Nuelasin 213 – 8 août 2025

Bozusë,

Dimanche 06 juillet 25

Ce matin de dimanche s’est levé dans la sérénité coutumière de la tribu. Seul le vrombissement agitateur d’une voiture conduite par un saoulard troublait le chant cristallin des oiseaux. Vers dix heures, comme une habitude bien ancrée, je me suis rendu au temple pour le culte dominical, le cœur rempli de gratitude pour la semaine écoulée et tourné vers celui à qui je confie la suivante.

La route principale de la tribu, bordée d’hibiscus et d’autres fleurs colorées, me portait doucement vers le lieu de recueillement. Chaque case semblait avoir fait peau neuve : pelouses parfaitement tondues, odeurs de cuisine flottant dans l’air, bruits d’ustensiles évoquant les préparatifs du repas. En tendant l’oreille, on pouvait même capter les échos d’une messe radiodiffusée depuis Nouméa—signe, peut-être, que beaucoup préfèrent le confort de leur foyer au banc branlant vermoulu du temple.

Ce dimanche-là, seuls dix fidèles occupaient les bancs. La vieille Marie, mère du chef de Tiéta, manquait. Et ce n’était pas le pasteur habituel qui officiait : Moïse, dont le prénom semblait presque providentiel, avait pris la relève.

De retour à la maison, mon téléphone sonna. C’était Renaud, mon collègue d’éducation physique. Je l’invitai pour un café. Devant notre tasse fumante, nos échanges d’hommes nous transportèrent entre souvenirs de jeunesse et projections d’avenir. L’heure de la retraite approche, et avec elle, l’espoir de retrouver du temps pour soi, loin des contraintes, près de l’essentiel.

Nous avons évoqué les voyages à venir, des escapades pour nous reconnecter à ce qui nous nourrit vraiment. Ce dimanche, dans sa simplicité, aura été un rappel doux de ce qui compte : le calme, les liens, et la possibilité de se projeter enfin vers une liberté mûrement attendue.

Je vous livre à la claire fontaine une classique dira-t-on, tellement classique que j’ai fini par ne retenir que la première strophe. Je vous l’offre pour accompagner le vieux Maselo. Personnellement, c’est ma fille qui m’a rappelé les autres strophes quand elle était dans les petites classes à Oundjo au début des années 2000. Aujourd’hui, majeure, elle a quitté l’univ. J’ai publié une strophe de cette chanson dans la prière du numéro 194 de Nuelasin. Bonne lecture et bonnes vacances à vous de la vallée où le froid a disparu. Et on se voit à la rentrée, vacances oblige. Wws

Dans la petite voiture de Maselo.

Maselo : Emélienne, je sais que ce conseil de classe a été difficile. Les remarques des professeurs étaient vraiment dures.

Émilienne : Oui, M. Maselo. Ils ont dit que ma fille est une vraie carne, qu’elle a un comportement inacceptable. Je ne sais plus quoi faire.

Maselo : Je comprends ta frustration. Mais tu sais, les enfants passent par des phases difficiles. Ça ne veut pas dire qu’elle est une mauvaise personne.

Émilienne : Mais les professeurs ont été si sévères. Ils disent qu’elle ne respecte pas les règles, qu’elle perturbe la classe.

Maselo : Parfois, les professeurs peuvent être un peu trop durs. Ils voient beaucoup d’élèves et peuvent perdre patience. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’espoir pour ta fille.

Emélienne : Je me sens tellement impuissante. J’ai essayé de lui parler, de la raisonner, mais rien ne change.

Maselo : Peut-être qu’elle traverse quelque chose de difficile. Parfois, les enfants expriment leur mal-être par des comportements perturbateurs.

Émilienne : Tu crois que c’est ça ? Que je devrais essayer de comprendre ce qui ne va pas plutôt que de la punir ?

Maselo : Oui, je pense que c’est une bonne idée. Parle-lui, essaie de comprendre ce qui la dérange. Montre-lui que tu es là pour elle, que tu la soutiens.

Émilienne : Mais si elle continue comme ça, elle risque d’être renvoyée de l’école. Que vais-je faire alors ?

Maselo : Ne pense pas au pire pour l’instant. Concentre-toi sur le présent. Essaie de créer un lien de confiance avec elle. Peut-être qu’elle a juste besoin de se sentir écoutée et comprise.

Émilienne : Tu as raison, M. Maselo. Je vais essayer de lui parler calmement, de comprendre ce qui ne va pas.

Maselo : Et n’oublie pas, tu n’es pas seule. Si tu as besoin de parler, je suis là. Nous trouverons une solution ensemble.

Émilienne : Merci, M. Maselo. Tes paroles me réconfortent. Je vais essayer de rester positive et de faire de mon mieux pour aider ma petite Paulette.

Maselo : C’est l’esprit, Emélienne. Avec de la patience et de l’amour, je suis sûr que tout ira mieux.

À la claire fontaine

À la claire fontaine

M’en allant promener,

J’ai trouvé l’eau si belle,

Que je m’y suis baignée.

Il y a longtemps que je t’aime

Jamais je ne t’oublierai.

Sous les feuilles d’un chêne

Je me suis fait sécher,

Sur la plus haute branche,

Un rossignol chantait.

Il y a longtemps que je t’aime

Jamais je ne t’oublierai.

Chante, rossignol, chante,

Toi qui as le cœur gai,

Tu as le cœur à rire,

Moi, je l’ai à pleurer.

Il y a longtemps que je t’aime

Jamais je ne t’oublierai.

J’ai perdu mon ami

Sans l’avoir mérité,

Pour un bouquet de roses,

Que je lui refusai.

Il y a longtemps que je t’aime

Jamais je ne t’oublierai.

Je voudrais que la rose

Fût encore au rosier,

Et que mon doux ami

Fût encore à m’aimer

Il y a longtemps que je t’aime

Jamais je ne t’oublierai.

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