La monnaie kanak, une monnaie de lien

La « monnaie » kanak, loin d’être un simple moyen de paiement, est toute entière une image des ancêtres. Elle a une « tête » qui peut être sculptée ou tressée, et un « pied » constitué d’une touffe de poils de roussette. Le chapelet de perles est sa « colonne vertébrale » ou « corps ».

La monnaie est généralement enveloppée d’un étui traditionnellement fait de tapa (liber d’écorce battu) et de poils de roussette tressés. Certaines monnaies sont également protégées dans des étuis rigides en bois sculpté.

Ni équivalent universel, ni moyen de circulation, ni même unité de compte, la monnaie de perles kanak est, selon l’heureuse expression de Maurice Leenhardt, un « sceau ». Sa valeur se manifeste dans la marque éminente qu’elle imprime aux échanges cérémoniels et aux diverses relations sociales que ces derniers sanctionnent : non seulement naissance, rites de l’enfance et de la puberté, mariage, funérailles mais aussi jadis alliances guerrières, prix du sang versé, compensations réparatoires pour les fautes commises, etc.

La monnaie est à la fois l’incarnation et la mesure de la loi qui régit les rapports entre les hommes, et entre ceux-ci et le cosmos (http://ipknkd.blogspot.com/).

Dans les langues kanak, les parties de la monnaie d’échange portent souvent des noms de partie du corps : c’est une image des ancêtres, avec une « tête » qui peut être sculptée ou tressée et un « sexe » ou « pied »constitué d’une touffe de poils de roussette. Le chapelet de perles est sa « colonne vertébrale » (Musée de la Nouvelle-Calédonie).

La monnaie kanak est à l’image de l’homme et représente l’ancêtre et le clan. Elle joue toujours un rôle majeur dans les échanges coutumiers de la Grande-Terre.

N’ayant pas de valeur monétaire réelle, sa longueur, sa couleur (blanche, rousse ou noire) ou sa composition donnent une valeur correspondante à l’importance de la parole et à l’alliance créée.

Les monnaies actuelles reprennent le schéma des monnaies anciennes avec des matériaux parfois actuels. La tête, symbole de l’homme, du sapin ou de l’igname est un tressage de laine qui peut comporter des sculptures en bois à l’effigie de l’ancêtre. Un coquillage en forme de conque (« toutoute »), symbole de l’appel des clans, se place sur un corps en os de roussette. Un tressage en bourre de coco symbolise la case sur lequel sont attachés les bras gardiens de la monnaie qui sont réalisés à partir d’os ou de petits coquillages. Ces derniers se réfèrent aux appliques de la case. Ensuite, une longueur plus ou moins importante réalisée en os de roussette est le symbole de la lignée et de la descendance. Elle comporte sur la partie supérieure le cœur de la monnaie qui symbolise la femme. Il est réalisé en graines végétales de coco ou de taros d’eau parfois en coquillages. La monnaie se termine par le pied tressé en laine, symbole du rattachement à l’esprit.

Dans les cérémonies coutumières, elle peut se tenir à bout de bras pour en montrer la longueur et se replie dans un étui de manière à laisser sortir le haut de la tête pour l’orienter toujours vers son destinataire (coutume-kanak.com).

Dans ce documentaire réalisé par l’équipe de Wéari pour Calédonia TV, Cédric Tyea part à la rencontre de ceux qui tissent et fabriquent les objets de la coutume. Avec Claudette, il tissera la natte dans la tribu de Yambé, à Pouébo. Puis, il fabriquera la monnaie kanak avec Jean (14:34), dans la tribu de Napwepa, à Ponérihouen. L’occasion pour ces artistes de partager leur savoir-faire mais aussi de raconter le sens de ces objets.

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