Le Cagou, emblème de la Nouvelle-Calédonie vit dans les forêts humides de la Chaîne où son chant matinal (un duo entre le mâle et la femelle) est souvent le seul moyen de le détecter. On dit d’ailleurs que son chant, comparable à un aboiement, fait lever le soleil.
Cet oiseau unique au monde a perdu la faculté de voler car il n’avait pas de prédateurs avant l’arrivée de l’Homme.
Depuis le 19ème siècle, la déforestation combinée à la prédation par les espèces introduites ont entraîné un déclin du nombre de Cagous. Selon les critères de l’UICN, le Cagou est en danger d’extinction. La Convention de Washington l’a également placé sur son annexe 1. Il est un des oiseaux les plus menacés de Nouvelle-Calédonie.
Les chiens sont une menace importante pour le Cagou: un seul chien peut détruire ou réduire sévèrement une population de Cagous. Le Cagou est aussi particulièrement vulnérable aux autres espèces introduites récemment (chats, cochons, fourmis électriques, cerfs…). La chasse, la capture et la détention du cagou sont interdites ainsi que la commercialisation de l’animal ou de ses sous-produits.
La culture Kanak rend hommage, à travers ses contes, aux animaux endémiques au Pays. Le Cagou n’y échappe pas. Nous vous invitons ici à la lecture du conte « La légende du Cagou, roi des oiseaux »
Voici l’histoire du petit « waco qaa dro », et de l’extraordinaire aventure qui fit de lui le roi des oiseaux de la Nouvelle-Calédonie. Mais avant qu’il soit désigné souverain par ses semblables, le cagou était au contraire dédaigné de tous, et chacun se riait de lui, incapable qu’il était de prendre son envol et de dominer ainsi tous les habitants de la mer et de la terre.
À quoi servirait-il d’avoir des plumes et des ailes, si l’on ne pouvait s’élever dans les airs et connaître la liberté de glisser sur le vent, avec tout en bas le spectacle amusant des captifs de la terre se déplaçant tels des escargots.
Il fallait au cagou un temps considérable pour circuler à pattes dans la forêt, entre les racines et les rochers. Il était si lent que lors de la grande réunion annuelle de tous les oiseaux de l’île, il arrivait toujours après que soit désigné le roi des animaux à plumes pour l’année à venir. De toute façon, il savait bien qu’il n’avait aucune chance de devenir un jour leur chef. Certains doutaient même qu’il fallût le considérer comme l’un des leurs.
En effet, le pauvre cagou était souvent ramené par ses congénères au rang de misérable terrien. Tous se moquaient de lui.
La frégate dit au héron :
– A-t-on vu animal plus ridicule, les pattes toujours pleines de terre !
La sterne dit au corbeau :
– On se demande ce qu’il fait de ses ailes ! Peut-être lui servent-elles à chasser les mouches !
Le pigeon dit à la perruche :
– Il n’a que sa huppe pour s’élever de quelques centimètres !
Mais, malgré ces remarques, le cagou avait accepté sa différence et vivait indifférent.
Il arriva une année où l’été fut d’une exceptionnelle chaleur.
Tous les oiseaux cherchaient un peu de fraîcheur à l’ombre des grands arbres ou se rendaient au bord des rivières en espérant y trouver un air plus respirable.
Voulant aider, le cagou proposa aux autres oiseaux de venir profiter avec lui de la fraîcheur de la forêt dense et humide où il vivait. Bien trop fiers, ceux-ci ignorèrent avec mépris cette proposition venant d’un être aussi insignifiant.
Mais voilà que la pluie commença à tomber intensément, et le vent se mit à souffler de plus en plus fort, tant et si bien que les oiseaux comprirent qu’un cyclone se préparait. Ils étaient habitués aux cyclones et savaient se protéger dans les grands arbres. Mais cette fois-ci, ce ne fut pas un cyclone comme les autres. Il était exceptionnellement puissant.
Le vent ne cessa d’augmenter. La pluie bâtait le sol de plus en plus fort. Les arbres pliaient et se brisaient dans la tourmente. La végétation tout entière était arrachée et emportée par les torrents d’eau qui dévalaient des collines. Plus aucun oiseau n’avait où s’abriter.
C’est alors qu’ils pensèrent au cagou qui s’était montré si hospitalier, aimable et fraternel. Ils décidèrent d’aller lui demander de l’aide.
Le cagou les accueillit de bon cœur, malgré toutes les humiliations qu’il avait subies. Il montra à chacun où trouver les abris protecteurs de sa forêt dont il connaissait le moindre recoin : sous les racines des grands banians, dans les cavités de la roche, dans les troncs creux, entre les pierres espacées ou encore sous les solides racines des « wadratha ».
Après de longues heures durant lesquelles les éléments se déchaînèrent terriblement, le calme revint progressivement, et chacun put sortir sain et sauf du refuge que lui avait désigné le cagou.
Tous savaient qu’ils devaient leur survie au petit marcheur. A force d’être dans les airs, ne voulant rien savoir de la terre dont ils avaient fini par tout ignorer, les oiseaux étaient devenus bien incapables de s’y protéger.
L’année suivante, lors de la grande réunion des oiseaux, chacun attendit patiemment que le cagou fasse son entrée, en marchant comme il se doit. Et tous le désignèrent comme roi des oiseaux en le remerciement de la protection qu’il avait su leur apporter.
Depuis ce jour, plus aucun oiseau ne se moqua du brave petit cagou. Ils savaient maintenant que chacun d’entre nous, aussi modeste soit-il, peut un jour nous aider à surmonter une grave difficulté.
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Sources
https://scribium.com/lise-pathe/le-cagou-loiseau-embleme-de-la-nouvelle-caledonie-ekw2sp
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