Waminya Waminya est né le 12 février 1995 à Nouméa. Son père est Richard Waminya, enseignant-chercheur et docteur en science de l’enseignement, originaire de la tribu de Mucaweng à Lifou. Sa maman est aussi de Lifou.
« Mes parents n’ont jamais fait de différence entre tous les enfants. On a tous été élevé pareil. »
Le jeune homme a grandi sur Lifou.
Des évènements particuliers ont amené son père à partir quelques années pour étudier afin d’apporter des solutions concrètes au Pays. Waminya fera sa scolarité du CM2 à la 4ème sans la présence de son papa. Quand ce dernier rentre sur Lifou, il décide de rester avec son père alors que le reste de la famille part sur Nouméa, avec la maman, pour la suite de leurs études. Il a ainsi passé tout son adolescence seul avec son père, jusqu’à sa terminale, ce qui l’a profondément influencé.
Ayant suivi toute sa scolarité à Lifou, Waminya aime préciser qu’il est bilingue drehu / français. Il a d’abord fréquenté l’école primaire de Xepenehe puis l’école pilote de Wé, enfin le collège de Laura Boula et le lycée polyvalent de Lifou.
Rapidement, il prend conscience que la majorité de ses copains de classe ont du mal avec le français et ont donc du mal à s’intégrer. Pratiquement toute sa scolarité, il reçoit, comme beaucoup d’autres, la croyance de la part du corps enseignant que « si on ne comprenait pas le français on ne réussirait pas ». Cette croyance n’a pas pris racine en lui parce qu’il utilisait le français. En revanche, elle a profondément influencé de manière négative ses camarades de classe.
« J’avais un enseignant en CM2 Cédric Sangarné, qui sera mon directeur lorsque je deviendrais enseignant remplaçant. De tous mes enseignants, il est de ceux qui m’ont marqué. Il nous a fait voyager. Avec lui il y avait plus de manipulations et moins de théorie. Il s’est intéressé à notre culture et l’a intégrée dans nos cours. Monsieur Cédric Niqueux-Emery est allé lui plus loin car il avait appris à parler le drehu. Il comprenait comment les enfants réfléchissaient, voyaient les choses, par rapport à leur culture. Il s’est inspiré de l’approche multi-dimensionnelle de mon père. »
Durant toute sa scolarité, Waminya s’estime chanceux car son père est enseignant, ses parents lui parlaient le français et la langue. Il constate que ses camarades quant à eux maîtrisent certes le drehu, leur langue maternelle, comprennent le français mais ont du mal à l’utiliser.
« Papa a toujours pensé que parler 2 langues ne pouvait que former notre cerveau. Pour mes camarades qui n’avaient pas les mêmes chances familiales, ils se rabaissaient parce qu’ils ne parlaient pas correctement le français. »
Le jeune homme obtient une mention Assez Bien au brevet mais commence à rejeter le système scolaire au lycée.
« Ce n’est pas l’enseignement qui m’a bloqué mais les enseignants. J’ai subi des vexations. Nous étions sans cesse rabaissés par certains enseignants métro. Je ne pouvais plus me concentrer sur mes études tellement nous subissions ces vexations en rapport à notre culture kanak. Certains de mes camarades habitués ne venaient en cours que pour amuser la galerie et prouver qu’ils n’étaient bon qu’à cela. Du coup moi je me suis rendu compte que les enseignants se permettaient de faire des commentaires sans se rendre compte qu’ils inculquaient aux jeunes que s’ils ne réussissaient pas à l’école, ils rateraient leurs vies. ».
Subissant les vexations des enseignants, ses notes chutent mais le jeune homme ne dit rien à ses parents. Emporté par une colère sourde, il rate son bac scientifique. Ses parents réagissent alors et découvrent le comportement des enseignants. Ils saisissent l’APE qui fait renvoyer ces enseignants. Le jeune homme représente son bac dans de bonnes conditions et l’obtient en 2013. Il reste convaincu encore aujourd’hui que le français n’étant pas considéré en tant que langue étrangère, cela est la cause principale de l’échec scolaire en Kanaky-Nouvelle-Calédonie.
En 2015/16, Waminya part en France préparer une licence en biologie. 3 mois après il apprend que sa petite amie est enceinte. Il rentre donc au Pays pour assumer ses responsabilités de père.
Il ne reprendra ses études que 9 ans après en présentant un DU. Parallèlement, il travaille en tant qu’employé et économise pendant 1 an pour créer sa première société : une maison d’édition. Il édite ainsi les outils pédagogiques de la province des Îles. En 2018, il ouvre une distillerie artisanale de rhum, Husapa. Une malheureuse association avec un Français lui fera fermer sa société. Il devient alors enseignant remplaçant et découvre jour après jour l’approche multi-dimensionnelle auprès de son père. Réalisant tout le travail fait par son père, il décide de revenir à l’édition et de publier l’ensemble des ouvrages et des travaux pédagogiques de celui-ci. Il travaille également à la création d’une école parallèle reprenant l’ensemble des approches et travaux de son père, Richard Waminya.
« Mon père est ma plus grande source de motivation : malgré tous les évènements qu’on a traversés depuis ma petite enfance, on n’a jamais manqué de rien. On a mûri plus vite que les autres enfants. Mon père a su rester droit dans ses valeurs. A aucun moment il n’a flanché. Il est resté juste. Reprendre son travail est pour moi une fierté, c’est pour lui rendre ce qu’il m’a donné et pour lui faire honneur que je fais ce travail aujourd’hui. »
Désormais, Waminya Waminya n’a qu’un but : mettre en place une école adaptée aux enfants du Pays, aux enfants d’aujourd’hui pour les aider afin de ne plus copier/coller un système éducatif qui ne marche pas en Kanaky-Nouvelle-Calédonie et marcher sur les traces de son père.
« Miser avant tout sur l’éducation, une école avec une vision culturelle océanienne, kanak et non sur des insfrastructures. Il faut de l’ambition, prendre le risque d’innover en créant cette école au moins pour le premier degré. »












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