Licencié en théologie et en sciences sociales (Institut catholique de Paris, 1965), Apollinaire Anova Ataba (1929-1966), prêtre kanak originaire de Moméa, entre La Foa et Bourail, écrivit de courts poèmes et une réflexion sur l’indépendance kanak dont la base serait la révolte du grand chef Ataï.
En 1965, il présenta « Histoire et psychologie des Mélanésiens » pour son mémoire de seconde année de licence en sciences sociales à l’Institut catholique de Paris, 1965 (inédit en l’état).
En 1969, deux extraits de son mémoire, « Deux exemples de réflexion mélanésienne (I) : L’insurrection des Néo-Calédoniens en 1878 et la personnalité du grand chef Ataï », seront publiés dans le journal de la Société des Océanistes.
Il est le premier écrivain kanak de langue française à avoir ouvert l’espace littéraire occupé par les écrivains européens. Son essai Histoire et Psychologie des Mélanésiens écrit en 1965 avait été « empêché d’être ».
Il rejoindra Frantz Fanon, auteur martiniquais devenu militant nationaliste algérien, sur la nécessité de faire une « psychologie » des colonisés et des colonisateurs pour contribuer à leur émancipation.
Il faudra attendre 15 ans, à partir de la publication, en 1969, de deux extraits de son ouvrage « L’insurrection des Néo-Calédoniens de 1878 », pour que son texte soit retrouvé et publié, à peu près dans son intégralité, par Marc Coulon, Ismet Kurtovitch et François Burck.
Extrait de L’insurrection des Néo-Calédoniens de 1878, publié après sa mort en 1969
Le colonel fut soigné à Fonwarhi par le docteur Duliscouet. Il mourut le lendemain, 4 juillet, à 2 heures du matin. Il avait quarante ans. On apprit plus tard que c’était le grand chef Ataï qui l’avait abattu avec sa dernière cartouche. A défaut d’une balle de plomb, Ataï s’était servi d’un bout de pied de marmite en fonte…La mort du colonel lui valut un monument au lieu même où il fut touché.
Aujourd’hui, nous pouvons voir dans cette mort du colonel la fin d’une période et le commencement d’une nouvelle. C’est, en effet, la fin de la période de détermination d’un homme farouchement colonialiste qui voulait l’extermination de la race autochtone. C’est le commencement d’une nouvelle, car ceux qui dans la suite prendront la direction des opérations auront à cœur d’agir plus humainement à l’égard des autochtones. Mais la mort. Mais la mort du colonel est présente encore aujourd’hui dans les esprits. Un monument à La Foa conserve pieusement les souvenirs de celui que la population européenne considère comme le héros de la présence française dans l’île. Le grand chef Ataï, vénéré par la population autochtone, est considéré comme un meurtrier.
Ouvrages à consulter
• D’AtaÏ à l’indépendance – Apollinaire Anova Ataba par Bernard Gasser et Alban Bensa chez Edipop
• « Histoire et psychologie des Mélanésiens », mémoire de seconde année de licence en sciences sociales à l’Institut catholique de Paris, 1965 (inédit en l’état)
• « Deux exemples de réflexion mélanésienne (I) : L’insurrection des Néo-Calédoniens en 1878 et la personnalité du grand chef Ataï » [extrait du mémoire du père Apollinaire éd. par Jean Guiart], Journal de la Société des Océanistes, XXV, 1969, pp. 201-219 [en ligne]
• « Deux exemples de réflexion mélanésienne (II) : Pour une économie humaine » [extrait du mémoire du père Apollinaire éd. par Jean Guiart], Journal de la Société des Océanistes, XXV, 1969, pp. 220-237 [en ligne]
• « Calédonie d’hier, Calédonie d’aujourd’hui, Calédonie de demain » nouv. éd. présentée et annotée par Hamid Mokaddem et Bernard Gasser, Nouméa : Expressions, Mairie de Moindou, 2005
• R.P. Patrick O’Reilly (éd.), « Le père Apollinaire, prêtre calédonien », Journal de la Société des Océanistes, XXV, 1969, pp. 189-199 [en ligne]
• Hamid Mokkadem, « Apollinaire Anova : une conception kanak du monde et de l’histoire (1929-1966) », Nouméa : Expressions ; Marseille : La Courte échelle/Editions Transit, 2014
• « Jours de colère, jours d’Ataï : l’insurrection de 1878, Bourail, La Foa, Bouloupari, d’après les correspondances des Pères maristes » éd. par François Bogliolo, Johanne Labarbe et Lucette Letierce, Nouméa : Île de lumière (Correspondances calédoniennes, 2), 2000
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