Nuelasin n°142 – 23 juin 2023

Bozu së, la vieille veut que j’aille avec elle et les enfants demain samedi (17 juin) à la foire de Thio. J’ai refusé vu que je dois être au collège pour remettre les tables et les chaises dans les salles de cours. Les travaux de réfection et la pose des portes et des fenêtres sont terminés. Notre collège fait peau neuve. Y a des parents qui ne sont même pas au courant de ces travaux. Quelle va être la grande surprise quand ils vont ramener leurs enfants dimanche soir à l’internat. Je dis merci à la commune de Voh qui en est maître de l’ouvrage.

L’entreprise ? Batical (qui sous-traite) Bon, je ne suis pas payé pour leur faire la pub mais ils font du bon boulot. Je vous assure. Quand je parle de ils, le pluriel désigne seulement deux ouvriers. Un jeunot entre la trentaine et la quarantaine, l’autre un vieil homme à la carcasse dure à cuir. Ils sont tout deux italiens. Le plus jeune parle couramment français. Mais qu’il a appris sur le tas. Le second baragouine la langue où il faut vraiment redoubler d’effort pour comprendre. Moi, je préfère l’éviter. Et il m’a compris. Je ne traite pas affaire avec lui. Oh! Juste demander l’avancement des travaux. Pas à pas. Sinon, quand j’arrive sur site, je prends des photos et je m’en vais directement dans mon bureau. C’est pour leur tenir compagnie dans l’enceinte de l’établissement en les regardant de loin. Qu’ils bûchent! Pour enlever les cadres des fenêtres et des portes, il leur a fallu deux semaines pleines en travaillant même le samedi et une matinée de dimanche. Cinq salles de classes. Le gage. S’engage alors une course contre la montre. Pari tenu. Viva l’Italia! Vive la rentrée!

C’est dimanche. J’arrive du culte. C’est M. Mika qui a assuré le service. Je suis tout seul et pourtant, c’est la fête des papas. J’ai reçu des messages de la part de la famille. Des papas mais aussi de mes filles. Elles sont encore sur Nouméa après leur virée à la foire de Thio. Après le culte, je suis allé au collège. Les deux ouvriers ont terminé le chantier. Ils ont même lavé la véranda. J’ai donc envoyé un mail à Mme Nathalie pour confirmer le travail de cet après-midi et la journée de demain où la rentrée des vacances allait bien avoir lieu. J’ai seulement une grosse pensée pour notre collège frère, Baganda. Les élèves internes effectueront leur rentrée mardi soir et tous les autres mercredi. Problème d’approvisionnement des stocks à l’internat. Je pense à eux mais je pense à nous aussi. Il nous faut toujours batailler pour la survie de nos institutions. Dernièrement, nous avons assisté à la grande démonstration de la DDEC qui est descendue dans les rues pour défendre l’enseignement privé. Je remercie encore la mairie de Voh pour le chantier qui vient de finir au collège de Tiéta. Je sais que certains employés de l’institution lisent Nuelasin. Oleti atraqatr pour ce geste.

Cette fois pour accompagner le vieux Maselo, une partie de rigolade et ma quête. Bonne lecture à vous. Wws.

