Un dimanche de silence
Ce dimanche 14 septembre 2025, je voulais rester à la maison. Pas de culte aujourd’hui, juste le bonheur simple d’être entouré de mes petits-enfants et de leurs mamans. Mais à la dernière minute, les plans ont changé. Lauriane allait prendre la route vers Koné avec Coco et ses enfants. Wawa, elle, les attendait pour partir avec eux à Nouméa. Et moi, je reste là. Seul.
C’est étrange, cette montée d’adrénaline au réveil, parce que la journée promettait quelque chose de grand. Et puis, tout s’est effondré. Brusquement. Le départ de la famille a fait tomber la tension, pas d’un cran, mais de plusieurs. Le silence a envahi la maison. Les chants d’oiseaux ont pris toute la place. Le vent glisse dans les rideaux avec insistance. Ils grincent comme s’ils voulaient me parler.
Et voilà que le passé revient, sans prévenir. Mais ce ne sont pas les souvenirs joyeux qui viennent en premier. Ce sont les images lourdes, celles qui serrent le cœur. Ma mère, debout au bord de la route, nous regardant partir pour Havila. Ma grande sœur, cachée dans les brousses, refusant de nous voir monter dans la camionnette du vieux Qaengë — un geste que je ne comprendrai que bien plus tard. Les départs pour les études, les cris à la Tontouta… Tout cela revient, comme une déferlante.
Il faut plonger plus loin dans la mémoire pour retrouver les instants heureux. Ils sont là, nombreux, mais le deuil prend toujours le dessus. Lolo, ma nièce, m’a donné un billet. Un geste simple, mais chargé de sens. Chez nous, c’est une manière de chercher la bénédiction chez les oncles utérins. Lolo, c’est la fille de ma grande sœur, celle qui nous a quittés il y a un an déjà, à cette même période.
Et puis il y a Patitou, le fils d’une de mes filles, qui grandit. Sa maman est venue jeudi me montrer sa toute nouvelle voiture, fière. Yevan, mon autre petit-fils, a plus de deux ans maintenant. Il était né prématuré, mais il va bien. Il sourit tout le temps. Il sent bon le parfum de sa mère.
Tout ce petit monde vient de s’envoler, me laissant dans une maison pleine de souvenirs et de vent. Mais vide. Calme. Je suis triste. Mais je suis vivant. Et dans ce silence, il y a aussi de la beauté. Moi en l’occurrence. Et je m’aime. Ehahaéé ! Wws
J’ai appris avec émotion, par la voix de Maxha (Association Présence Kanak), le départ de Joseph Molkis. L’article, signé par Hélène — sans doute sa fille — m’a profondément touché. J’ai tenté de réagir en commentaire, mais ne sachant comment valider, ma pensée est restée en suspens. Elle m’est revenue avec force, et je tiens à la faire passer ici, par mon petit journal Nuelasin, comme un geste de respect et de mémoire.
Joseph Molkis, je l’ai connu. Il était proviseur adjoint à l’INTV de Port-Vila, à l’époque où nous sortions nos élèves là-bas, pendant plus d’une bonne dizaine d’années. C’était un homme de rigueur et de bienveillance, engagé dans la formation des jeunes et le rayonnement de l’institution. Par la suite, il a poursuivi son chemin sur les autres grandes îles du pays, toujours au service de l’éducation et de la communauté.
Il y a quelques instants, j’ai appelé Garnier à Port-Vila pour confirmer cette triste nouvelle. Elle est vraie. Et elle me bouleverse.
À Hélène, à sa famille, à son clan, au pays frère, je veux dire ma peine et ma solidarité. Que vous sachiez que je suis de tout cœur avec vous dans cette traversée. Que la mémoire de Joseph Molkis demeure vive, dans les récits, les gestes, et les engagements qu’il a semés.
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Dans la petite voiture de Maselo
Dans le taxi, M. Maselo au volant, deux adolescentes à l’arrière échangent sur l’accord de Bougival. Elles repartent chez eux à Taom. Elles reviennent du collège de Tiéta.
Léna : T’as entendu ce que mon père a dit hier soir ? “L’accord de Bougival, c’est historique !” Il avait l’air grave, genre discours de président.
Maïna : Haï, pareil à la maison. Maman a dit que ça allait “changer la donne pour le pays”. Mais moi, je croyais que Bougival c’était une marque de fromage.
Léna (riant) : Non mais sérieux, c’est où Bougival ? C’est pas en France ?
Maïna : Je crois. Oncle Tein a dit que c’est là-bas qu’ils ont signé un truc entre les indépendantistes et l’État. Mais j’ai rien compris. Mais je crois que lui non plus n’avait rien compris. Y avait des mots comme “souveraineté partagée” et “statut transitoire”. On dirait un contrôle d’histoire/géo. Chépa toi !
Léna : Chez moi, mon frère Marco a dit que c’est juste pour calmer les gens avant les élections. Et Papa l’a regardé comme s’il avait dit un gros mot.
Maïna : Et Luidji comme d’hab, lui, il a dit que ça veut dire qu’on va devenir un pays à moitié indépendant. Genre, on aura un drapeau mais pas les impôts.
Léna : Trop bizarre. Et mon oncle a crié que “Paris nous manipule encore”. Mais ma tante Tchuké a dit que c’est “une avancée vers la paix”.
Maïna : Franchement, j’ai juste retenu que tout le monde s’engueulait. Et que la télé était bloquée sur le journal pendant deux heures.
Léna : Et toi, t’en penses quoi ?
Maïna : Moi ? Je pense que j’ai besoin d’un résumé niveau à nous. Et d’un bon goûter.
M. Maselo (en souriant dans le rétro) : Vous avez tout compris, les filles. Quand les grands s’embrouillent, c’est souvent que personne n’a vraiment rien compris.
Atylem Lors d’une traversée mouvementée dans les îles Loyauté, une expédition composée de délégués d’Église, qui se rendait à Toka node pour un Yunian et venant de Drehu, fut soudainement prise dans une tempête. Dans la tourmente, les dévots se tournèrent vers la prière, implorant le ciel. Apparut alors à l’horizon Tiga. Les éléments déchaînés se calmèrent. Le voyage de l’apôtre Paul et de ses compagnons qui se rendaient dans l’île de Malte (Actes 28.) leur vint en pleine mémoire. Alors en souvenir de cette traversée agitée, ils donnèrent à Toka Node le surnom de « Malte ». Ainsi, par un glissement linguistique, Tixa prit le surnom de Melita. Atilem en verlan












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