Ils lèvent haut les bannières de l’universalisme,
comme on brandit un drap immaculé.
Mais derrière ce tissu prétendument pur,
se cache le même visage, blanchi de certitudes,
celui qui jadis portait cagoule au nom du Ku Klux Klan.
Toujours le même procédé :
parler au nom de l’humanité,
au nom des « droits », au nom de la « civilisation »,
tout en niant à des peuples entiers
leur droit d’être, leur droit de décider, leur droit d’exister.
Cet universalisme n’est pas l’universel,
c’est son travestissement.
C’est le masque poli du suprémacisme blanc.
On l’a vu à l’œuvre dans les Amériques,
où les nations premières furent massacrées
au nom de la « découverte ».
On l’a vu en Afrique,
où l’on enchaîna des millions d’hommes et de femmes
au nom du « progrès » et du « commerce ».
On l’a vu en Océanie,
où l’on décida que la terre n’appartenait à personne
pour mieux la voler à ceux qui l’habitaient depuis toujours.
Et en Asie, où l’on imposa canons et traités inégaux
au nom de la « raison ».
À chaque fois, la même idéologie servait de parure :
« Nous sommes l’universel,
vous n’êtes que le particulier.
Nous sommes l’avenir,
vous êtes le passé.
Nous sommes l’humain accompli,
vous n’êtes qu’étape vers nous. »
Mais l’histoire a fissuré ce masque.
Les peuples colonisés ont levé la voix,
ont arraché les chaînes,
ont dit au monde :
« L’universel qui nie nos vies n’est qu’un mensonge.
Notre humanité ne se quémande pas,
elle se proclame. »
Aujourd’hui encore, certains agitent ce même drap blanc,
prétendant défendre la République, la liberté, l’égalité.
Mais leur universalisme est à sens unique,
il se veut lumière qui éclaire,
et refuse de voir qu’il aveugle.
Il se veut fraternité,
mais choisit qui mérite d’être frère.
Il se veut neutralité,
mais cache mal la domination.
Face à cela,
nous réaffirmons un autre universel :
celui qui se tisse de la diversité des peuples,
celui qui reconnaît dans chaque culture une étoile,
et dans chaque mémoire une part de vérité.
Car l’universel véritable n’écrase pas.
Il relie.
Il ne subjugue pas.
Il émancipe.
Il ne masque pas les crimes.
Il les regarde en face et demande justice.
C’est à ce prix seulement
que les bannières de l’universel cesseront d’être des cagoules,
et deviendront des drapeaux de liberté partagée.












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