Dans la petite voiture de Maselo

  • Tenez, M. Maselo, voilà le jeune Tchabaé.
  • Qui c’est Tchabaé, Mme Simonin ?
  • Le jeune que nous venons de dépasser, c’est Tchabaé. Sans la capuche. Il est scolaire au collège de Tiéta. Scolarisé je veux dire.
  • Mais ils sont tous deux encapuchonnés Mme Simonin.
  • Oui, après qu’il m’eût reconnu. Tout à l’heure avant le dos d’âne, il était découvert. C’est un élève très difficile. Sa maman travail dans le grand magasin à l’entrée du village.
  • Je vois. La caissière des îles du Nord de la Kanaky comme disons-nous. Quand elle nous voit, elle nous souhaite tout de suite la bienvenue. Cela fait longtemps qu’elle travaille dedans.
  • Oui. Tchabaé n’est pas son seul garçon. Il a des frères et sœurs. Mais pas du même papa. Le papa de Tchabaé est mécanicien de formation. Il avait travaillé au tout début de la mise en place de l’usine du Nord. Après direction l’île de l’oubli. Il était mêlé à une affaire de cannabis. Maintenant, il est parmi les premiers occupants du centre de détention de Koné. Voyez-vous ? Ça va faire un mois qu’ils ont ouvert.
  • Mais vous en savez ; vous, Mme Simonin.
  • Mais M. Maselo, je suis dans l’APE du collège de Tiéta. Je connais quelques élèves à problèmes dans l’établissement. Tchabaé en est l’exemple type.
  • Et où est ce que vous allez déjà ?
  • Ben, au collège de Tiéta.

Rions un peu. « Osi Llsh, ma hnei nyipëtihi hnathë troa thëthëhmiin la hna atiej hnei lue mathinei nyiso qa Riostar nge Boo i badei eahun les Ver ngöne ketregötran: hmihmi Elia (Timur) me hmihmi Jone (RFO)

Hahaéé. Bonne semaine mama. » Wws

« Waea

Kolo itre eje lai ka pë alien.

Ketre liste i angatrekö

Oleti.

Bonne vacances. » Llsh

Traduire: « Dieu Llsh, as-tu fait exprès d’oublier les surnoms de nos deux oncles de Riostar, beaux-frères à nous les Verts de surcroît: tonton Elia (Timur) et tonton Jone (RFO) » Wws

« Vingt Dieux!

Non petit frère, leurs surnoms sont sans importance parce que dénués de sens

Ils sont dans une liste à part

Oleti

Bonnes vacances. » Llsh.

Expliquer: J’ai demandé à Llsh de me communiquer les surnoms des gens de Nyëjek (de la génération de nos vieux) Il me les a envoyé en omettant les surnoms des deux vieux précités qui sont nos oncles (lui est directement impliqué) comme sa coutume (son cordon ombilical/son paquet de vie) leur revient. Il se permit de dire que cet oubli est sans incidence/importance. C’est le lien entre oncle et neveu. Une relation mortelle dans la coutume mais de temps à autres des plaisanteries du genre entre personnes de cet ordre sont souvent fréquentes, prises à la légère et acceptées. On assiste alors à des parties de rigolades qui détendent l’atmosphère mais qui parfois dénouent des conflits. La situation est encore plus comique venant de moi, parce que les deux vieux sont aussi mes oncles mais encore beaux-frères vu qu’ils ont épousé des filles de la tribu dont l’une est une sœur de mon clan. Quand j’ai raconté l’histoire à l’instit de Hunöj qui enseigne à Bopope, il était mort de rire. Les Verts: au fait, le vert/blanc est la couleur de ralliement des gens de Hunöj. Riostar: De Rio et star. Rio (de Rio de Janeiro du Brésil) étant un surnom donné à une tranche de la tribu de Kejëny. Osi: interjectif. Waea: littéralement non. Je l’ai traduit par Vingt Dieux. Pour ne pas écrire saperlipopette et s’interjeter à la française ou à la manière des kamadra de France.

Remarque: Je n’ai pas respecté la traduction. La traduction littérale aurait rendu la conversation insipide.

Honnêteté intellectuelle: J’ai une demande à formuler à mes lectrices et lecteurs de Nuelasin. S’il y a des personnes qui veulent encourager nos élèves de Tiéta, faites-le. Je leur transmettrai le message en publiant vos écrits dans l’autre journal de l’école que je tiens aussi comme Nuelasin, Vetchaong. Il existe depuis 2008 et il sort tous les jeudis. Ce canard (feuille de chou kanak pour Fany) est de la formule papier de quatre pages. Imaginez vos remarques à leurs égards. Eux, ce sont des élèves de la vallée. Le journal, c’est notre petite fenêtre ouverte sur le monde. Oleti.

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