Richard Digoué, danseur et chorégraphe kanak, fondateur de la compagnie de danse contemporaine Nyian, a joué un rôle précurseur dans le processus de création en danse contemporaine en Nouvelle-Calédonie. Il a fortement contribué à transmettre son art aux jeunes calédoniens de toutes origines, n’hésitant pas à convoquer les danses traditionnelles kanak.
Originaire de la tribu d’Unia à Yaté, Richard Digoue grandit à Nouméa, dans un univers pluriculturel qui l’éveille très jeune au monde de l’art, du spectacle vivant. D’aussi loin qu’il se souvienne, la danse a toujours été comme une évidence, son moyen d’expression privilégié. Le film Fame d’Alan Parker lui donne l’envie forte de faire partie d’une telle troupe d’artistes et l’amène à intègrer dans les années 80 les écoles de danse de Nouméa, où il découvre la danse classique et le modern jazz.
Profondément marqué par la période des évènements, il prend conscience de l’histoire de son pays qui influencera sa démarche artistique : il deviendra nécessaire pour lui de parler du pays, de sa culture.
Il travaille avec l’association « Jinu Owa » qui regroupe des artistes Kanak et collabore ainsi régulièrement avec des plasticiens pour des performances, exercice qu’il apprécie particulièrement pour la spontanéité de l’instant créatif.
Entre 1995 et 1996, il se forme à Montpellier où il rencontre la danse contemporaine.
De retour au pays, il intègre la troupe de danse traditionnelle We Ce Ca menée par Tim Sameke, avec pour objectif de fonder sa propre compagnie. Elle voit le jour en 2000.
Les 3 années passées au sein de We Ce Ca lui ont permis de réaliser un retour à la base, aux racines de la danse avec le traditionnel. Une expérience riche qui lui a permis d’aller vers la chorégraphie.
L’année de création de sa troupe, le centre culturel Tjibaou lui commande une création pour la saison 2000 : Nyian (« légendes » ou « histoires »).
Richard Digoué est un révélateur : il vient chercher en nous ce que l’on a à dire, et ensuite il nous donne la liberté de le dire à notre manière. Il nous donne la parole. Il possède cette qualité des plus précieuse – Olivia-Manissa Panatte.
Nyian est repéré au festival d’Avignon et sera joué au Viêt Nam, à Fidji et au Vanuatu. Les projets se multiplient avec ses propres spectacles ou en collaboration avec d’autres artistes locaux (Denise Tiavouane, Paul Wamo, Laëtitia Naud…) ou de l’extérieur (Gilles Portes et Julien Lestel du Ballet national de Marseille pour Le sacre du printemps).
En 2010, il crée le spectacle de la cérémonie d’ouverture du Festival des Arts de la Mélanésie en Nouvelle-Calédonie. Il participe ensuite à de nombreux projets à New York, en Australie, Cuba, Nouvelle-Zélande, en France mais également au Pays.
Nyian, fondé il y a 20 ans, et dirigé par Richard Digoue, est aujourd’hui le premier collectif de danse contemporaine kanak réunissant aujourd’hui près de 150 danseurs et artistes de toute la Nouvelle-Calédonie.
Sources :
https://lepetitjournal.com/nouvelle-caledonie
Université de la Nouvelle-Calédonie
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