Le culte des ancêtres dans la spiritualité kanak

« L’organisation sociale est fondée sur le respect de l’esprit des ancêtres dans un territoire donné ». Cette citation est extraite de l’article 26 de la charte du peuple kanak. Le culte des ancêtres est une pratique qui se retrouve dans de nombreuses traditions spirituelles et religions à travers le Monde. Il témoigne de l’importance accordée aux anciens et du respect éprouvé à leur égard.  De partout à travers le monde le cultes des ancêtres consiste en un échange entre les ancêtres (décédés) et les vivants. Dans cet article, nous chercherons à comprendre de quelle façon le culte des ancêtres s’inscrit dans le patrimoine spirituel du peuple Kanak. Nous observerons, pour cela, la structure générale du culte des ancêtres dans le monde et nous verrons s’il est possible de faire corréler les pratiques spirituelles kanak avec celles de cette structure.

Offrandes et autel

Le culte des ancêtres est une pratique qui va, à la fois, suivre un formalisme définit et, à la fois, s’adapter à la tradition dans laquelle il est pratiqué. En effet, peu importe où il est pratiqué, il y a toujours une notion d’échange entre les vivants et les morts.

Ainsi, les offrandes ont pour but d’attirer les bénédictions mais aussi d’implorer le pardon des anciens lorsque cela est nécessaire. La nature de l’offrande et la fréquence à laquelle elles seront faites dépendront entièrement de la tradition dans laquelle on se situe.

En général, on essaye de faire des offrandes qui sont en accord avec les ancêtres. Logiquement on n’offre pas de viande à un Végan, c’est le même principe en gros.

Ensuite, pratiquer le culte des ancêtres requiert de leur accorder une place particulière, un autel. La forme de l’autel est également différente en fonction des traditions, mais en règle générale on y retrouve des photos des ancêtres, des objets qu’ils possédaient ou qui les représentent, parfois leurs cendres etc… (En gros, des choses qui ont un lien avec eux).

Cet autel est très important puisqu’il représente de manière concrète le lien entre vous et vos ancêtres (si vous n’êtes pas fan du ménage donnez-vous au moins la peine de nettoyer votre autel). C’est d’ailleurs sur cet autel que vous déposerez vos offrandes. D’ailleurs, on ne se débarrassera pas des restes d’offrandes de la même manière en fonction des traditions.

Liens de sang vs liens spirituels

Le terme « ancêtre » désigne forcément une personne qui fait partie de notre lignée. Cependant dans le culte des ancêtres, les liens du sang ne sont pas forcément nécessaires pour établir un lien avec l’esprit. En effet, il est possible de pratiquer ce culte pour un ami, une personnalité, une figure historique etc… C’est pour cela que le culte des ancêtres s’apparente beaucoup au « culte de la mort ».

J’en profite d’ailleurs pour soulever un fait que je trouve intéressant d’aborder. Désolé déjà pour les personnes à qui cela va déplaire. Si l’on suit les principes évoqués jusque-là, à mes yeux et bien sûr ce n’est que mon avis, il me semble que l’église catholique, bien qu’opposée à la pratique, pourrait s’identifier au culte des ancêtres. En effet, les saints sont des personnalités décédées pour leurs convictions. Elles sont invoquées pour des raisons diverses et variées afin d’intercéder auprès de Dieu. Si l’on suit cette logique, il semblerait que de manière indirecte, le culte des ancêtres fasse partie du catholicisme.

De manière concrète, dans certaines traditions magiques, le culte des ancêtres est employé pour renforcer les sortilèges. Pour cela, on invoquera les ancêtres pendant un rituel afin d’avoir leurs appuis pour pouvoir activer le sort. De plus, des offrandes sont faites afin d’attirer les bénédictions et le soutien des ancêtres dans la vie de tous les jours. Il est parfois même possible de les invoquer pour hériter de leur dons, talents et capacités particulières qu’ils auraient pu démontrer pendant leur vivant. Par exemple, si un ancêtre était reconnu comme un grand pécheur, on considère que faire des offrandes régulières pourrait faire de nous un bon pécheur, par la grâce de l’ancêtre en question.

Rapport à la coutume kanak

La spiritualité Kanak est essentiellement régie par la coutume. En effet, si des erreurs sont commises dans la coutume, l’individu qui en est à l’origine s’expose à la colère des ancêtres : des maladies et des malheurs sont provoqués par ses derniers sur lui et/ou sa famille.

Les anciens ont toujours été des personnes considérées comme importante dans la société Kanak. C’est la raison pour laquelle les Kanak se montrent particulièrement respectueux de leurs aînés et de leurs ancêtres en général.

Autrefois, lorsqu’une personne mourrait les membres de la famille conservaient son crâne avec ceux des autres membres du clan afin d’assurer la prospérité du clan et sa croissance. Bien qu’aujourd’hui, pour des raisons évidentes, cette pratique ne soit plus d’actualité, les Kanak accordent beaucoup d’importance aux défunts et font en sorte de ne pas attirer leurs colères.

Dans certaines tribus de la province Nord, lorsque vient le moment de manger la nouvelle Igname, une partie de la nouvelle récolte doit obligatoirement être donnée en offrande aux ancêtres du clan afin de s’assurer qu’ils soient bienveillants et que les récoltes continuent d’être abondantes d’années en années. Le non-respect de cette offrande entrainerait la colère des ancêtres et des évènements tragique pourraient survenir.

Pour conclure, le peuple Kanak s’inscrit véritablement et indiscutablement dans le cadre du culte des ancêtres répandu à travers le monde. Nous rappelons que le culte des ancêtres, même s’il obéit à une structure définie, se pratique et s’exprime en fonction de la culture dans laquelle nous sommes implantées. Le peuple Kanak, étant un peuple qui sait honorer ses ancêtres et qui ne saurait trouver sa force ailleurs que dans ses propres racines, entre par conséquent parfaitement dans le cadre de cette pratique commune à de très nombreuses cultures.

Crédit photo : Association Présence Kanak