que la température descende à zéro.
  • Faut surtout pas que votre recette suive la courbe de la froidure saisonnière !
  • Arrêtez Mr Maselo. La dernière vente au marché communal m’a seulement permis de liquider mes quelques marcottes de litchis que je n’avais pas pu vendre pendant la fête du litchi à Houaïlou.
  • Ha ! J’oubliais mais on s’était vu là-bas. Mais à Voh, vous avez fait carton plein. Avec les gens des îles qui revenaient d’une coutume… euh de mariage à Gomen. Je pense.
  • En effet. Ils ont tout raflé. Même les plants que je ne voulais pas vendre.
  • Pendant que les vendeuses s’occupent des fleurs, vous vendiez autres choses. Des arbres fruitiers.
  • Pur hasard. Plus de 150 mille de bénef. Mais c’était quand même exceptionnel. Je vous jure !
  • Y en a pour vous. Euh… Et c’est où que je vous descends ?

Pierre et Eliott

Pierre et Eliott sont mes petits neveux. Ils étaient assis sous ma véranda. Ils s’apprêtaient à partir à la chasse aux petits oiseaux pour tester leurs lance-pierres. Les deux petits garçons avaient vraiment idée de rentrer dans les brousses. Pierre, plus futé que son frère fixait attentivement une papaye mûre à côté de notre douche et dans laquelle des oiseaux avaient creusé un trou. « Allons-y Pierre… on y va. Le soleil va monter plus haut et il va faire chaud sur la route. » Lança Eliott très pressé. « Non, reprit Pierre l’air assuré, écoute. On va se cacher derrière la touffe d’herbe là-bas et quand les oiseaux vont venir manger la papaye, on va les ‘bibicher’. » Je suivais leurs échanges de derrière sans parler en buvant silencieusement mon café et surtout en gardant l’air très sérieux pour ne pas effrayer les deux passereaux. Ce jour-là j’ai appris un mot. Bibicher. Il est composé de bibiche, suivi du suffixe (ER) marque de l’infinitif. Je remuais alors ma tête de haut en bas pour bien faire rentrer ce jargon dans mon lexique.

Ils avaient inventé et moi j’ai validé, pensais-je. Je gardais mon silence. Avais-je le droit ?

Quelle chaleur !

Il fait une chaleur intenable dans la maison mais aussi à l’extérieur. Dans la voiture, le thermomètre du tableau de bord doit afficher les 37 ou 38 degrés. Oui, cela est déjà arrivé à Tiéta. En ce moment, je suis assis dans ma chaise (le genre chaise-fauteuil pliable qui m’a été donnée gracieusement par ma belle sœur, une maman Tidjine sœur de Élisa) sous le manguier à côté de l’endroit où nous faisons notre vaisselle. Derrière moi, à quelques mètres coule le creek qui descend de la montagne qui surplombe la tribu. Pas de bruit sauf les chants d’oiseaux par intermittence, le bruissement du vent sur le feuillage comme celui de l’arbre du voyageur, son glissement sur les fils du sapin qui émet un sifflement mais surtout les cliquetis des grillons comme si nous étions déjà en pleine nuit. Il n’est que plus de 13h30 à ma montre. Je reste immobile depuis un long moment. Un bon long moment et mon problème est en train de se résoudre parce que je sens que je vais avoir besoin d’une couverture. J’ai froid. Le vent qui remonte par le creek est très frais. Cela donne des envies de dormir. Ce n’est plus comme quand j’étais sous le préau où il fallait constamment bouger pour chasser les moustiques mais aussi se lever pour s’essuyer le visage à cause de la chaleur. Mon regard se perd loin là-bas sur l’autre pic. Le Watilou. Un sommet, bien avant d’arriver à Atéou.

À Drehu, dans la tribu de Hmelek, la famille vient d’enterrer une sœur. Monique. Le sang qui coule dans nos veines a la même origine. Hnadro. Chez les Taïn. Je suis triste. Mon Dieu !

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