1958-1975 : la Nouvelle-Calédonie perd son autonomie interne

Le passage à la Ve République en 1958 ne changera pas l’organisation politique de la Nouvelle-Calédonie jusqu’en 1963. Par la suite, cela aura pourtant pour conséquence un fait majeur : le gouvernement français fera alors le choix de réduire l’autonomie interne en Nouvelle-Calédonie à l’heure où d’autres territoires obtiennent l’indépendance. Un choix politique qui aura des conséquences sur le devenir du Pays.

Les relations entre la majorité électorale en NC et le gouvernement à Paris se tendent et se détériorent. Par l’intermédiaire de son représentant local, le gouverneur Péchoux, le gouvernement cherche à réduire les compétences du gouvernement calédonien (pouvoir de police, autorité sur la fonction publique). M. Lenormand, président du gouvernement local, entre alors en conflit ouvert contre le gouverneur.

Vers la réduction de l’autonomie

Le 21 novembre 1963, la loi Jaquinot, supprime les ministres en Nouvelle-Calédonie, contre l’avis de l’assemblée locale. Le haut-commissaire de la République reprend l’essentiel de l’exécutif sous sa seule responsabilité

En 1965 la responsabilité de l’enseignement du second degré est transférée à l’État.

En 1969, les lois Billotte réduisent les compétences du territoire en matière de gestion du domaine minier et généralisent les communes d’État. Elles échappent ainsi au contrôle des autorités territoriales. L’implantation locale de l’administration d’État par la création des subdivisions administratives, sur le modèle des sous-préfectures s’en trouve considérablement renforcée.

Ce tournant s’explique par la nouvelle politique extérieure définie par de Gaulle, dans laquelle les territoires français du Pacifique présentent un enjeu géopolitique de premier ordre.

A l’assemblée territoriale, une certaine unanimité se dégage contre ces changements statutaires, même le parti le plus conservateur dénonce par la voix de son représentant, Henri Lafleur, « les lois scélérates ». Les revendications à l’indépendance commenceront à apparaître aussi bien du côté des Européens, que des Kanaks.

La population, peu et mal informée de ces dernières modifications statutaires, réagit peu, vivant une période économiquement faste ; un véritable climat de « ruée vers l’ouest » s’installe dans le pays qui éloigne les Calédoniens des affaires politiques, plus préoccupés par les fruits du « boom » du nickel.

Cette croissance économique et une forte immigration transforment la Nouvelle-Calédonie et contribuent à la radicalisation politique.

Cette période de croissance économique connaît son paroxysme entre 1969 et 1972, surnommée le « boom ». Elle fait prendre conscience des potentialités du pays : plusieurs sociétés se disputent les gisements, de grands projets industriels sont annoncés. Du côté de la société Kanak, cette frénésie inquiète, on se sent dépouillé des richesses du pays.

La croissance économique creuse les écarts entre la brousse et Nouméa, entre les tribus et les villages, entre les Kanak et les Européens et ce malgré les efforts consentis par le FIDES (fond d’investissement et de développement économique et social) pour désenclaver les tribus (routes, ponts, écoles).

Une immigration massive

Pour répondre aux besoins de la croissance, le gouvernement encourage une immigration massive, avec des visées politiques à peine voilées.

Cette politique est confirmée par une lettre attribuée à Pierre Mesmer, premier ministre, adressée à Xavier Deniau, secrétaire d’état chargé des départements et territoires d’outre-mer (1).

Le CIPENC (le comité d’investissement et de promotion de l’emploi en Nouvelle-Calédonie) est créé, dans lequel on trouve des représentants de la mairie de Nouméa, de la société Le Nickel, de l’armée de terre. Il se charge d’une vaste campagne d’appel à l’immigration dans les journaux, sur les radios ou encore à la télévision.

Des groupes politiques radicalisés s’empressent de dénoncer cette manœuvre, qu’ils définissent comme un moyen de rendre les Kanak numériquement minoritaires dans leur pays, et d’étouffer ainsi la revendication indépendantiste naissante.

Après le « Boom » vient la crise et le désenchantement (dès 1973). Elle plonge durablement l’intérieur et les îles en particulier, dans le chômage ou le sous-emploi. Beaucoup de broussards font alors le constat d’une époque révolue qui n’aura profité qu’à un petit nombre de sociétés minières, industrielles et commerciales, laissant pourtant derrières elles des tribus et des villages déstabilisés (les gens se sont détournés par exemple du travail de la terre) et un environnement dégradé pour longtemps.

Source : https://histoire-geo.ac-noumea.nc/

(1) Pour aller plus loin : http://caledonitude.overblog.com/2021/08/le-c.i.p.e.n.c.ou-la-mise-en-oeuvre-de-la-circulaire-messmer.1971-1984.html

photo : facebook

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