Nuelasin n°152 – 15 septembre 2023

Bozusë, le vendredi 08 septembre 2023. « Monsieur, ça veut dire quoi Wawes? » C’est Alphonse qui me pose la question. Au fait, j’ai donné une grille aux élèves pour compléter dans le cours de drehu. Je ne connais pas la pensée de l’élève. Il lie sûrement le mot à mon prénom mais Wawes, pour les lectrices et lecteurs de Nuelasin, vous le savez. Je l’ai déjà expliqué qu’il s’agit de watreng (sac) dans le drehu courant. Dans la langue miny (drehu soutenu/langue des chefs) le mot est rendu par wawes. Bien prononcé donne wawesie et non wawesë, comme m’appelle toujours Diana Tuyenon, une sœur qui n’est plus de ce monde. Je pense à elle.) Voilà la bonne culture. Thank you ladies and gentlemen. 

Dimanche 10/09/23. « Sewaw, je suis allé le week-end dernier au cricket et j’ai fait la rencontre de notre fille sur le terrain. J’ai demandé à ma fille qui elle était. Walitrë me répondit que c’était la fille à kaka Wws. Je l’ai appelée pour me présenter à elle. Elle joue bien, elle est restée longtemps dans le carré pour amasser des points. Je me disais qu’elle était bien la fille de son père, sauf qu’elle joue mieux que son père. Hahaéè! » C’était l’échange que j’ai eu avec le grand frère Wotra N. Je l’ai appelé juste pour écouter sa voix. Il a gardé son point d’humour.

Après avoir échangé avec le grand frère, je reçois des enfants de l’école du dimanche. Ils ont été envoyés par Elisa. Ils amenaient le paquet de croquettes pour les chats et demandaient un balai. Je leur donnai le balai et offris des bananes. Oh! Pas de très jolies mais de très bonnes qu’ils acceptèrent. Cela m’étonna quelque peu. « Mais vous avez des bananes à la maison. Hein, Johannes? (C’est le fils du pasteur de la tribu) Oui Monsieur, Papa en ramène toujours de son champ. 

–       Tu dis à Pasteur de m’en donner un peu.

–       Oui monsieur.

Et ils prirent chacun deux, m’en remercièrent et partirent. 

Il a beaucoup plu ce vendredi 15 septembre 2023, les cours sont suspendus au collège de Tiéta. Mais les chants des oiseaux sont revenus. Les nuages se sont dégagés pour laisser poindre des zones bleues. Bon signe pour le weekend. Pour accompagner le vieux Maselo, je vous propose un texte extrait de mon écrit sur le cimetière de notre tribu. Hnatro.

Bonne lecture à vous et bon weekend. Wws

Dans la petite voiture de Maselo

– Je vous demandais d’où vous venez Mme Hlima. Je trouve bizarre que vous ne soyez pas restée pour la remise des bulletins au collège de votre fille.

– M. Maselo, je voulais vite revenir au Cédété. Je voulais assister au cours d’Eps des deux profs. Des fois, j’arrive avec une copine, on se met sur le bord de la route vers la maison commune et on écoule notre temps à regarder les élèves courir et faire les exercices physiques que leur donnaient leurs profs.

– Mme Hlima ! Tout l’Art. Je vous dis. En ce moment, c’est la gym. Un qui filme pendant que l’autre s’exécute. Lors d’une de mes courses au collège, je suis resté à les regarder là-haut sous le sapin. Ils faisaient de la gymnastique. C’était la sonnerie de la matinée qui m’a fait partir. C’était comme si je regardais un film.

– Oui, sauf que là c’était du direct. Je vais voir Joséphine pour l’inscrire pour l’année prochaine. Elle va aimer ça. 

Ci-dessous un extrait d’un texte que j’ai écrit sur le cimetière de notre tribu en 2020. 

Hnatro. 

Suicide : Il faut dire que le phénomène n’est pas très répandu à la tribu. Dieu merci. A Hnatro, trois seulement à ma connaissance : le hollandais qui est arrivé pour mettre fin à ses jours chez nous. Lamo, il s’est pendu derrière chez lui, pas loin de Fegina. Drumë, c’était à Koutio devant la maison familiale qu’il a raidi la corde à son cou. 

Wapotro Drumë[1] : Il fait partie de mes modèles (il s’appelle Model d’ailleurs) comme Hnaat, Hajiko, Wotra… des anciens d’Avenod. On les aimait parce que c’était la génération avant nous. On était à Havila et eux tout là-bas, tout la haut. Il est grand de six ans mon aîné. Il est mort à 42 ans. Je pensais qu’il était plus âgé que cela. Il a été malade une bonne partie de sa vie qu’on a fini par oublier qu’il était un homme normal et bien portant avant. Il avait même entamé une carrière d’enseignant. Il est rentré dans sa fourberie pathologique au début des années 80 alors qu’il n’avait que 22 ans. Tout le reste fut-il dans un état de délabrement mental et total surtout que j’ai eu à partager des secrets avec lui. Pour mon âge, je me plaisais à être l’entremetteur entre lui et certaines cousines et nièces de la tribu avec qui il sortait. J’ai vraiment été très perturbé par sa chute. 

Promiscuité : Nous n’avons pas de caveau à Hnatro mais il existe des tombes où deux personnes sont enterrées dans la même fosse. Pas au même moment, qu’on s’entende. J’allais dire qu’il y avait aussi des tombes où plus de trois personnes sont mises ensemble. J’ai souvenance, vraiment dans mon enfance (faut que je vérifie l’info auprès des gens âgé(es) encore en vie) qu’après l’enterrement de la quatrième personne, quelqu’un de la tribu était venu rapporter son rêve à la famille. Les paroles du défunt : « Pourquoi nous avoir mis ensemble ? Nous n’avons pas assez de place dans notre demeure. » Question : A-t-on les mêmes soucis dans l’autre monde, si éventuellement, il y avait une vie là-bas. Quelques personnes dans la ‘même maison’ : Qaemunun et Waie (sa mère décédée en 1962), Hmohmoa (ma mère) et Waego (sa fille), Hlemue et l’inconnue (voir plus haut) Hmeleue et Meun (fille à tantine Zan) … 

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