Nuelasin n°127 – 10 mars 2023

Bozusë. A l’heure où le clan Hnaialu-Ifij (le mien) attend que le corps de notre maman soit envoyé sur Drehu pour sa dernière demeure, je vous envoie deux petits textes que je reprendrai sûrement dans le journal. Bien à vous, bonne lecture. Wws

Tchuké*

Pendant les grandes vacances, je suis allé à Nouméa avec ma fille et ses deux copines parmi lesquelles une jeune fille qui vit à la tribu de Yeoush. Tchuké. La maison de mon frère à Nouville était un peu notre QG. Un jour, nous décidions de visiter la ville et en passant les quais Jules Ferry, alors qu’un paquebot déversait son lot de touristes, que des transporteurs s’empressaient d’amener faire un tour dans la capitale. Une manne. On passait juste à côté de la petite voiture qui tractait d’autres voiturettes. Elles ressemblaient beaucoup à un petit train. C’est d’ailleurs comme ça que les affiches publicitaires les nommaient. Et Tchuké de sortir la tête de l’habitacle pour s’écrier: « Hé, un avion ! … » La gamine était toute émerveillée. Je regardais fixement ma fille dans le rétro. Elle ne ria même pas et restait de marbre. Sa petite copine à côté s’étouffa. Je les ai apprises à ne pas rire pour se moquer d’autrui. Elles le savaient. Je me serais fâché, et on serait revenu au QG. Quelques temps après, vers l’Anse Vata, à la hauteur de l’Aquarium, quand on allait dépasser un autre convoi de petit train j’écoutais les petites mouettes derrière moi parler enfin de… petit train. « Ben ça, c’est pas un avion ! » (Noms d’emprunt et vous avez compris)

Dans la petite voiture de Maselo

  • Bonjour, Mr Maselo. Est-ce que vous avez lu le dernier numéro du Vetchaong ? Les chiens sauvages dans la chaîne, vous savez ?
  • Faut que les pouvoirs publics se chargent sérieusement de ce fléau. Mr Hidalgo. C’est vraiment un problème çà. C’est moi qui vous le dis.
  • J’ai passé quelques mois en visitant le bush australien et j’ai eu la chance de rencontrer des meutes de ces chiens sauvages. Là-bas, ils appellent les dingos. C’étaient des chiens domestiques qui sont retournés à l’état sauvage.
  • Mr Hidalgo, qui ne connaît pas l’Australie avec sa superficie ! C’est un continent, vous le savez. Moi-même, j’ai eu l’occasion de le survoler. Des heures et des heures, mais nous ici, avec les 400 Kilomètres et cinquante de large, c’est rien du tout pour la prolifération de ces bêtes.
  • Ha ! Je n’avais pas pensé que le pays est très petit. Les chiens sauvages… euh ! C’est vraiment un danger.

Les voleurs de bananes

Nous sommes mercredi. Il est bientôt midi et je revenais du collège lorsque je fus appelé. C’était ma voisine. Elle voulait me prévenir que des gens volaient des bananes dans nos champs. Des malintentionnés ont coupé des régimes dans le champ de Pasteur. Madame Kio me demandait si je n’étais pas allé dans ma bananeraie pour constater si je n’avais pas subi les mêmes préjudices. Ce phénomène, je l’ai déjà décrit dans une de mes nouvelles. On les connaît même. Ces maraudeurs, sont des gens bien, dans la vie de tous les jours. On partage le même quotidien. Ce sont des papas et des mamans sur qui on a peur de parler et cela nous réduit au silence. J’ai la parole du vieux papa à nous de Oundjo, le vieux Jojo D. Il a dit un jour : « Je ne fais pas d’histoire quand on vole dans mon champ. Au fond, je me dis que mon travail sert aux autres. Je travaille aussi pour eux. Moi, j’ai ce que les autres n’ont pas. On partage. Et cette idée-là me soulage. A la fin, je ne suis pas mort. Je suis même heureux. » N’est ce pas de l’altruisme ? Mon dieu, quelle Humanité !

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