Bozusë, nous sommes le vendredi (02/05.) Tous les élèves qui sont devant ma salle de cours ont déjà l’esprit en vacances. Ils sont là sans être là. Et comment les retenir, ou plutôt retenir leur attention. Dehors, les élèves des autres classes sont en train de faire du déménagement. Ils amènent les tables, les chaises et les meubles des classes du haut dans les salles de classe du primaire et notre salle d’étude. Pendant les deux semaines de vacances, une entreprise de réfection va venir changer nos fenêtres et nos portes. Tout le monde est dans la joie comme dit la chanson. C’est que nos bâtiments datent. Merci la commune de Voh qui a fait faire les travaux par un privé. Un employé de cette entreprise est revenu dans la journée reprendre les mesures des portes. Oleti.
Jeudi 08 juin : je suis dans mon bureau. Je suis allé un moment les deux ouvriers dans leur chantier. Ils ont déjà enlevé tous les cadres des fenêtres. J’ai échangé avec le plus jeune. Il me dit qu’ils sont dans les temps. Ils m’ont même prévenu qu’ils vont travailler samedi. J’ai déjà averti les responsables d’ici du bruit qu’ils vont faire. Ainsi soit-il.
Pour accompagner le vieux Maselo, les mois de l’année en drehu (que j’ai demandés à Pasteur Laxa pour les redimensionner dans ma mémoire) et un texte d’échanges entre une animatrice de radio et moi-même.
Dans Nuelasin, le geignement d’une nièce me fait fortement violence dans les entrailles. Pamani T. traite de nos relations. Il est vrai que chez nous, ce lien familial est très fort dans le vécu de tous les jours et quand surviennent des événements comme des deuils, des mariages et autres, les palpitations émotionnelles deviennent encore plus gravement intenses. La raison est tout simplement inexplicable. On s’aime de cet amour d’une finesse immatérielle et infinie. Indéfinissable ; comme cela peut très bien exister dans la vie. Cet effluve émane de nos origines à Hnadro dont les Tain en sont la matrice. Ekölöini Utha.
Nous sommes en vacances. La dernière semaine de cours était mon tour d’aller chercher du pain pour l’internat. Je me levais quotidiennement à 4h45 pour aller au village. Samedi, je vous jure, j’ai dormi toute la journée. Dimanche aussi. Mme Nathalie, mon adjointe m’a envoyé un SMS pour dire de me reposer. J’en avais bien besoin. Mais tout le monde en a besoin. Les enseignants comme les élèves. Mais si on replongeait dans nos années/collège… nous n’avions pas le même rythme scolaire. Je ne veux pas penser à la situation des éducateurs, et de tout le personnel scolaire. Inimaginable ! Je ne sais pas si tout ce monde allait tenir le coup. J’ai plutôt envie de dire que les médecins privés, oui, eux vont plutôt gagner avec les C.M. Les élèves quant à eux, ne seront pas plus intelligents. Ça, j’en suis sûr. Chépavous !
Dans la petite voiture de Maselo
- Bonjour Mme Mariella. C’est tout ce que vous avez comme bagage ?
- Comment ça M. Maselo ! Savez-vous ce que contient le carton que mon neveu vient de laisser dans le coffre. C’est des numéros des Nouvelles Calédoniennes que je voulais avoir dans ma collection.
- Ah ! Et vous voulez collectionner ce qui vous manquait ? Pourquoi ?
- Mais j’ai grandi avec ça. Maintenant, nous n’avons plus de quotidien dans le pays. Je vous jure que cela me manque. C’est cruel ça ! À l’époque, il y avait d’autres journaux. Mon père parlait de La France Australe, y a-t-il eu d’autres ? Je ne sais pas.
- Mme Mariella, mais vous pouvez encore lire votre Les Nouvelles, dans sa version numérique.
- Oui mais pour moi, ce n’est pas pareil. Je voulais sentir l’odeur du papier. L’alcool etc… dans ma jeunesse quand j’allais chercher le pain, je prenais aussi le journal pour papa. Et des nems en plus…
- Mais nous, c’était pareil. Mais on ne lisait pas les mêmes rubriques.
- C’est comme à la maison. Papa, c’était la rubrique politique, sportive et sociale. Maman, c’était surtout les faits divers et les horoscopes.
- Mais chez nous, c’était le même topo. Maman avec l’horoscope chinois qui s’était rajouté par la suite. L’année du tigre ou d’autres animaux complique encore plus la lecture… Houlala où est-ce que je vous descends !
Les mois de l’année en langue drehu.
Janvier : Satresi
Février : Canalu
Mars : Xomathipikoko
Avril : Ngöneqeu
Mai : Qielu
Juin: Hnaihedrö
Juillet : Mecipudrelë
Août : Uthixaji/Ngongoxaji
Septembre : Wenehmitre
Octobre : Xölep
Novembre : Sawaan
Décembre : Kötrecileëji
La naissance de Nuelasin (échanges entre une animatrice de radio et moi-même mais que j’ai quelque peu modifiés pour accompagner ce numéro.)
(…) est-ce que tu peux me raconter d’où t’es venue cette chouette idée de Nuelasin, s’il te plaît ? » Fany
Oui tu peux en parler…
Comment l’idée m’était venue? Au fait, c’était entre gens de Hunöj. J’ai fait des enquêtes à ma manière sur l’histoire de notre tribu et je voulais partager à des gens de chez moi. Un jour j’ai envoyé un numéro à Sio Albert qui me répondit qu’il ne faut pas garder le petit journal entre nous. Il a dit qu’il faut faire profiter tout le monde. Je ne connais pas le sens de « faire profiter ». « J’écrivais/j’écrivais » voilà tout. C’était comme ça. De deux hommes de Hunöj (Tysh et Lano) qui travaillent en Province Nord, je suis aujourd’hui à plus de 450 mails à envoyer tous les vendredis. Et cela depuis 2020. Fany, si tu regardes bien, le fond, il est plus pour moi. Me satisfaire personnellement du désir d’écrire. C’est aussi pour nous mecs de Hunöj. Mais si cela peut faire plaisir aux autres, tant mieux. La question qu’il faut se poser, c’est surtout comment arrêter maintenant. Parce que je ne sais pas comment faire. Et je me pose beaucoup de questions. Je ne veux pas qu’on me reprenne après disant que j’ai mal fait d’arrêter Nuelasin. Surtout que je me délace énormément avec.
La suite aussi de Nuelasin? Va sur Présence kanak. Il y est aussi. Il y a aussi des enseignants qui puisent leurs cours dedans. Comment ? Ben allez le savoir. Personnellement, je continue mon bonhomme de chemin sans me soucier du reste. Je ne veux pas que le journal devienne une prise de tête. Je sais que je n’écrirai pas toute la vie. Mais ça, c’est une autre histoire.
Voilà. Bisou fort Fany. Bon week-end et à vendredi prochain.
Wws












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