La « Case kanak : « Habiter » le monde et à autrui (M. Heidegger, 1951)
Rapports philosophiques : « avec et parmi »
La « Case » a un fort rapport avec la culture puisqu’elle est un espace où l’homme apprend à se parler à lui-même, comme conscience (cum « avec, ensemble »; scientia, connaissance et savoir).
Dans la culture kanak, l’homme ne peut être « rien ». Il est toujours en relation à… et par rapport à… C’est à travers la métaphore de la « Case » que l’homme est domestiqué et que l’on constate que celui-ci naît avec des facultés spécifiques, comme la conscience, le langage, l’imagination, le sens esthétique. Cette métaphore nous rappelle encore les valeurs du partage, de la coopération et de la solidarité.
L’éducation mutuelle aide à actualiser ces potentialités.
Pour la société kanak la « Case » représente un « faire ensemble », un « faire tenir ensemble » et un « dire partagé ». « Un lieu où la parole circule entre les personnes présentes et où la nature des choses renvoie à la fois à la culture et des modes d’actions de « culture du geste ». Un espace-temps où l’on se transmet la culture de l’esprit et les valeurs sociales qui font de l’homme un être de culture et d’humanité. Lorsqu’on accueille une personne dans la case c’est pour se parler comme si on se communique à soi-même. Moment où dans cet espace-temps on rend possible le fait de « penser soi-même » et de « prendre de la distance » à travers les paroles d’échanges où l’autre devient miroir. La « Case » renvoie à la notion de maison, de « Habiter ». En effet, il y a une façon culturelle d’habiter les lieux pour la cohésion et l’intégration sociale. N’omettons pas de souligner que dans l’espace « Case » nous retrouvons les éléments symboliques universels. La « Case » est donc un élément fondamental dans la société kanak et de l’universalité relationnelle. » (Wadrawane, 2021).
Rapports phénoménologique inclusif
« C’est le lieu où s’exercent les pouvoirs du clan, le lieu de la parole et des décisions collectives. Les nombreux éléments de la construction sont liés entre eux comme le sont les individus. Ils symbolisent les composantes de la société kanak et la participation des clans à la fondation de la chefferie. Le poteau central et la flèche faîtière représentent le « frère aîné, le chef » ; les poteaux de tour de case évoquent les clans associés. Chaque clan a sa place et son rôle dans la société (clans de la pêche, de la culture de l’igname, des guerriers, des magiciens, des sculpteurs…). Les chambranles sont les gardiens du seuil, les esprits protecteurs. On doit se courber pour entrer dans la case et se placer sous la protection de l’ancêtre qui en garde la porte. Autrefois, l’applique de chambranle était sculptée dans du bois mort, tombé à terre, se substituant ainsi au corps du défunt. C’est pourquoi le visage semble émerger de sa gangue de bois : il symbolise l’ancêtre décédé enveloppé dans sa natte comme dans un linceul. »
(La Maison de la nouvelle Calédonie symbolique d’un lieu. Les Hommes debout Document ©, 2009,
Mnc).
La « Case » est un pilier du monde symbolique kanak. Elle est un emblème au côté de l’igname qui définit le monde kanak. Elle exprime une façon d’habiter les lieux. La « Case » représente le pouvoir solidaire. Elle renvoie à une forme de synthèse des consciences au sens philosophique de Kant. Elle montre la capacité de la société dans la somme des individus à « se penser » comme « Je pense » accompagné de ses états (idées, sentiments, sensations). Conscience et responsabilité aussi puisque comme le pense Kant, le « Je pense » fait toute la dignité et la valeur de l’homme. La notion de personne émerge de la synthèse du « Je » et du « Il ». Le « Je » kanak provient de cette articulation d’une longue histoire d’échanges « endogène-exogène ». Elle est un lieu d’échange où l’autre est aussi un potentiel (palabre) (…). Notons que ce « Je pense » dans la culture fait défaut lorsqu’il rentre à l’école. Il se transforme en « Nous » (Wadrawane, 2021).
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