Do Kamo, premier lycée kanak

L’accès à l’enseignement secondaire dans les années 70 à 80 n’était pas facile dans les lycées publics existants. Il était d’autant plus difficile pour les enfants issus des couches sociales défavorisées (Parents ayant peu de revenus et habitant en tribu, parents ignorant les démarches à accomplir pour les inscriptions, etc…). La création du lycée Do Kamo avait pour ambition de favoriser l’accès au lycée de la grande majorité des enfants issus de ces couches sociales.

« Dans les années 1970, le Pacifique subit une phase de décolonisation après l’Asie et l’Afrique, avec Fidji, les îles Salomon, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, etc., des jeunes reviennent de Métropole après leurs études et commencent à parler d’indépendance. Il y a une bipolarisation politique, et le front indépendantiste se crée. »

Issu de la réflexion théologique de l’église Evangélique en Nouvelle-Calédonie et aux Iles Loyautés des années 75-80, le lycée Do Kamo est créé pour faire face aux constats de la marginalisation des Kanak des rouages économiques, des lieux décisionnels, et des responsabilités de la société calédonienne. 

Sa création fut un acte posé par le refus de cette marginalité, un appel aux étudiants, à l’équipe éducative, aux parents, à l’Alliance Scolaire et à l’église Evangélique afin de relever le défi de tourner le dos à cette marginalisation par la voie de la formation. La formation des femmes et des hommes capables de participer à la vie sociale, culturelle politique, économique, artistique et religieuse du pays et capables d’accéder à des responsabilités importantes dans le pays pour le bénéfice de tous.

De Qenehmelöm à Do Neva

Dans le système éducatif traditionnel kanak, le qenehmelöm (la case de l’éducation en drehu) était un lieu réservé aux jeunes hommes, généralement éloigné de la maison familiale, dans lequel on enseignait les valeurs de la vie.

Sont venues ensuite les premières écoles tenues par des missionnaires, à Havila (Luecila), Hnaizianu (Xepenehe), Hnamelaangatr (Hunöj) au début du XXème siècle. Les missionnaires ont peu à peu été remplacés par des moniteurs indigènes, et dès 1950 le Grand chef Boula incita les jeunes garçons à se former et à travailler sur la Grande terre, et à envisager le mariage non arrangé.

Cette révolution entraîna un afflux de jeunes Loyaltiens venus à Nouméa pour travailler, et à Do Neva (Houaïlou) pour passer le Certificat d’études primaire, et par la suite pour étudier au collège. 

Dö Kâmö

Le nom Dö Kâmö signifie « vrai homme » en langue a’jië de Houaïlou, point de rencontre entre Do neva, « Vrai pays », et Nyipi atr, « Vrai homme » en drehu.

Les jeunes femmes et les jeunes hommes issus de Dö Kâmö doivent devenir à leur tour des modèles, et assumer toutes leurs responsabilités professionnelles, citoyennes, familiales, et coutumières.

Création du Lycée

Le 30 mai 1980, le lycée est officiellement inauguré et prend le nom de Dö Kâmö. Il accueillera 54 élèves répartis dans deux classes de seconde avec 4 enseignants.

La première décennie fut marquée par un engagement fort pour la cause de l’enseignement des jeunes kanak de la part de toute la communauté éducative (élèves, parents, personnel), avec une violence parfois subie comme lors de l’attentat à la bombe en mai 85, ou l’attaque par une milice loyaliste en mars 86.

Aujourd’hui, Do Kamo accueille plus de 500 élèves originaires de l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie.

Source : http://www.dokamo.nc/

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