Nuelasin n°166 – 8 mars 2024

Bozusë. « Les thupëtresij de ma génération ont tous ou presque un siège pliable passe-partout, un tire bouchon dans le sac ou boîte à gants et une machine à oxygène pour se brancher le soir. » Lalash.

Tenter d’expliquer (mais je peux me tromper, et les lecteurs sont libres de me contredire.) Un siège pliable: 1. Les hommes de la génération du frère Lalash (la soixantaine) n’arrivent plus à s’asseoir sur le sol et se relever tout seul à cause du surpoids ou des genoux qui n’arrivent plus à supporter son propre poids. 2. Les gens ont tellement pris l’habitude de ne pas s’asseoir sur la natte qu’ils préfèrent la chaise pliable. 3. On ne s’assoit pas parterre parce que c’est sale. Et c’est plus dans la tête et on appréhende. Nous avons tellement pris l’habitude de s’asseoir dans un fauteuil que le sol nous renvoie une image malpropre. Et même sur une pelouse bien tondue, propre et douce, on cherchera toujours à s’asseoir sur la chaise pliable. 4. Papouasie: J’ai photographié une dame à Tatana, un village de pêcheurs, lorsque nous nous sommes rendus là-bas pour des prestations de la troupe de Nouvelle-Calédonie. Une dame m’a choqué parce qu’elle s’est assise comme ça sur l’asphalte (sans aucune hésitation/naturellement) pendant que les nôtres retiraient leurs claquettes pour s’asseoir dessus. Sur le site principal du festival de Port Moresby, j’ai vu des personnes dormir sur le trottoir sans natte ni tissu ni carton. J’ai posé la question à des personnes qui ont vécu là-bas. Cette pratique ne les choquait même pas. Conclusion: Peut-être que c’est moi qui n’étais juste pas en phase avec moi-même. Réconciliation: Heureusement, pendant les cérémonies coutumières, de deuil ou de mariage à Drehu, les familles amènent toujours des nattes bien blanches à Angaisola sous le ihmelekap. L’usage exige de l’assemblée à s’asseoir parterre (pour la plupart) par respect aux personnalités des chefferies de l’île.

Un tire-bouchon: Je revenais de Wanaham (aérodrome de Lifou) avec un homme de ma génération qui me fit arrêter dans un négoce à Wé. Il descendit pour acheter quelques bouteilles de vin qu’il offrirait aux frères à la tribu. Quand il revint, il me dit qu’il allait ouvrir une bouteille (il avait acheté un pack de six.) Je cherchais comment, il allait procéder pour ce faire, il ouvrit son sac duquel il sortit un tire-bouchon. Il me dit qu’il l’a depuis plusieurs années. L’objet fait partie des choses qu’il garde toujours affectueusement sur lui. Le tire-bouchon ne sert pas seulement à ouvrir les bouteilles de vin. Il sert aussi de décapsuleur pour ouvrir les bouteilles de bière pendant les journées de rencontre dans nos coutumes. Mariage, deuil, anniversaire and co…

Une machine à oxygène: Cela date d’il n’y a pas si longtemps mais elle rentre de plus en plus dans nos mœurs à croire que la machine est devenue une mode de consommation comme se vêtir et manger. Et, il parait qu’elle aide beaucoup les personnes sujettes à des maladies comme l’apnée du sommeil. La machine à oxygène est branchée le soir, mais l’autre machine est tout simplement rangée dans la poche. Je fais allusion à la ventoline, compagne des personnes sujettes à l’asthme etc…

Constat: Ces trois objets sus cités sont devenus des marques très personnelles et personnalisées. Démontrent-ils cependant que nous hommes de la génération de frère Lalash sommes devenus femmes ? (Hommes au féminin comme chantait un groupe de rock français dans les années 80) Au sens que tous connaissent la gêne et l’indélicatesse de mettre la main dans le sac d’une dame à cause de ses effets personnels et même très personnels. Et bien, de nos jours, nous avons fini par avoir des petits besoins comme ces dames. Le couteau, la hache, la pioche… et surtout le petit sac en pandanus pour ranger le tabac bâton ont disparu pour faire place à d’autres biens de consommation dont on ne peut plus s’en passer. D’autres breuvages que je tais, ont aussi vu le jour comme ces petits objets personnels mais j’en passe.

        J’allais oublier mais aujourd’hui c’est la journée mondiale dédiée à la Femme. Je souhaite bonne journée à Elisa et à toutes les femmes du monde entier que j’ai aimées et aux autres que je veux aimer encore dans ma vie. Hier, une fille du collège est venue me demander l’autorisation de ne pas porter la tenue commune de l’établissement mais de porter une robe mission. Je l’ai autorisée. Les collègues de la junte féminine du collège portent aujourd’hui la couleur orange pour célébrer leur journée. Mais la première que j’ai vue arriver tout à l’heure était dans une autre couleur. Mais cela n’éteindra pas la brillance de l’arc-en-ciel. Elle est toujours belle ma collègue de français. Derrière chaque ciel gris, brille toujours le soleil. Bon weekend à vous de la vallée.

Pour accompagner Nuelasin, un petit chant lié à la léproserie de Cila où une partie de ma famille y est décédée. Cila est une ancienne léproserie située à la tribu de Nang (Drehu) Elle a existé avant le centre de Raoul Follerau dans la baie de Tindu (aujourd’hui disparu) Je ne connais pas l’air de ce chant que je propose. Si quelqu’un peut l’enregistrer et me l’envoyer. Oleti.

Wws

Dans la petite voiture de Maselo

  • Bonjour Mme Raymonde. Pourquoi riez-vous? Je ne vous surprends pas si je dis que du coin de l’œil, je vous observais depuis un moment. Vous parliez toute seule.
  • M. Maselo, ce n’est pas une surprise. Je me parle à moi-même. Je rêve à voix haute.
  • Vous me faites peur. Je vois depuis un moment que vous remuez les lèvres. Au fond, je ne sais pas ce que vous balbutiez.
  • M. Maselo. J’ai peur de parler de ce sujet qui me tracasse depuis la semaine dernière. Deux frères sont partis à la chasse dans la chaîne. On se pose toujours la question comment le coup était parti.
  • Mme Raymonde, vous savez ? C’était même dans les journaux. Les deux frères ont mis leurs chiens dans un coin de la vallée et ils sont partis à un autre endroit. Pas loin du lieu où ils ont levé le python de quatre mètres.
  • Oui, c’est cela.
  • Quand les premiers chiens sont sortis du sentier, le cheval d’un des frères a boqué. C’est à ce moment-là que le coup est parti. Malheureusement, le fusil est d’un gros calibre. Il n’a pas laissé de chance à l’autre frère.
  • C’est un accident. Quand les secours sont arrivés, le frère était déjà décédé.
  • C’était ce que l’enquête a révélé. C’est triste. Moi, dans mes courses, je n’y vais jamais dans ces endroits. De toutes les façons, personne ne me demandera jamais d’aller visiter ces coins.

Lepozeri e Cila

  1. Lepozeri e Cila kola treije ekölö

Angajoxu me angetrejine.

La léproserie de Cila se plaint au

Très Haut et à toute l’humanité.

CH) – Thelejë nyipunie qa ka la meci celë

Ej a elë e Drehu kowe la hua.

Je vous engage à trouver l’origine de cette maladie

Qui entraîne Drehu vers la tombe.

  1. We Angajoxu fe me angetrejine ma jia i

Satana la meci lepera.

Père éternel et tout citoyen que nous sommes

Je suis à penser que la maladie de la lèpre est une

Arme de satan

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