Nuelasin n°137 – 19 mai 2023

Bozusë, Ororë voleng (Ydal), Gypsy (Fleetwood Mac), Talkin’Bout a Revolution (Tracy Chapman)… et je me suis rabattu après sur un enregistrement de Leumas; mon neveu de Hunöj qui a joué dans la cuisine de chez le beauf Uke-qatr pendant le mariage de son fils Jacky, l’année dernière. C’est mon déroulé de ce samedi 13 mai alors que la famille est partie à Baco pour encourager ma fille qui joue au cricket contre l’équipe de Koumac. (…) Elles ont gagné. C’était entre rires et réflexions, réflexions que dis-je ? J’écrivais pour la publication de vendredi. Ma pensée allait alors voguer sous d’autres cieux. Et à un moment je demandais le fuseau horaire à mon interlocuteur à Bamako au Mali (avais-je pensé. Il était déjà revenu à Paris.) Oui. Notre petit journal Nuelasin est aussi lu jusque dans cette contrée lointaine. Mais mes yeux sur l’écran de l’ordi, fixaient la danse de Baby. Il était aviné et animait notre soirée. Il dansait Trotro un jeune scolarisé à l’école catholique de Mucaweng pas loin de la chapelle. À mourir de rire. Mucaweng (Drehu)-Rivière-salée (Nouméa)-Mali (Afrique) C’est aussi cela le progrès de la technologie des temps modernes. Le monde à portée de mains. 

Les doigts de la main, c’est justement ce que je vous propose tout simplement dans la langue drehu. Je suis à peu près sûr des cinq premiers noms, classiques disons-nous. Je me pose plutôt des questions sur les cinq autres groupes élaborés à partir du jeu d’osselet (kapa en drehu). Ai-je raison ? Chépa-vous.

Le deuxième texte est un récit de vie. Un hommage institutionnel de notre FELP au grand artiste peintre et sculpteur Lopez. Je me suis rendu à la morgue avec le C.A de notre institution pour un dernier hommage. Lopez, je l’ai côtoyé à mes débuts au collège de Nédivin. Il est l’artiste, le prof mais pour nous autres encore, c’est Kofie, Hlepö… un papa, un grand-père etc… pour moi, c’est mon grand frère. Je publie ce texte parce que je ne suis pas bien. Je suis à Nouméa pour le deuil de l’autre grand frère, Dominique Mole. Hier, je suis allé avec la famille pour me recueillir sur la dépouille à Kowe-Kara. Nous avions alors chanté toute une bonne partie de l’après-midi. Après nous être excusés à mama Gas et au groupe de chanteurs, nous avons levé l’ancre pour Médipôle. 

Adieu Lopez, adieu Dominique…

Bonne lecture à vous. Wws

Dans la petite voiture de Maselo

–        Bonjour M. Maurice. Comment allez-vous après le covid ?

–        Oh ! Ça va mieux. Vous avez bien fait de poser la question. J’avais fini par oublier que j’avais eu cette maladie, savez-vous ?  

–        C’est que vous avez bien repris. Dieu soit loué, béni soit-il. 

–        Je connais un jeune homme de Boyen, plus jeune que moi, il est rentré chez lui, pour mourir. Disait-il. Il ne voulait pas aller à l’hôpital, ni alerter le monde. Il se disait que ses jours étaient comptés. Et si l’Imprononçable venait à se produire, que ce soit pour le prendre chez lui et même qu’il l’attendait de pied ferme. 

–        C’est plutôt courageux de sa part. N’est-ce pas ? t 

–        Téméraire, je dirais. C’était hasardeux. Il n’arrivait plus à marcher ni à conduire. Il est rentré se coucher. Il n’est plus sorti pendant presque une semaine. Sa copine amenait à manger mais tous les deux faisaient chambre à part. Sa petite amie et leur fils dormaient dans le salon et ça, jusqu’à ce que le jeunot retrouve la santé. 

–        Vers quel endroit déjà vous allez ?

–        Boyen justement… s’il vous plait. 

Les noms des doigts de la main

WANAKO XUMUONO/ Wahohopa (le pouce)

WANAKO HULESEP/ Köja (l’index)

WANAKO HAETRA/ Haetra (majeur)

WANAKO KËJIN/Cipa (l’annulaire)

WANAKO KETR/Neköneqatr (auriculaire) 

Lopez ITREMA

C’était un jeudi, peu-après midi. J’étais avec messieurs Pierre et Thierry. On arrivait de Tiéta. Mr Thierry, nous l’avions récupéré de Koné. C’était pour amener la coutume de la FELP à la famille de Lopez. Quand nous étions entrés dans la chambre funéraire, notre attention fut instantanément dirigée vers le cercueil sur son socle. Le mort était dedans, les bras croisés sur la poitrine et les yeux fermés comme les yeux d’aveugle. Il était dans son costume comme s’il allait au culte du dimanche. Il était allongé, à demi enfermé dans cette caisse de mort. C’était froid. Comme peut-être le froid de la Mort. Je fixais son visage. Il avait toujours sa moustache grisonnante. Je le revis avec son sourire, je l’entendais par moment, il me parlait et toujours de sa voix accompagnée du roulement de son rire. C’était entre rêve et réalité. Je vacillais là, debout à coté du cercueil avant de donner la coutume d’entrée. Alors que je continuais de fixer le visage du mort, celui de l’artiste m’apparut. Le grand. Lopez. C’était lui, celui que j’ai côtoyé à mes débuts à Nédivin au collège de la FELP. C’était tout au début de ma carrière professorale. Ma pensée fut alors transportée par delà où je ne savais. Je bégayais alors dans le discours que je prononçais. Je ne savais plus où j’allais. Mes idées s’entremêlaient. J’avais commencé par ma langue maternelle. Après, je ne savais plus. Mais je terminais quand même … en français. J’avais mélangé les deux langues. C’était du méli-mélo. « Mais je suis excusé. » Devrais-je le croire. De toute façon, devant le charisme de celui qui était allongé là, sous mes yeux, les mots fuyaient. C’était comme s’ils s’enfuyaient d’eux-mêmes de mon cerveau. Je me mélangeais les pinceaux, comme Lopez mélangeait ses couleurs. Je poursuivais malgré tout parce que je ne voulais pas perdre pied. Je voulais tellement aller au bout de mon allocution pour rendre hommage à ce grand homme. C’était ma manière et plus j’avançais dans cet océan de mots du champ lexical du mot artiste, et j’avais l’impression de faire du sur-place. Ce n’était que verbiage alors je m’abandonnai. Je mis vite fin à mes intentions avant d’aller m’asseoir. De toute façon, je n’avais eu aucune honte de dire à mes collègues qu’heureusement on était venu ensemble pour qu’ils volassent à mon secours. Mr Pierre et Mr Thierry, eux, avaient les mots justes. Ils me sortirent de cette noirceur abyssale dans laquelle je me suis mis. Je fus rassuré et la chaleur du soleil revint à nouveau dans mon cœur. Vive la Vie. 

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