Nuelasin n°212 – 1er août 2025

Bozusë,

Les rats

Chez moi les rats ont fait du faux plafond leur royaume. Ils arrivent par le jeune sapin et l’alignement de palmiers voyageurs qui bordent l’endroit, comme des sentinelles complices. Heureusement, à la maison, les chats sont nombreux — six petits félins soldats qui rôdent à l’affût. Parfois, l’un d’eux revient triomphant, un rat entre les griffes ou dans ses crocs. Mais malgré leur vaillance, impossible d’éradiquer toute la colonie.

Jour et nuit, j’entends les petits cris aigus, les chamailleries et les bousculades derrière le plafond. Les chats le savent. Ils s’approchent, lèvent la tête, tendent l’oreille… et repartent, impuissants. Les rats se cachent trop bien.

La nuit, les chats montent sur le toit. Leurs pas résonnent sur la tôle, comme une patrouille silencieuse. Parfois, on les voit sauter depuis la toiture avec une agilité féline — surpris, on comprend alors qu’ils montaient la garde au-dessus de nos têtes.

Et les rats ? Ils continuent leur ballet. Il m’arrive d’en voir un courir de branche en branche, du manguier au sapin, en passant par les palmes souples des palmiers voyageurs. Dans notre douche, près du creek, il y avait un temps où le savon était systématiquement rongé. Dès notre arrivée, ils avaient flairé leur festin. Mais aujourd’hui, cela arrive beaucoup moins. Peut-être grâce à la présence accrue de nos vaillants compagnons félins.

            J’ai écrit une nouvelle sur le manger du rat quand j’étais enfant chez mes oncles maternels à Hnadro. On posait des pièges et on allait ramasser nos prises le matin tôt. Ma grand-mère faisait après le petit bougna de rats qu’on mangeait à 9h00. Je suis allé sur Internet pour visionner des films sur comment cuisiner le rat dans le monde… je ne vous en dis pas plus. Allez-y vous-même faire un tour. Cadeau. Et pour accompagner M. Maselo, des proverbes d’un pays lointain qui nous a été rapproché par le Net. Méditons.

Bonne lecture à vous. Wws

Dans la petite voiture de Maselo

(A Gatope, une brise légère souffle sous le filao où Ilana et Noémi sont assises, observant les préparatifs du mariage coutumier en contrebas.) Elles sortent de la petite voiture de Maselo.

Ilana : Tu vois tout ça, Noémi ? Les chants, les discours… C’est beau, oui, mais derrière tout ça, il y a une décision prise pour quelqu’un sans qu’il ait son mot à dire.

Noémi : Tu exagères. Le mariage coutumier, c’est avant tout une union entre deux familles, une manière de préserver l’harmonie et les liens qui nous unissent. Ce n’est pas une contrainte, c’est une tradition.

Ilana : Une tradition qui force des gens à vivre avec quelqu’un qu’ils n’ont pas choisi… Comment peux-tu être d’accord avec ça ?

Noémi : Parce que je sais qu’un mariage, ce n’est pas seulement une affaire de sentiments, Ilana. C’est un équilibre entre les familles, un soutien mutuel. Ce modèle a fonctionné pendant des générations.

Ilana (haussant les sourcils) : Et si l’un des deux ne veut pas ? S’il n’aime pas la personne qu’on lui impose ?

Noémi (calmement) : On n’impose rien. Les familles discutent, il y a un accord, une compréhension. Souvent, les jeunes finissent par s’aimer, par se respecter. C’est une autre façon de concevoir l’amour.

Ilana (soupirant) : Une façon qui oublie que chacun devrait pouvoir choisir son destin…

Noémi (avec un sourire) : Et si le destin, justement, c’était de suivre ce chemin tracé pour nous ?

Ilana (secouant la tête) : Non. Moi, je veux aimer par choix, pas par arrangement.

Noémi (doucement) : Tu veux aimer librement, je comprends. Mais parfois, ce qu’on croit être liberté est juste une autre forme d’influence…

Ilana (fronçant les sourcils) : Ce n’est pas pareil ! La liberté, c’est décider par soi-même.

Noémi : Et le respect de la coutume, c’est aussi une forme de décision, celle de faire confiance à un héritage qui a fait ses preuves.

Ilana (prenant une inspiration) : Peut-être… mais je ne pourrais jamais accepter qu’on décide de mon avenir à ma place.

Noémi (la regardant avec tendresse) : Alors tu es une femme du changement, Ilana. Et c’est aussi beau que de perpétuer une tradition.

(Le pilou résonne plus fort en contrebas. Les deux femmes échangent un regard complice, chacune portant en elle un monde différent, mais lié à l’autre par le respect.)

Proverbes tibétains

La bonté parle dans un murmure, mais le mal crie.

Quiconque peut faire du mal, peut aussi faire du bien.

Le monarque dont le front est ceint du bandeau royal, peut donner un royaume.

Un homme couard bardé d’armes sera le premier à se livrer à l’ennemi.

Si tu arrives au sommet de la montagne, continue de grimper.

On ne saurait choisir un ami à la façon dont un chien se précipite sur un morceau de viande.

Celui qui, lorsque le Bouddha protecteur des hommes est là, rend hommage à un autre maître, est pareil à celui qui, sur le bord d’un fleuve aux eaux pures, creuse un puits rempli d’eau saumâtre.

Un prince doit percevoir les impôts d’une manière convenable et sans opprimer ses sujets ; l’arbre appelé Sala, s’il en découle trop de sève, se dessèche.

L’instruction est le plus bel ornement.

Avec une volonté de fer, une souris peut renverser un éléphant.

Qui par son erreur a chuté, doit apprendre seul à se relever.

Il n’y a pas de honte à poser des questions, sauf pour ceux qui ont honte de vouloir progresser.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Créez un site ou un blog sur WordPress.com

Retour en haut ↑

En savoir plus sur Association Présence Kanak - Maxha

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture