Nuelasin n°124 – 17 février 2023

Bozusë. Le process de la rentrée va prendre fin pour laisser l’année scolaire se dérouler et faire son cours. On s’ajuste surtout par rapport à nos élèves. Le débit est toujours du même ordre. On dit pour résumer qu’il y a des hauts et des bas comme dans la vie. De bons élèves et ceux d’un niveau faible. Chacun prend ses marques. Je fais allusion à tous les acteurs de l’éducation. Lundi et mardi soir, je suis allé rendre visite aux élèves de l’internat juste pour l’accueil. J’ai parlé de deux choses (compétences) qu’il leur faut développer. La lecture et le rêve. Lire pour rêver. Les nôtres ne lisent pas ou alors se contraignent à le faire dans le cadre scolaire c’est-à-dire pour la résolution d’un énoncé. Je ne parle pas de cela. Je fais référence à la lecture de délassement que nos populations ne connaissent pas. Lire pour dormir, se revigorer et après rêver. S’inviter dans le monde de l’imaginaire pour revenir après se confronter au monde dans lequel nous vivons. Nos enfants ne rêvent pas parce qu’ils manquent de référents. Ou alors ils se calquent sur le modèle existant. Et l’on reproduit le schème de notre société. Miséreuse. Bon, j’arrête. Encouragez vos enfants à lire plutôt que de vous payer le confort en leur offrant des téléphones à 119000 francs ou plus. Pff !

Bonne lecture et bon weekend à vous de la vallée. Wawesie.

Dans la petite voiture de Maselo

  • Bonjour Mlle Juliette. Belle matinée, n’est-ce pas ? Comment allez-vous ?
  • Ça va très fort Mr Maselo. Demain, ça y est. Nous, on mange l’igname à la maison commune.
  • Comment ça, vous ne l’avez pas encore fait ? Mais dans le pays entier, c’est plus vers le début de l’année.
  • Vous avez raison Mr Maselo. Hier, mes parents sont allés au champ pour déterrer leurs ignames. J’ai vu qu’elles n’étaient pas très grosses.
  • Ce doit être à cause des pluies, il y avait aussi eu le cyclone en début d’année. Ça n’a pas arrangé la situation.
  • Moi, après l’école, je vais au champ. Maman m’a dit d’aller couper deux régimes de bananes et de l’attendre là-bas.
  • Et c’est au champ que je vais te laisser ?
  • Xwiou ! Je vais d’abord en cours…

Au sortir de chez Yamele.

Yamele, c’est mon petit frère, il est le dernier enfant des deux vieux. C’est chez lui que je vais le plus souvent quand je me rends dans la capitale. Dans la pâtée de maisons de son immeuble, il y a un magasin. Endroit où tous les gens du quartier se retrouvent, un peu du genre centre d’opération stratégique.

On y rencontre du tout. Mais je veux surtout parler des habitants des cabanes alentours. Elles prospèrent. Elles sortent de terre comme des champignons de la dernière pluie. Les gens qui y vivent ont leur propre organisation.

Il y en a qui travaillent et qui ne sont pas chez eux de la journée. Le reste, ils se donnent rendez-vous sous le badamier pour tromper le temps. Un groupe de jeunes des deux sexes. De loin, on peut voir leur fumée s’élever du milieu du groupe comme la fumée de la cuisine de travail à la tribu. Ils fument et passent de main en main de la boisson, leur dose d’alcool mais aussi de la boisson hygiénique. Y en a aussi qui ne tiennent pas le coup. Ils sombrent dans les bras de Morphée, là, au milieu du cercle de nulle part. L’autre partie des jeunes (qui ne sont pas dans le groupe) est debout plus loin, devant le magasin. Ils espèrent la promotion que le cœur leur offre, l’aumône. Ils sont quelques jeunes là encore, des deux sexes, épars. Ils surveillent précieusement l’entrée du commerce et le va et vient de la clientèle.

Lundi, en repartant à Voh, sous l’autre bâtiment faisant face au commerce, j’aperçus une masse jetée sur le trottoir. C’était la parka militaire qui a fixé mon attention, dans les environs de 5h00. Un des rabatteurs de la journée n’a pas regagné le foyer. Il était resté, tel un vigile en faction, jusqu’à dormir debout et après s’écrouler jusqu’au lendemain.

Décidément qu’il se considérait comme à la maison. Il s’est alors laissé tomber sur le trottoir comme sur sa natte. Le jour va se lever pour un nouveau cycle où il va encore se disputailler l’entrée du magasin aux autres êtres pitoyables pour tendre la main à la clientèle du jour. Et le temps passe en affermissant la mauvaise graine qui fait germer la racaille, la dénaturation de notre société. Mais ça, personne n’y pense. On y est déjà. On est même mort avec. Mort avant d’avoir vécu. Ce sont quand même nos jeunes, c’est-à-dire l’avenir du pays. Mon Dieu que la vie est fourbe. Que font nos autorités ?

Yamele lui, il a un programme chargé dans son travail. Sûrement qu’il n’a pas le temps de voir ça ou alors il pense. Oui… il réfléchit. Wws

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