Bozu, bozu. Exceptionnellement ce vendredi de rendez-vous, je publie Nuelasin aujourd’hui jeudi. Raison familiale et clanique obligent. Je vais sur Waiaguette puis Pagou pour accompagner notre fille du clan Hnaialu/Ifij qui a choisi de jeter l’ancre là-bas. Mais moi aussi, j’ai envie de faire tono là-haut. Sûrement que je vais retrouver mes claquettes vertes perdues à Zavililo. N’est-ce pas Directeur de l’académie des langues kanak ?
Suunë va faire gonfler l’effectif de femmes de Hunöj mariées en Calédonie. Je les ai comptées mais je me trompe à chaque tentative. Je vais me limiter seulement aux filles de la génération du dessus, c’est-à-dire de plus de la soixantaine. Mama Kipo à Poindimié (enterrée à Putchala Amoa) Dirié (Wanap Koumac) Palan (Ouatom La Foa dcd) Suun (Conception/St Louis) puis il y a la jeune génération. Beaucoup de femmes de Hunöj se sont mariées à Yaté mais j’ignore les tribus qui les ont accueillies. Et beaucoup de nos filles vivent avec des hommes d’ici (Calédonie.)
Constat: On remarque qu’il y a de plus en plus de mariages entre des jeunes de la Grande-Terre et de Lifou. Grande-Terre, il faut comprendre les ethnies autres que kanak. Je veux dire que nos jeunes ne font plus le distinguo entre les communautés du pays. Ils/elles sont attiré(es) par l’humain tout simplement. C’est ce qui est bien. A une des vacances dont je ne me souviens plus de l’année plus de la moitié des coutumes de mariage de Drehu allaient dans des familles de Calédonie. Dernièrement, une famille de Djou, Tiabet Poum a marié sa fille à Hnacaöm Drehu. La famille de Drehu voulait organiser le mariage à Nouméa (Kowe Kara). Mais à la demande du papa de la fille, les Lifou ont organisé le mariage chez eux. Cela a donné l’occasion aux Calédonie de visiter Drehu. Fini le temps des charges cérébrales, des tractations infructueuses et des espoirs perdus. Deux exemples, je vous livre. Un grand frère de Hunöj s’est grillé les méninges pour vivre son bonheur. Combien de temps a-t-il attendu pour que les institutions religieuses donnent l’autorisation de marier une fille d’obédience catho d’une tribu du district de Gaica ? C’était dans les années 70. Un autre, de mon côté maternel, le tonton n’a pas pu marier une dame de Drueulu de religion catholique avec qui il a eu un garçon parce que c’était tout simplement interdit.
Expliquer: Ouverture des barrières physiques et géographiques ? Non. À mon avis sincère, il serait plus probable de penser que les jeunes de la génération montante sont plus ouverts. Ils sont plus réceptifs et aptes à gérer la nouveauté… fini le temps d’aller à kolojë dans le hna ië föe à Hunöj, sur la route de Ise, pour laisser les esprits choisir sa femme. Tretre Qabue !
Pour l’heure critique, je vous livre l’albatros pour accompagner La petite voiture de Maselo. J’ouvrais de temps à autre mes séances d’intervention dans les lycées/collèges à Drehu lors du SILO 2022 avec cette poésie. Lorsque je demandais à la fin de qui est le passage, tous me déclinèrent un nom de poète, tous sauf Baudelaire. Je le publie à cause de la dernière strophe que j’aime particulièrement.
Juste au moment où j’allais partir au collège pour publier le journal, je reçois un coup de fil d’un grand frère des Mike. Une nièce de Kejëny vient de nous quitter pour le monde des aïeuls. Que lui soit dédié ce numéro et que son repos soit doux. Bonne lecture à vous.
Dans la petite voiture de Maselo
- Bonjour Mr Maselo. Tribu de Gatope.
- Ah ! Mme Esméralda. Ça par exemple ! C’est une grande joie pour moi de vous conduire. Je vous assure. Ça fait longtemps ; depuis que votre mari est parti.
- En effet. Je suis resté à Gatope quelques temps et après j’ai quitté la tribu.
- Et vous n’êtes jamais revenue depuis.
- Non, à vrai dire. Même les coutumes, je ne participais même pas. Le petit frère de mon mari était venu à la maison pour arracher toutes les fleurs que j’avais plantées. Il était parti après au champ pour déterrer toutes les ignames.
- Et c’était quand ?
- Oh, juste un mois après l’enterrement de mon mari.
- C’était donc vos ignames qu’il avait amenées à la maison commune. De très belles pièces. Après plus rien.
- Je n’ai pas parlé, Mr Maselo…
- Pff!! J’ai honte pour lui.
L’albatros
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boîtant, l’infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.
Charles Baudelaire












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