« Maxha* ! » disait Jean-Marie Tjibaou. Il était important pour lui de redonner confiance aux siens. « Ils ne sont plus dans leur Moi », avait-il observé.
En 1999, 2 livres de Jean Marie Tjibaou : Tjibaou le Kanak et La Présence Kanak vont aider Yvanna Doï à conscientiser, à comprendre, mettre des mots sur qui elle était et éveillait en elle la volonté de se lever pour les siens. Il aura fallu un lent et long temps, 20 ans, le chemin vers le Moi est lent, pour comprendre au détour d’une conversation sur la Spiritualité Kanak et sur la jeunesse du pays avec Tantine Dhou, comment elle pourrait peut-être faire vivre cette volonté.
Ce fut d’abord la création du groupe facebook « La Présence Kanak » avec Maryline Sinewami puis la volonté d’aller plus loin et de rassembler tout ce qui touche à la société et la culture Kanak sur un site internet.
Aujourd’hui, nous avons publié sur le site plus de 500 articles lus par plus de 45.000 personnes, nous avons près de 6.000 abonnés via notre site et nos réseaux sociaux et plus de 20 contributeurs essentiellement Kanak participent avec nous sur ce chemin de résilience afin que nous puissions relever la tête.
Nous n’aurions jamais cru que cela puisse aller s’y rapidement, prendre cette ampleur, nous en avons souvent le vertige surtout devant le travail accompli et à accomplir encore. Et souvent nous nous demandons si nous sommes légitimes. Cette volonté, née il y a 20 ans de cela, n’était-elle pas due à l’enthousiasme de la jeunesse, nourrie par une trop grande ambition ?
Alors certains mots rapportés nous reviennent à l’esprit, ceux de Kayel et Doui qui déclarèrent « Enfin les étoiles s’alignent », ceux de tante Marie-Claude « Enfin, ils le font », ceux de John « Continuez, continuez votre travail de mamans et d’enseignantes », les mots de Marynka « Présence Kanak est pour moi ce que le son est à la musique, ce que le mot est à la langue ! » lorsque l’association Présence Kanak a été créée. Alors, nous reprenons une grande respiration et nous reprenons le chemin.
Pour cette année 2023, nous continuons à suivre l’esprit de Présence Kanak qui nous habite désormais et rempli nos vies ; nous nous sommes donnés pour mission supplémentaire de travailler sur la préfiguration d’un festival de la littérature Kanak :
- une première émission sur le thème « La place de la littérature Kanak dans la francophonie » est organisée avec notre partenaire l’association Rencontre des Auteurs Francophones, partenaire également de ce festival qui nous aidera à le faire connaître grâce à son réseau international et au sein de la francophonie ;
- afin de mieux nous accompagner dans la préfiguration de ce festival, Rencontre des Auteurs Francophones ouvre une antenne cette année au Pays ;
- des webinaires seront organisés au cours de l’année avec les auteurs de l’association ;
- et nous proposons désormais un accompagnement à l’édition pour nos auteurs adhérents, ce qui permettra d’avoir un fonds d’ouvrages conséquents pour la tenue du Festival.
Dans la mouvance des recommandations de l’UNESCO pour une meilleure éducation, nous continuerons de récolter, publier tout document permettant à nos enfants de mieux connaître leur culture, leurs racines, leurs histoires et nous avons également décidé dès cette année de publier leurs productions annuelles au sein de leurs écoles.
Le chemin n’est plus désormais ni lent ni long. Il est tracé et, tel l’homme qui plantait des arbres de Jean Giono, nous y sèmerons les graines qui feront le paysage de demain.
Nous vous souhaitons à tous un beau chemin 2023.
*Maxha : relever la tête.
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