Dans cet ouvrage de 2016, Hamid Mokaddem couple analyse esthétique et description ethno-graphique pour comprendre comment la pratique picturale d’Upiko Hnawang manifeste la vie quotidienne des pays kanak de la Nouvelle-Calédonie. La peinture dévoile un pan de l’archipel d’Océanie encore méconnu. Ce livre participe et cherche à contribuer au sauvetage des œuvres éparpillées de l’artiste ; leurs reproductions en couleur contredisent les oppositions binaires entre Tradition/Modernité, Abstrait/Figuratif et Artisan/Artiste. Le lecteur découvrira une sorte de Breughel kanak dont l’art miniaturiste saisit la Nouvelle-Calédonie en train d’advenir.
Upiko Hnawan est né à Kirinata, tribu du distric de Wetr, une des trois chefferies de l’île de Lifou, une des îles Loyauté de Nouvelle-Calédonie. Ouvrier-soudeur de métier et peintre par passe-temps, il a peint plus d’une centaine de toiles qui sont aujourd’hui éparpillées aux différents coins du globe, la majeure partie ayant été vendue aux touristes de passage. Seules quelques œuvres ont pu être photographées. Reproduites dans ce livre, elles expriment, avec un souci minutieux du détail, paysages et pays kanak de Nouvelle-Calédonie.
Ce joli petit livre présente le parcours particulier d’Upiko Hnawang, « ouvrier-soudeur de métier et peintre par passe-temps », originaire de Lifou. Originaire de la tribu de Kirinata, dans le district de Wetr à Lifou, il a peint une centaine de toiles, vendues pour la plupart aux touristes de passage et donc éparpillées aujourd’hui dans le monde entier. Dans ce livre sont reproduites une quinzaine d’œuvres parmi celles qui ont pu être photographiées. Elles nous permettent d’apprécier le souci du détail de l’artiste, qui a peint avec minutie paysages et personnages du pays kanak. Deux photos nous présentent aussi le peintre et sa famille.
À travers trois chapitres, Hamid Mokaddem nous présente une analyse raisonnée de l’artiste et de son œuvre.
Le premier, « Peinture et ethnographie », revient sur le fait que « La pratique picturale s’efforce d’exprimer comment les gens vivent à partir de leurs façons d’être, de sentir et de s’inscrire dans les structures du quotidien. » (p. 10)
Upiko en effet peint des scènes de pêche (au poulpe), de travaux agricoles et coutumiers, de jeux de cricket, la construction d’une case, etc. avec un tel souci du détail qu’on s’y croirait, ce qui fait dire à l’auteur que « la pratique picturale devient presque une pratique ethnographique. Le quotidien y est décrit avec soin, libéré de l’inconvénient des redondances académiques. » (p. 11)
Cela n’est pas sans évoquer la photographie.
Le deuxième chapitre présente l’« Itinéraire d’un homme “presque” ordinaire ». C’est en effet celui de beaucoup de Kanak de cette génération : peu d’école (il la quitte à dix ans) pour travailler aux champs puis il devient ouvrier-soudeur de la ville de Nouméa, ayant quitté son île natale comme beaucoup pour venir travailler en ville.
Puis viennent les chapitres « Portraits » et « Paysages et pays kanak » qui sont l’occasion pour Hamid Mokaddem de revenir rapidement sur de nombreuses questions de l’histoire du pays kanak et sur la société kanak pour donner aux lecteurs quelques clés d’analyse de ces toiles.
Enfin, un dernier chapitre revient sur « La pratique picturale » de l’artiste dans lequel l’auteur explique pourquoi Upiko est un peintre miniaturiste :
« Par le fait que sa pratique picturale fait “voir” le pays avec une approche étonnante et singulière du détail » (p. 62)
Une bibliographie succincte termine l’ouvrage.
Cet ouvrage est un témoignage intéressant sur la vie kanak, tant par la vision qu’en a Upiko Hnawang et qu’il exprime dans ses toiles que par les commentaires et digressions qu’en fait Hamid Mokaddem pour les présenter. Ouvrage à lire pour tous ceux qui s’intéressent au monde kanak.
sources :
https://journals.openedition.org/jso/7979#xd_co_f=MmRhYWYxMzdjMjk3ZjBiNzY2NDE2Nzk3MDE1OTc4ODc=~
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