Intervention Yvette Danguigny aux instances autochtones de l’ONU en avril 2024

Je vous remercie madame la Présidente, chers membres experts.

Je m’appelle Yvette Danguigny, femme autochtone Kanak de Nouvelle-Calédonie et présidente des associations Cris et Pleurs de femmes et la Natte Kanak.

C’est avec beaucoup de gratitude et de reconnaissance que je tiens à remercier le fond de contribution volontaire des Nations Unies pour les peuples autochtones sans qui je n’aurais pas ce privilège de porter jusqu’ici la voix des femmes Kanak dans le combat que nos populations mènent en faveur de notre droit à l’autodétermination et encore moins de découvrir les Etats-Unis.

Aujourd’hui, mon pays la Nouvelle-Calédonie traverse des turbulences graves au niveau politique et est au bord de rompre avec la paix retrouvée il y a 30 ans après les événements de 1984.

En ce moment, les traditionnels partis antagonistes ont retrouvé la rue pour s’affronter : les uns pour retrouver leur liberté et leur indépendance, les autres pour perpétuer les liens de dépendance et de domination avec la France depuis la colonisation. Même nos enfants sont dans la rue.

Nos populations Kanak victimes depuis longtemps de la violation par l’état français de nos droits fondamentaux continuent de subir les humiliations et les injustices.

La France a pourtant ratifié la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones du 13 septembre 2007 mais, pour préserver ses intérêts dans l’axe Indo-Pacifique, elle s’oppose à la communauté au droit international et bafoue elle-même sa signature en nous refusant notre droit à disposer de nous-mêmes dans le processus de décolonisation qu’elle a engagé par les différents accords politiques en faveur de la paix.

Conformément aux articles 3 4 et 8 de la résolution 61 295 de 2007 au principe énoncé dans la résolution 35 118 de l’ONU du 11 décembre 1980 :

  • Je recommande pour la Nouvelle-Calédonie un réexamen, une étude de la situation de mon pays dans le contexte de la thématique principale de cette 23e session.
  • Je recommande l’application strict au sens un des articles visés afin de garantir le respect du processus démocratique et du droit à l’autodétermination en Nouvelle-Calédonie.
  • Je recommande un appel à la solidarité internationale et au soutien de la communauté internationale dans la lutte du peuple Kanak et de son autodétermination.

Pour conclure Madame la Présidente, j’en appelle à l’expérience et à l’influence de l’instance permanente des Nations Unies sur les questions des peuples autochtones afin de mettre la pression sur la France pour qu’elle renonce à exercer cette deuxième vague de colonisation sur les peuples autochtones de la Nouvelle-Calédonie, et qu’elle réussisse pour la première fois de son histoire la décolonisation d’une de ses anciennes colonies.

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