Nuelasin 180 – 12 juillet 2024

Bozusë, nous sommes jeudi 11 juillet, il pleut et une fois encore les enfants sont pris en otage. Vous avez compris que nous n’avons pas cours. J’ai été averti hier (mercredi) dans la soirée par une éducatrice de service de la situation que nous allions vivre dans la journée. J’ai alors appelé quelques collègues et surtout le transporteur de ne pas ramasser nos élèves dans sa tournée. Et tôt, ce matin je me suis rendu à la guérite du collège pour faire retourner les élèves de la tribu qui n’avaient pas été prévenus. Dans la journée, nous nous sommes retrouvés uniquement avec les internes. Il fallait les occuper. L’APE a alors organisé une matinée de cricket où tout le monde s’était retrouvé sur le terrain de foot de la tribu (comme d’habitude.) L’après-midi était plutôt relax, on va dire puisqu’il a fait gris partout. Les élèves ne sortent pas. Ils ont commencé à dormir mais en ce moment-même, je les entends. Ils chahutent. Les enfants, c’est comme cela. Il faut les supporter. Mais c’est aussi à eux de nous supporter. 

            En décollant mon cou de la tête pour élargir mon regard par la fenêtre, je me rends compte que la vue est obstruée par la grisaille. La montagne du côté de Atéou a totalement disparu. Je ne sais pas ce que le temps nous réserve pour demain. Dans la petite réunion de débriefing avec le personnel éducatif sous le préau, je leur disais qu’un jour sous la gouvernance de M. Pierre, lors d’une inondation où le collège de Tiéta fut isolé du reste du monde, un hélicoptère a atterri en plein milieu de la cour pour livrer à manger aux élèves de l’internat. On n’en est pas là et on espère que cette expérience-là ne se renouvellera pas. 

            Ma pensée va aussi à nos élèves qui n’ont pas encore repris le chemin des écoles depuis le début des évènements. J’ai en tête des enfants de mes collègues mais aussi la mienne. Je ne la lâcherai pas tant que les conditions d’accueil ne sont pas revenues à Paita. Je fais un clin d’œil aux lycées Jules Garnier, Do-Kamo et autres qui accueillent les lycéens du pays des établissements scolaires qui ont brulé. Je les salue pour leur accueil. Respect. Ainsi va le Monde. Ainsi va la vie. Une vie parsemée d’embuches qui sont autant de défis à relever. Bon courage à vous nos étudiants. 

Pour accompagner le vieux Maselo, je vous livre mon souvenir de jeunesse (c’est pas vous ça ?) quand j’étais en terminale. Bonne lecture à vous par-delà les horizons…

Wws

« Monsieur qu’est-ce que je fais des devoirs des élèves qui ne sont pas à la maison et qui sont en ce moment sur les barrages. » C’était la question de M. Eddie, un élu de la mairie de Voh qui était venu dans la salle des profs du collège pour récupérer les devoirs de la continuité pédagogique. Je le repris au tac au tac : « Vous leur donnerez sur les barrages, là où ils sont en ce moment. » Et dans ma tête vinrent mes souvenirs de la terminale B. 

Souvenirs de la terminale B

À l’époque de la terminale, je vivais à la municipalité dans des bâtiments insalubres, un studio d’une seule chambre réservé aux célibataires. Mon frère travaillait dans les ateliers municipaux, et nous, ses frères et sœurs, logions chez lui le week-end. C’était là que je passais mes fins de semaine après le lycée.

Le samedi, je savais où aller pour rédiger mes devoirs de philo et de maths, à remettre le lundi. Je me rendais dans les hangars abandonnés par les Américains après la Seconde Guerre mondiale, où se trouvaient des camions et d’autres équipements de cette époque. C’était entre la Municipalité et la vallée du tir. Je coupais des branches de mimosa que je mettais sur le grillage des sièges des camions abandonnés. Je récupérais une planche que je posais soigneusement sur le volant, et c’est là que je faisais mes devoirs pour la semaine suivante. Mon cousin Kokone, qui était aussi dans un autre lycée, m’accompagnait souvent. Il passait son temps à écrire son prénom et nos souvenirs de jeunesse sur les diverses pièces abandonnées qui trainaient çà et là.

Un jour arriva la vieille Sie-qatr, de Hmelek, revenant de son champ un peu plus haut dans la montagne. Elle me trouva dans une des carcasses de camions. Elle s’arrêta net devant moi et je sursautai quand sa voix résonna dans la demi-lune : « Qu’est-ce que tu fais là, mon fils ?« . Elle voyait bien que j’écrivais un devoir parce que mon cartable était posé à côté de l’épave. Elle me dit d’attendre parce qu’elle allait à la maison et qu’elle reviendrait pour me remettre la clé de sa cabane. Une maison abandonnée. Je l’attendis, le cœur battant, espérant que Kokone serait encore là. La vieille me remit la clé en me disant qu’elle allait, la semaine suivante, nettoyer la maison et qu’elle interdirait à son fils et à ses copains d’y entrer, car c’était désormais réservé pour moi le week-end, quand j’y viendrais pour faire mes devoirs. J’avais enfin un endroit pour travailler, car chez nous c’était tout le temps la fête. Les garçons et les filles de chez nous et de la famille arrivaient toujours. Il y avait toujours du monde bien sûr, mais pas d’endroit pour travailler les devoirs donnés au lycée.

