Le Peuple Kanak est le peuple autochtone de Nouvelle-Calédonie

Les populations mélanésiennes, comme les autres peuples autochtones dans le monde, ont une vision du cosmos, un rapport à l’espace, une organisation sociale et une pratique coutumière qui tend à une recherche permanente d’équilibre et d’harmonie.  C’est cette vision dialectique, vécue à chaque fois dans des conditions singulières de par le monde, que les peuples autochtones transmettent de génération en génération et qui leur donne des capacités infinies d’adaptation et de résilience dont témoigne la société Kanak en Nouvelle-Calédonie.

Les mélanésiens en tant que groupe civilisé constitué sont présents en Nouvelle Calédonie entre 3200 et 3300 ans, ce dont attestent les traces archéologiques présentes sur le territoire, en particulier les poteries Lapita fabriquées par les ancêtres austronésiens.

Les populations mélanésiennes sont disséminées sur l’ensemble du Pacifique Sud sur un vaste ensemble appelé l’Arc mélanésien comprenant la Nouvelle-Calédonie, les Etats de Fidji, du Vanuatu, des Îles Salomon et de la Papouasie Nouvelle-Guinée. Elles partagent des caractères culturels communs, en particulier s’agissant de la province des Iles de Nouvelle Calédonie et des Iles toutes proches de la Province de Tafea au sud du Vanuatu. 

Le peuplement de la Grande Terre et des Iles s’est fait naturellement au cours de ces trois derniers millénaires. La mémoire de cette histoire et les conditions particulières de l’apparition de l’Ancêtre ont été transmises, de manière continue et pour chaque clan, à travers les récits, contes et légendes. L’histoire contée par les grands groupes de populations mélanésiennes présente une nature et une identité communes.

Au cours de cette histoire et sur le territoire de Nouvelle-Calédonie, les clans Kanak se sont répartis du centre au nord et vers le sud ainsi que vers les Iles.

Tout comme dans la plupart des régions de l’Océanie, l’histoire première des clans Kanak et de leur déplacement dans l’espace a été totalement bouleversée par la colonisation et par l’arrivée de la religion au milieu du XIXe siècle.  La prise de possession de la Nouvelle-Calédonie par la France proclamée à Balade le 24 septembre 1853 sera pour le Peuple Kanak une nouvelle étape de son destin.

La colonisation va ériger les nouvelles frontières de cette colonie française des antipodes dont la population sera désormais juridiquement et artificiellement séparée du reste du monde mélanésien.

La colonisation a frappé la totalité des chefferies du pays Kanak. Dans pratiquement toutes les régions de la Grande Terre, la violence de la colonisation a engendré la disparition de clans et de chefferies, le déplacement de tout ou partie de populations de tribus et de régions entières. Les traumatismes de ces violences ont marqué durablement les structures coutumières et les Hommes qui les habitent.

Dans les Iles Loyautés, l’histoire des clans et chefferies a été marquée plus particulièrement par l’implantation des religions à la fois catholique et protestante. Cette histoire n’a pas fondamentalement remis en cause, l’organisation sociale établie mais de nouveaux rapports de forces entre chefferies ou internes aux chefferies apparurent à la faveur de l’adhésion à l’une ou l’autre des deux églises protestante ou catholique.

La création des réserves lors de l’indigénat a été un instrument de ségrégation et de contrôle des Kanak tout en favorisant l’accaparement des terres pour la colonisation. Au même moment, la création des missions chrétiennes a permis de contourner la répression coloniale et a favorisé   la reconstruction des tribus et le rétablissement d’un ordre  coutumier nouveau.

Pour résister à l’entreprise coloniale de spoliation et d’anéantissement, les atouts du peuple Kanak auront été, d’une part, l’autonomie des chefferies entre elles, ce qui leur a permis d’éviter une guerre coloniale frontale et, d’autre part, la capacité de la Civilisation Kanak à s’adapter en s’appuyant sur des  valeurs sociétales sûres. Ces valeurs qui fondent encore aujourd’hui l’organisation sociale Kanak, sont l’hospitalité, la générosité, le respect à tous les niveaux, la dignité, le travail, encadrées par la force des relations et de l’organisation sociale de la chefferie. Elles ont porté une dynamique interne forte, laquelle a permis de s’adapter et d’intégrer les nouveaux arrivants.

Par ailleurs, les valeurs chrétiennes et la croyance en un Dieu tout puissant ont transformé la conscience des hommes et des femmes Kanak sans remettre en cause fondamentalement leur vision spirituelle de l’être et de la nature, la référence à l’esprit de l’Ancêtre ainsi que  les fondements de la Coutume.

La spiritualité Kanak et la spiritualité chrétienne ont pour fondement la même croyance en un Etre – Esprit divin. Pour le Kanak, croire en Dieu se situe dans le prolongement de la croyance à l’Esprit des ancêtres. Ainsi a été accompli l’enracinement dès l’origine de la chrétienté dans le monde Kanak.

Durant les années sombres de son histoire et jusqu’à ce jour, le Peuple Kanak n’abdiquera donc jamais, ni sa mémoire, ni son lien à la terre, ni son identité culturelle et sociale et conservera une volonté indéfectible de maintenir et restaurer sa souveraineté.

Suite à l’adoption le 5 mai 1946 de la loi abrogeant le Régime de l’indigénat et octroyant la citoyenneté aux indigènes des TOM dont les Kanak, le 13 avril 1949, le premier Conseil de notables et ensuite l’Union Calédonienne seront créés par l’Union des Indigènes Calédoniens, Amis de la Liberté dans l’Ordre (UICALO) et l’Association des Indigènes Calédoniens et Loyaltiens (l’AICLF) respectivement d’obédience protestante et catholique.

Le 23 juin 1956 une loi-cadre ouvre la voie de l’autonomie avec la création de l’assemblée territoriale. Mais devant la poussée des Kanak majoritaires, la France supprimera ce régime d’autonomie, ce qui donnera naissance au mouvement nationaliste Kanak en faveur de l’indépendance et marquera le début de la radicalisation des deux courants politiques loyaliste et indépendantiste.

En 1975, le Peuple Kanak va affirmer son identité en tant que peuple issu de cette terre de Mélanésie à l’occasion du Festival des Arts Mélanésien, « Mélanésia 2000 », et s’inscrire dans une dynamique d’émancipation politique.

La période de 1984 à 1988 connue comme celle des « évènements » sera marquée par la mobilisation nationaliste Kanak qui aboutira à la signature de l’Accord de Matignon par le FLNKS, le RPCR et l’État Français.  En 1998, l’Accord de Nouméa, signé par les mêmes partenaires, lui succèdera.

L’Accord de Nouméa souligne que : « … La colonisation de la Nouvelle-Calédonie s’est inscrite dans un vaste mouvement historique où les pays d’Europe ont imposé leur domination au reste du monde… ».

Le préambule de l’Accord de Nouméa  rappelle le caractère unilatéral de la prise de possession de la Nouvelle-Calédonie et la présence sur son sol d’un peuple autochtone souverain.

Dans la logique de ce contexte et en accord avec le Droit international l’Accord de Nouméa a proclamé que :« …  La décolonisation est le moyen de refonder un lien social durable entre les communautés qui vivent aujourd’hui en Nouvelle-Calédonie, en permettant au peuple kanak d’établir avec la France des relations nouvelles correspondant aux réalités de notre temps …Le passé a été le temps de la colonisation. Le présent est le temps du partage, par le rééquilibrage. L’avenir doit être le temps de l’identité, dans un destin commun… ».

Source : Charte du peuple Kanak – Sénat Coutumier de la Nouvelle-Calédonie.

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