Bozusë. Dans le texte publié avec le numéro 153 de Nuelasin, j’ai fait allusion à une petite fille qui accompagnait mes grands parents (pasteur Trotro et son épouse Dreun) ceux qui ont adopté ma mère et tonton Haongë. En allant au centre Tjibaou lors du SILO, j’ai acheté un livre de José Louis Barbançon sur la Monique. C’est là que je suis tombé sur un texte qui relatait le récit de cette petite fille originaire des îlots du Nord de la Calédonie. Tââlo. Elle était bien partie à Lifou avec le couple de pasteurs. Ils ne sont jamais revenus. Le vieux pasteur avait quarante-quatre ans et son épouse Drohnu Dreun (originaire de Kejëny) avait trente-cinq ans. Siazengo la petite fille de Tââlo s’appelait en fait Faboe, une fille Porou qui était née le 28 avril 1950 au dispensaire de Poum à onze heures.
Aujourd’hui (jeudi 05 octobre), j’ai banalisé la demie journée de l’après-midi pour des activités culturelles dédiées aux chants et à la danse. Beaucoup de jeunes talents sont sortis du lot et se sont exprimés. Il faut maintenant les encourager pour qu’ils évoluent. Personnellement, je suis très heureux de la performance de ces louveteaux.
C’est déjà la nuit. Son manteau couvre toute la vallée. Et le temps conduit ces événements de nos vies dans son tiroir des oubliettes. Avant de m’allonger et de pianoter ces quelques notes, j’étais en communication téléphonique avec un frère directeur d’un collège d’un établissement de la capitale. On évoquait nos souvenirs au collège de Tiéta parce que lui aussi, était passé par la case de la vallée. On parlait d’un certain collègue Roger* qu’on qualifiait à l’époque de champion du monde. Mais de quoi? On en rit encore. Mais avant de parler de Roger, on s’adressait à nous mêmes. Et l’on aiguillait la pensée vers nos enfants, les filles (les miennes), qui sont devenues mamans maintenant. Cela ne nous rajeunit pas. Et la parole de l’évangile qui me revient comme quoi mille ans, c’est comme un jour, et pareillement comme un jour qui ressemblait à une éternité. C’est aussi cela la vie. Elle nous transporte irrémédiablement vers là où l’on doit être. L’Innommable.
Allez! Pour accompagner le vieux Maselo, je vous livre un texte de Ladys sur la Monique. Et pour les vacances de deux semaines, je préfère vous annoncer qu’il n’y aura pas de Nuelasin parce que je ne suis pas sûr de pouvoir assurer sa sortie de là où je dois aller pour le mariage de ma nièce de Oundjo. Cela me fera un peu de vacances. Et bien bonne lecture à vous et bonne vakaas! Wws.
Dans la petite voiture de Maselo
- Bonsoir M. Maselo. Qu’est ce que j’entends là ?
- M. Tchabaé, c’est comme si vous n’êtes pas du pays. Voyez les cotonniers en fleurs.
- Ah! Vous avez raison. Il doit y avoir plein de roussettes par ici ?
- Oui. Beaucoup mais elles viennent plutôt le soir. Tard le soir.
- Chez nous à la tribu, il y en a beaucoup. Elles sont partout sur tous les arbres en fleurs ou ceux qui portent déjà des fruits. Et elles viennent tôt. Juste au coucher du soleil, on les voit venir de la vallée. Comme des papillons de saison.
- Je sais qu’à Témala, elles sont sur les mandariniers, les orangers mais aussi sur les bananiers. Je sais que pendant la saison des fruits, on fait la course. J’ai de la famille par là-bas. Les deux vieux habitent à l’entrée du village.
- Je les connais. Le vieux peste contre les jeunes qui viennent d’alentours pour tirer les volatiles sur leurs vieux kapokiers. Vous savez, ça va quand ils tirent les roussettes loin des habitations. Mais là, ce n’est pas le cas. Les deux grands arbres sont juste à côté des villas. Ils abritent même le grand poulailler. Le grand-père pense des fois que les chasseurs tirent sur leurs poules. On peut en rire, mais la situation s’est déjà produite. Le vieux Robert a même appelé les gendarmes. Les gens de la tribu ont été convoqués après à la gendarmerie.
- Mme Tchabaé, ce n’est pas bien d’avoir de mauvaises relations de voisinage. J’ai déjà vécu la même histoire. Je vous jure… ce n’est pas commode. Pff !
La Monique : Visite hier de l’exposition LA MONIQUE ou LE SILENCE DE LA MER au musée maritime de Nouméa dans le cadre du 70ème anniversaire de la disparition de la Monique !
Il s’agit du Caboteur de la Société des Îles Loyauté (SIL, rattachée aux Établissements Ballande) qui a disparu mystérieusement dans la nuit du 31 juillet 1953 entre l’île de Maré et la Grande terre de NC avec à son bord, 126 personnes au total issues de toutes les communautés mais aussi 3 800 sacs de coprah, des fûts vides, des paniers d’ignames, du maīs, etc… Le caboteur revenait d’Ouvea et de Lifou.
Le plus grand drame de l’histoire maritime que la NC ait connu et qui continue de cultiver sa part d’ombre et de mystère.
Très intéressant bien sûr et toujours très émouvant quand on a des membres de sa famille, de près ou de loin, qui ont disparu avec la Monique. Parfois, au cours d’une conversation ou d’un récit aux Loyauté, on raconte que le Papa d’un tel ou le frère d’un tel était à bord de la Monique lorsqu’elle a sombré.
Des familles calédoniennes sont aussi touchées par ce drame. Je savais pour Ohlen, Barbançon, Briault ou Cubadda mais je réalise que d’autres sont aussi concernées pour ne citer que Monnier, De Greslan…
Je découvre également qu’une personne d’origine vietnamienne était aussi parmi les victimes.
J’ai noté aussi qu’une commission d’enquête a été constituée et son rapport remis au Procureur mais que son travail a rencontré de nombreuses résistances. Y a-t-il un lien avec l’accession de R.L. au poste de Maire de Nouméa la même année ?
J’ai trouvé enfin scandaleux qu’aux cérémonies de centenaire du rattachement de la NC à la France le 24 septembre 1953, il ait été décidé de ne surtout pas parler de la tragique disparition de la Monique intervenue un mois et demi plutôt. Le silence des hommes, la chappe de plomb devenaient insupportables. Heureusement, la tradition orale, les chansons d’Abraham Manane puis les sons plus contemporains de Pédro et autres ont aidé à toujours se souvenir même dans la douleur et de ne jamais oublier. Louis-José et l’association La Monique ont enfin donné une empreinte et une dimension identitaire à cet événement devenu une histoire calédonienne et plus seulement Loyalienne.
Katrawa Dominique
impression photo : province-nord.nc












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