Bozusë, l’incontournable voiture de Maselo sera accompagné ce vendredi d’un texte d’un frère de node Nengone, un ex-dokamiste. Odje. Je vous souhaite une très bonne lecture et un très bon week-end à tous. Wws
Dans la petite voiture de Maselo
- Bonjour Mme Odette. Vous semblez très inquiète. Ce n’est pas comme à votre habitude.
- Vous avez raison mais comment rester sereine avec une petite fille qui rate tout le temps les cours.
- Comment ça ?
- Raymonde, la petite fille de mon fils, le dernier, elle arrive tout le temps en retard à l’école. Et pourtant, elle quitte tôt la maison. Tôt, je vous jure.
- Renseignez-vous Mme Odette. Il doit y avoir un problème dans le bus de ramassage.
- Vous avez raison. J’ai même écrit au transporteur. Les accompagnatrices doivent reprendre leur service après le mois de mai. Les grands élèves profitent trop sur les plus petits. Pff!!
Méphistophélique
Les enfants de La Colline aux oiseaux ont été habitués tôt aux paroles de leurs parents. Depuis leur tout jeune âge, avant de prendre le petit déjeuner, le père assis au bout de la table leur parlait. C’était l’heure de la méditation. Saifetra lisait le livre La bonne semence, c’était écrit dessus. Il commentait le passage, donnait ensuite un temps pour que chacun réagisse. Il cherchait après une situation de la vie de tous les jours pour illustrer le passage partagé. A la maison, la parole du jour n’était pas seulement tirée des livres et des saintes écritures. Le père nourrissait aussi, sinon plus ses enfants des paroles de la culture kanak glanée ça et là au hasard des circonstances. Les enfants en étaient habitués que personne ne mettait en cause la pratique. Elle était figée dans le fond de chaque membre de la famille qui, il y en avait, étaient devenus parents à leur tour. Les meilleurs moments résidaient dans le vécu des vieux. Un jour de la semaine écoulée, le papa de la maison a partagé l’intérêt d’avoir les animaux à la maison. Tous les enfants semblaient connaître la raison mais quand Saifetra amorça son vécu, plus personne ne parla. Ils en furent tous tout retournés. « On sortait du temple, c’était vers la fin de l’année. On rentrait à la maison pour manger en attendant de revenir dans la cour de Eika pour les jeux de l’après-midi. En passant la devanture de la case des Peloom dans la cour laissée en friche, notre attention fut tirée vers le taureau du vieux Tein, tenu en laisse. Il était couché sur ses pattes. Un léger filet de sang sortait des naseaux. Il continuait de ruminer mais cela changea la mine du vieux Jabwue qui vira à l’affolement. Toute la tribu avait eu du mal à trouver le sommeil la nuit précédente. Les chiens aboyaient en se montrant très agressifs parfois pendant que d’autres criaient la mort. Il dit en suspens qu’il trouvait-là l’explication. « Les enfants, voyez-vous ce que je vois ? Regardez la bête du vieux Tein. Elle va mourir. Et savez-vous pourquoi ? » Plus personne ne marchait. Tout le monde regardait dans la même direction avec les oreilles tendues vers les paroles qui allaient sortir de la bouche du vieil homme. La bête somnolait comme elle le faisait en ruminant. Oui, mais personne n’avait relevé le filet de sang qui sortait des naseaux. Il se retourna vers le groupe et dit à son fils Pëdan: «Va chercher le fusil et la hache à la maison. » Nos plaisanteries cessèrent et nos regards allèrent vers la bête que le grand-père allait abattre. » HL
Ma part pour la fête de l’igname à Tiéta
C’était lundi. Je me suis levé avec l’idée d’aller arracher quelques ignames à Camadhup. C’était le lopin de terre que la tribu de Tiéta a donné aux enseignants qui voudraient faire pousser des légumes et varier les marmites du quotidien. Là-bas, j’ai plus d’une centaine de trous de plants d’igname. L’occasion était donnée pour se faire une idée si les tubercules étaient arrivés à maturité pour le don en usufruit à la chefferie Apou de la tribu. Thaijö et les filles se sont donnés à cœur joie pour déterrer deux trous. Dans le premier, il y avait beaucoup de tubercules, ils étaient longs mais fluets. Des ficelles de pain. Le deuxième trou donnait beaucoup. Des ignames, quoi, un peu plus d’une cinquantaine de centimètres. Le bout était encore blanc signe que le tubercule continuait sa course dans les entrailles de la terre. Il était à point pour la mise en commun, geste qui remontait le temps pour remercier la tribu, les clans propriétaires de la terre d’avoir fait don de l’espace pour que je puisse moi aussi m’exprimer et me signer culturellement. J’appelais Ricko chez qui je vis pour l’avertir que j’amenais ma reconnaissance vers la grande maison de travail du clan. Je mis dessus un billet pour mon entrée. Après un bol de café bien chaud je repartis à la maison. H.L
Incessamment sous peu
Ici, on pleure et que l’on pleure ! Incessamment sous peu, on attend le prochain qui meurt. D’ailleurs juste avant notre AG, je fus tristement surpris par un SMS de Gisèle W. pleurant le départ de sa sœur E. ; 58 ans, des suites d’une longue maladie. A mon arrivée à Nengone, à peine sorti de l’aérodrome de La Roch, je pris comme une douche froide la nouvelle de Apa mon épouse que Dewe est aussi partie. On avait parlé d’elle à l’AG de Wanap en aparté comme si c’était un signe prémonitoire d’un départ imminent. L’icône de l’époque des foulards rouges est décédée. Et puis une fois bien installé à la maison à Wakuaror, je découvris la photo sur fb de Ka. 59 ans. Fille du vieux R. ancien surveillant de Do néva. Elle aussi s’en est allée. Dur ! Dur ! On entra alors dans une tristesse profonde comme on plonge dans l’eau de ces pluies diluviennes qui nous laissent aucun répit.
In fine, je pense au grand chef Naisseline qui me disait un jour que la mort est comme le temps. Notre compagnon malgré nous. Ainsi soit-il. Il nous faut juste nous préparer à une autre vie avant que la mort nous prenne incessamment sous peu.
Ome ko gua essai inu. A toi d’apprécier et d’évaluer. Au pire, corrige l’intégralité de mon texte avec ton style. Merci bien ka haeked haicadawene.
Odje de OK Ryos.












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