À mes élèves, quand on a ouvert le collège cette semaine, j’ai dit : « Je n’ai rien contre vous. Vous êtes sur les barrages et vos parents vous disent que vous faites la lutte. Personnellement, je vous dis que la lutte est sur les barrages pour ne pas contredire vos parents, mais la lutte c’est aussi sur les bancs de l’école. Je vous conseille de venir travailler à l’école. Et si, la prochaine fois, vous allez sur les barrages et que l’élu de la commune venait à vous remettre des devoirs, trouvez un moment et un coin tranquille pour vous allonger et faire les devoirs. Lisez. Vous avez toujours un moment. »

Dans la petite voiture de Maselo

–       Tiens! Mme Marie. Vous ici. 

–       Oui, M. Maselo. J’arrive de Koné pour le marché de la commune.

–       Vous avez raison de venir. Les étals par ici sont plutôt bien fournis. 

–       Une dame qui vend des fleurs au marché de l’air de repos de Bopope m’a suggéré l’idée de venir.

–       Elle a plutôt raison. Je vous assure.

–       Oui, j’ai entendu dire que l’on trouve un peu de tout. Par ailleurs, j’ai besoin de quelques légumes frais et de poissons s’il y en a.

–       Ah, je vois. Et bien, vous ne serez pas déçue. Si vous avez besoin d’un coup de main pour faire votre choix, n’hésitez pas à me demander. Voyez Mme Marie, la dame que vous rencontrez par l’entrée en venant du parking, elle vend du poisson. Du frais mais aussi des huîtres. Son fils a une petite entreprise de pêcherie. C’était un ancien boulanger. De formation, je suppose mais après il a atterri à Vavouto. Avant la fermeture de l’usine, il a lancé son petit business.

–       M. Maselo, la dame qui est là, vend ses produits sous le manguier au carrefour en sortant de Tiéta. Des fois, je la trouve à Koné après le pont en allant à Foué.

–       Oui, Mme Marie, c’est bien elle. ici, elle vend ses huîtres à 1000francs la poche. Ailleurs, c’est 1300. 

–       M. Maselo. Je vais me contenter des fleurs et après vous me ramenez chez ma sœur Utë à Témala. Je passe la journée avec elle. Sa fille me ramènera à Bopope après le culte de dimanche.

–       C’est vous qui voyez. Je vous attends dans la voiture… mais je vais d’abord prendre un petit café chez la vieille Malia. 

Une souris

Une souris, qui regarde à travers un trou dans le mur, voit le fermier et sa femme ouvrir un colis. Il était terrifié de voir que c’était un piège à souris. Il a couru vers le patio pour avertir tout le monde.

-« Il y a un piège à souris à la maison ! « .

Le poulet qui ricanait et creusait dit : « Excusez-moi, monsieur la souris, je comprends que c’est un gros problème pour vous, mais ça ne me fait pas du tout. « 

Alors, le rongeur est allé à l’agneau et il dit la même chose : « Excusez-moi monsieur la souris, mais je ne pense pas pouvoir faire plus que vous demander dans mes prières. « 

La souris est allée à la vache et elle a dit : « Mais suis-je en danger ? Je ne pense pas !  » dit la vache.

La souris est revenue à la maison, inquiète et abattue face au piège à souris du fermier.

Cette nuit-là, un grand bruit a été entendu comme celui du piège à souris attrapant sa victime, la femme a couru pour voir ce qu’elle avait attrapé.

Dans le noir elle n’a pas vu que le piège à souris a attrapé la queue d’un serpent venimeux. Le serpent rapidement a mordu la femme, le fermier l’a immédiatement emmené à l’hôpital, elle est revenue avec une forte fièvre.

L’agriculteur pour la réconforter a préparé une soupe nutritive, a attrapé le couteau et est allé chercher l’ingrédient principal : le poulet ; Comme la santé de la femme ne s’est pas améliorée, les amis et voisins sont allés leur rendre visite, le fermier a tué l’agneau pour les nourrir, la femme est morte. Et à la fin, le mari a vendu la vache à l’abattoir pour couvrir les frais d’obsèques.

La prochaine fois que quelqu’un vous parle de son problème et que vous pensez que cela ne vous affecte pas parce que ce n’est pas le vôtre et que vous n’y prêtez pas attention, réfléchissez bien, « celui qui ne vit pas pour servir, ne sert pas pour vivre ».

Le monde ne va pas mal à cause de la méchanceté du mal, mais à cause de l’apathie du bien.

Donc quand quelqu’un a besoin de vous pour ses problèmes, donnez-lui la main ou donnez-lui un mot d’encouragement

Que vous ne manquez jamais d’empathie !

Sourcevu sur internet..

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