De l’Union et de l’Association naît l’Union calédonienne qui domine la vie politique du Territoire pendant plusieurs décennies. Démocratiquement, à travers l’UC, et grâce à l’apport de très nombreuses voix calédoniennes, les Kanaks sont majoritaires, mais à cette époque, on trouve tous les arguments pour ne pas appliquer la loi de la démocratie.
On appelle par dérision les nouveaux conseillers : « la majorité des crayons », car on dit d’eux qu’ils lèvent leurs crayons comme un seul homme pour voter les textes à l’Assemblée.
C’est pourtant cette majorité de Kanaks qui offre aux Calédoniens tous les textes de protection sociale, retraites et autres allocations chômage, vieillesse, familiales, etc. Juste retour de coutume pour les ouvriers calédoniens qui venaient enfin d’arracher sur le front syndical, après des grèves mémorables, la parité des salaires pour tous les travailleurs, quelles que soient leurs origines ethniques. C’est encore cette majorité qui crée le Fonds social de l’habitat, avec des crédits immobiliers, les lotissements sociaux de Sainte-Marie et de Logicoop.
Toutes ces délibérations et ces arrêtés sont pris contre les représentants élus de la bourgeoisie nouméenne. En fait, tout ce que les Calédoniens sont si fiers de posséder aujourd’hui, ils le doivent à leur travail, comme ils disent, mais aussi aux Kanaks, car jamais les représentants élus des gros propriétaires fonciers de Nouméa, des maisons de commerce, de la Société Le Nickel, de l’unique banque, la Banque de l’Indochine, n’auraient voté ni même proposé ces textes.
Extrait « Le pays du non-dit » Louis-José Barbançon
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