La mémoire de Kandjo, chef de guerre du Sud, par son descendant Guy Kandjo Tonkomboué

Guy Tonkomboué, descendant direct, partage sa mémoire de Kandjo le chef de guerre.

L’oncle de Kandjo, Téamadéa-Majiri aussi appelé Kari, était un chef respectable, à la barbe blanche. Son pays était compris entre la mer et les rivières de Dumbéa et des kaoris. Son pic était la montagne des sources et sa rivière était la rivière des pirogues. Le clan des Nengara était puissant et plusieurs chefs reconnaissaient son autorité.

La colonisation vint bousculer l’ordre ancien. Pour Kuindo le résistant, Kari devait être exécuté pour avoir vendu des terres à Bérard. Ses hommes le tuèrent et le mangèrent en novembre 1856 ; on ne retrouva que la plante de ses pieds, nous dit Fouchet dans ses mémoires.

Au temps d’avant, quand un chef ne servait plus les intérêts du clan, on passait à un autre. Puisque son père était trop vieux pour repousser les Français, son fils, Kandjo le chef de guerre, fut chargé de le faire.

Les chefs du Sud se réunirent pour concerter leurs actions contre l’implantation des Français. Kandjo fut nommé chef de guerre, chargé de la défense du foncier. Il dû mener le combat soutenu par ses alliés.

Kandjo fils, était plus vieux et expérimenté que Kuindo qui était un parent proche. Un allié, un complémentaire, plus qu’un concurrent. Fouchet le militaire pensait toujours que Kuindo tirait les ficelles. Il ne comprenait pas bien le monde des Kanak, où rien de ce qui n’est pas réciproque ne dure.

Sans alliés, rien n’est possible, c’est pour cela que les chefs se sont unis. Les alliés de Kandjo étaient : Quindo (remplacé par son oncle Jack après son meurtre) à Païta, les Plum habitants au pied du Mont Dore, les Touaourou (chef Katé) habitants le littoral de Goro à Ounia (chef Mangakanake).

Les archives ont d’ailleurs gardé la trace d’une entrevue secrète, le lieutenant Bougey en parle. Il rapporte qu’un personnage digne de foi (autant qu’il pouvait en juger) lui dit que Kandjo, le chef de guerre, et Damé, le chef de Yaté, se sont rencontrés un an après la prise de possession. Damé était porteur du manteau de paix. Nul ne sait ce qu’il fut dit durant l’entrevue mais on rapporta au lieutenant qu’ils eurent des entretiens mystérieux dans lesquels il fut fortement question de l’arrivée des Français. Les gens du Sud ont mis leurs rivalités de coté pour faire face, ensemble, aux « Men oui oui » (Ndlr : les Français), comme on les appelait à l’époque.

En août 1855, Kuindo et ses gens incendient la Mission de Saint-Louis. Elle doit être abandonnée, un poste militaire est créé à la Conception. Au même moment, Vandégou, le grand chef de l’île des Pins meurt. Il est remplacé par sa fille Kanéjio qui est en bas âge. Elle va devenir un agent de l’évangélisation qui va faciliter la colonisation des esprits, sapant la résistance de l’intérieur. Cela va affaiblir considérablement la résistance des Kunié qui avaient la réputation d’être de redoutables guerriers.

Kandjo et son frère Jack Angara passent à l’attaque le 19 janvier 1857. Ils tuent Bérard et ses hommes et deviennent ainsi des fugitifs recherchés. Ils réussiront à se cacher pendant 30 mois et finiront par être livrés par Waton (le cousin de Kuindo), jaloux de son pouvoir car il était plus jeune que lui. Ils seront fusillés sur le bord de mer près de Fort Constantine le 28 août 1859. Jack Angara sera tué plus tard, le 17 novembre 1859.

Le sang de Kandjo qui avait plusieurs fils doit se disperser pour survivre.

Un fils part à Thio, on les appelle les Nouméa (clan Tomo). Ils avaient un tabou à Nouville près du Kuendu Beach et un autre en ville, pas loin de l’endroit où il y a le monument aux morts et la caserne Gally Passebosc.

Un autre fils Kandjo, le père de Joachim, part à l’île des Pins. Comme il est le propriétaire terrien, sa lignée est la plus recherchée. Elle trouve refuge à Yuati chez les alliés au centre de la partie Sud de l’Ile. Le sang de Kandjo est le bienvenu. Le fils du chef de guerre qui a mené l’offensive est honoré par de belles terres fertiles à Yuati et par l’ïlot Térée dans la baie d’Oupi. La lignée de Kandjo s’allie à l’un des clans clé de l’île, seul habilité à participer à la nomination des grands chefs coutumiers.
En 1954, le conseil régional, qui gérait l’état civil avant les communes, change les noms pour servir les manipulations coloniales : la mémoire de Kandjo est à nouveau célébrée. On appelle alors ses descendants : Tonkomboué qui signifie « Ton domaine, là où tu es assis. »

Pour Guy Tonkomboué, Kandjo avait aussi une fille chez les gens de Yahoué, mais il regrette de n’avoir pas assez écouté les vieux, pour en savoir plus sur elle.

Propos recueillis auprès de Guy Tonkomboué, une parole qui additionnée à d’autres, écrira l’Histoire de la résistance du Sud face à la colonisation.

Sources :

https://pt-br.facebook.com/celenouzote/posts/2268808486703865/

photo vient des archives de la NC, album Robin – de Greslan 1 Num 1-4)

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