Bozusë,
Plus de deux semaines se sont passées sans Nuelasin à cause des jours chômés du 1er mai, fête du travail oblige et le 08 mai pour marquer la fin de la guerre 14/18 et la capitulation de l’Allemagne nazie. Nuelasin rend un hommage d’abord aux syndicalistes de Chicago qui se sont levés pour réclamer des droits. Je rends hommage aussi aux combattants de la guerre de 14/18 qui ont combattu le nazisme. Une petite pensée ensuite aux femmes à travers la personne de Grazia Deledda, une dame qui a fait preuve de résilience pour vivre et faire vivre sa passion : écrire. Chapeau bas.
Chez nous, nous avons mangé l’igname nouvelle le 1er mai, communion intime avec nos aïeuls et le monde invisible. Le plus gros tubercule dans la vallée vient de mon champ mais je n’ai pas voulu déterrer par peur de voir la montagne s’écrouler et la rivière la Tiéta disparaitre sous terre. Je laisse donc l’igname pourrir sur place pour fertiliser le sol pour les prochaines plantations.
Le texte qui accompagne Nuelasin est un partage que j’ai eu à vivre avec M. Sylvain (lecteur de Nuelasin), un papa de la tribu pendant le manger igname. On était à la maison commune de la tribu en train d’attendre le four de cochon de Pasteur et des jeunes de la tribu. Bonne lecture à vous de la vallée. Wws
Dans la petite voiture de Maselo
M. Maselo et M. Louis
(La scène se déroule sur le pont de Témala sur la route pour aller à Ouengo, entouré de montagnes et de végétation luxuriante. Les deux taximen, M. Maselo et M. Louis, se retrouvent face à face près de leurs véhicules.)
M. Maselo : Louis, tu ne peux pas être sérieux avec tes idées indépendantistes. Tu sais bien que ça ne fera qu’aggraver la crise actuelle.
M. Louis : Maselo, tu ne comprends pas. L’indépendance est notre droit. Nous devons prendre notre destin en main, pas attendre que les autres décident pour nous.
M. Maselo : Et tu penses vraiment que ça va résoudre nos problèmes ? Regarde autour de toi, la situation est déjà assez difficile comme ça. On a besoin de stabilité, pas de plus de chaos.
M. Louis : La stabilité ? Quelle stabilité ? Être sous le joug d’un gouvernement qui ne nous comprend pas ? Qui ne respecte pas nos coutumes et nos traditions ? Non, merci.
M. Maselo : Je ne dis pas que tout est parfait, loin de là. Mais l’indépendance, c’est un saut dans l’inconnu. Et si ça tourne mal ? On ne peut pas se permettre de prendre ce risque.
M. Louis : C’est facile de dire ça quand on ne ressent pas le poids de l’oppression tous les jours. Tu as peut-être oublié ce que c’est, mais moi, je le vis encore.
M. Maselo : Je n’ai rien oublié, Louis. Mais je pense à nos enfants, à leur avenir. On doit leur offrir quelque chose de solide, pas des rêves incertains.
M. Louis : Nos enfants méritent de grandir libres, dans un pays qui leur appartient. Pas dans un endroit où ils sont toujours considérés comme des citoyens de seconde zone.
M. Maselo : Et tu crois vraiment que l’indépendance va changer ça du jour au lendemain ? C’est un long chemin, et il est semé d’embûches. On doit être réalistes.
M. Louis : Peut-être, mais on doit aussi être courageux. Rien ne change sans un peu de courage. Regarde notre histoire, nos ancêtres ont toujours lutté pour leur liberté.
M. Maselo : Je respecte ton point de vue, Louis. Mais je pense qu’on doit trouver un moyen de travailler ensemble, de construire quelque chose de meilleur sans tout détruire.
M. Louis : Peut-être que tu as raison, Maselo. Mais je ne peux pas abandonner ce en quoi je crois. On doit continuer à se battre, chacun à notre manière.
M. Maselo : D’accord, Louis. On ne sera peut-être jamais d’accord sur tout, mais au moins, on peut essayer de se comprendre. C’est déjà un début.
(Les deux hommes se regardent en silence, chacun réfléchissant aux paroles de l’autre, tandis que le paysage paisible de Témala continuant de rayonner et le soleil continuant de briller éclairant la route qui mène vers la profonde vallée de Ouengo et de Wahate.)
M. D’Issy
Les années avaient passé depuis que M. D’Issy, originaire de Yeoush, avait fait venir ses enfants pour les scolariser au collège de Tiéta. Sa famille s’était intégrée dans la tribu de la vallée, une région riche où la terre était fertile et où la nourriture abondait.
Peu à peu, ses enfants adoptèrent les habitudes des young tribal-men. Ils passaient leurs mercredis après-midi et leurs week-ends à chasser, à pêcher ou à monter à cheval, négligeant leurs études. Comme les autres adolescents de la tribu, ils devenaient laxistes, croyant que la vie serait toujours aussi facile.
Mais M. D’Issy, lui, connaissait bien la dure réalité de son île, où chaque jour était un combat. Un soir, excédé, il rassembla ses enfants. « Vous oubliez d’où vous venez ! » tonna-t-il. « Ici, tout vous semble facile, mais là-bas, à Yeoush, on travaille dur pour vivre. Vous croyez que la chasse et la pêche vous mèneront loin ? »
Sous le choc, les enfants baissèrent la tête. M. D’Issy, déterminé, brûla leurs lance-pierres et les fit tous mettre à genoux. Il leur répéta, encore et encore, que sans le travail, ils ne seraient rien. « L’école, c’est votre seule chance ! »
Les semaines suivantes furent strictes : plus de distractions, seulement les livres et les devoirs. Et peu à peu, le changement se fit sentir. Les enfants se mirent à étudier avec sérieux, réalisant la chance qu’ils avaient.
Des années plus tard, les efforts de M. D’Issy portèrent leurs fruits : l’un de ses fils devint docteur en mathématiques, l’autre en philosophie. La leçon était claire : le travail paie toujours, même quand la vie semble douce. Trop douce.












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