Moaica,lais, Dui Pouridwa (La lisière des mondes et l’enfant entre ces espaces de transition… )

Le Moaica, lutin des environs de la lisière de la forêt est un être mystérieux, personnage fantastique de la littérature orale enfantine kanak de Maré. Nous retrouvons cette dénomination sous d’autres formes dans les langues kanak du Pays.

Moaica incite à se décentrer au sens Anta diopien.

C’est-à-dire se projeter dans le regard de l’autre pour que « soimirant cesse de s’admirer par narcissisme ».

Selon la croyance ce petit être symbolique, un genre d’homonculus du latin « petit homme » vit dans un espace emboîté entre la forêt, l’espace domestique et la lisière.

Ils ont un regard perçant et très introspectif au sens du discernement, dont le troisième œil.

En général, dans les récits ils sont souvent présentés seuls, mais organisés en hiérarchie.

Le chef des Moaica est toujours décrit comme le « Vieux » qui porte une barbe descendante. La présence du Moaica dans la poésie mythologique kanak dénote la présence d’un monde inversé voire paradoxal. