Bozusë. Vendredi 08 mars. Mme Bernadette m’a envoyé un mail me demandant de réparer le robinet sous le flamboyant à côté du préau. Elle était même déjà allée chez elle pour récupérer des restes de rouleau de téflon qu’elle a déposés sur la table dans le hall. Un moment, je vis Neboa, un jeunot de la classe de 5B passer dans la cour devant le bureau de la direction. Instinctivement, je l’appelai et je lui dis de prendre un des deux rouleaux et d’aller réparer le robinet. Sans aucune hésitation, et avec beaucoup d’entrain, il prit le rouleau et alla presque en courant pour se rendre sous le flamboyant. Il ferma la vanne et dévissa le robinet. Il répara la fuite d’une adresse inconditionnelle d’artisan du métier. Et Mme Bernadette de me demander: « Et vous le laissez faire? » Je ne parlais pas. Le résultat était là. J’étais content de l’enfant. Et l’enfant était heureux de la tâche qu’il avait réalisée. Tout seul. Gratifiant!
Je l’ai écrit pour mes 54ans et rebelote:
Mes 54 années pour que soit louée la Vie…
Je vais partager avec vous chè(res) ami(es) la réponse de mon père lorsque je lui ai annoncé un 24 mars d’une année oubliée : « Mon fils, ma paie suffit à subvenir aux besoins de la famille et de toute la famille. Papa te dis seulement de bien faire l’école. Je t’accompagnerai et plus tard lorsque tu auras un travail… de janvier à l’autre janvier, tu fêteras ton anniversaire tous les jours de l’année et tu t’achèteras le cadeau que tu veux t’offrir à toi-même. » Alors, je finis par oublier le jour de mon anniversaire mais je finis aussi par enlever ce jour-là de la tête de mes enfants. A la maison, la pratique est de ne pas fêter les diplômes, les naissances, les départs et d’autres évènements encore de la vie. Au fond, j’ai aussi un pincement parce qu’une année qui passe est une victoire sur les vicissitudes. Certainement qu’il y a une poussée existentielle de mon for intérieur. Faut-il l’extérioriser ? Le pli est déjà pris mais la porte aux partages restera toujours ouverte. A vous tous et à la toile… mes respects, ma reconnaissance et mes amitiés. Wws
Dimanche 24, vous savez ? Je vais avoir 22 ans. Bon anniversaire à moi et bonne lecture à vous de la vallée. Sww (Pour faire jeune et même très jeune)
Pour accompagner Nuelasin et le vieux Maselo, Hnasonedrë un conte et légende qui sonne plutôt comme un poème. Un hymne à la beauté et l’amour.
Dans la petite voiture de Maselo
- Tu vois le genre de situation que je n’aime pas. Les parents qui vaquent à leur occupation en laissant leurs gosses comme ça. Regarde, c’est la deuxième fois que je manque d’écraser ce petit. Le même. Ce doit être un terrible à la maison. Je n’imagine pas ce qu’il puisse être à l’école.
- Je suis entièrement d’accord avec vous Mr Maselo. Au collège, y en a plein de comme ça. Ce sont des terribles. Ils croient que le collège, c’est comme à la maison où ils font ce qu’ils veulent. Le plus grave, c’est le fait qu’ils sont des enfants de ceux qui ont bien marché à l’école. J’en connais.
- Le fait qu’ils ont été très suivis par les parents quand ils étaient encore gamins. Je ne comprends pas Mme Madeleine.
- Je ne vais pas parler des enfants des autres Mr Maselo. Les miens. Mireille et Zibo; de très bons élèves. Ils se sont connus au lycée d’ailleurs. Leurs petits; des carnes je vous dis…
Hnasohnedrë, la fille du Vent du Nord par Thoanë Thomadra (Conte et légende du pays Drehu)
Un jour, Capenehe, plus connu sous le nom de Sisiwanyano, accompagné de son frère Hlemusesë, partit voir sa grand-mère et lui dit ceci : « Grand-mère, à chaque fois que les filles du chef (isola) viennent me voir, elles me demandent en mariage, mais moi je réponds toujours non ». Elles me disent toujours : « Vous ne voulez pas de nous, parce que vous préférez Hnasohnedrë ». « Mon fils, dit la grand-mère, Hnasohnedrë est une fille qui n’est pas comme les autres. Elle est la fille du Vent du Nord et aucun homme ne peut s’approcher d’elle ni lui demander sa main en mariage. Cela est dangereux». Cette phrase tomba comme un défi dans l’oreille du guerrier. La grand-mère ajouta: «Prenez l’igname du chef (kokoetha), et allez trouver la vieille dame à deux visages qui habite Wanaham pour lui présenter l’offrande (qëmek.) Elle vous indiquera le chemin à suivre pour aller à la rencontre de la fille du Vent du Nord. »
« Maintenant, descendez par ce trou, il y a une voie qui sort sur le rivage du côté de Héo. Prenez-là et là-bas, vous y vivrez». Les deux frères descendirent donc dans le trou et firent un long périple pour ressortir sur le rivage de Héo comme l’avait dit la grand-mère. Ils attendirent au bord de l’eau.
Sur l’îlot vivaient une grand-mère et sa petite fille. L’aïeule sentit des démangeaisons à son gros orteil. « Ma fille, dit-elle, va voir au bord de mer, il doit y avoir quelque chose ». Hnasohnedrë partit et vit les deux frères. «Bonjour, êtes-vous ici depuis longtemps ? Attendez un moment, je vais voir ma grand-mère ». Et la jeune fille disparut aussi vite qu’elle était apparue. « Invite les à venir dans notre case » dit la grand-mère. « Nous allons tuer un gros coq pour manifester notre hospitalité. » Les deux garçons arrivèrent à la case et s’assirent sur une natte. Ils mangèrent le bougna au moment même où la vieille dame qui se tenait debout devant eux leur tint ce langage : « Vous êtes ici parce que vous désirez prendre ma fille pour épouse. Et bien qu’il en soit ainsi mais il vous faudra surmonter des épreuves. Voyez cette pierre pointue, toute blanche là-bas qui sort à la surface de l’eau. Nagez jusque-là, et maintenez-la fermement dans vos bras. Je ferai déferler sur vous trois énormes vagues. Elles vous feront lâcher prise mais si vous arrivez à tenir trois fois de suite, ma fille Hnasohnedrë vous sera promise.» « Nous relevons le défi » lancèrent les deux hommes aux fières allures. « Nous irons jusqu’au bout des épreuves» Ils ôtèrent aussitôt leurs ceintures en fibres végétales (Ukeepa) et nagèrent jusqu’à la pierre indiquée (amajo) et ils s’y collèrent fortement. Tout autour du rocher gisait un tas d’ossements humains. Preuve qu’aucun prétendant n’est jamais sorti vivant de là. Allaient-ils réussir leur tour ?
La grand-mère appela la première vague. Le vent se leva alors et se mit à souffler avec violence, la mer se démonta, la première vague se souleva et se jeta sur les deux garçons comme un rouleau compresseur. Ils tinrent. La deuxième vague arriva à son tour, encore plus grosse que la première et dans un bruit de tonnerre, mais les deux garçons tinrent toujours bon. Ils restèrent toujours accrochés au amajo de toutes leurs forces. Ce que voyant, la grand-mère entra dans une colère folle et envoya la troisième vague dans un bruit assourdissant. Elle était encore plus forte et plus meurtrière, Hlemusesë lâcha prise. Sisiwanyano voyant son frère en danger le saisit par le bras et l’enroula dans sa longue mèche de cheveux. La vague qui venait de passer sur eux alla mourir tout doucement sur le sable et la mer redevint calme dans un silence de mort. Les deux hommes avaient relevé le défi et gagné leur pari. Morts de fatigue, ils revinrent au rivage en nageant mais tout fiers et heureux.
copyright photo Sylvain Derne pour NC 1ère – https://la1ere.franceinfo.fr/nouvellecaledonie/province-iles/lifou/portrait-decouvrez-le-destin-peu-commun-de-thoane-thomadra-hors-des-sentiers-battus-1305776.html












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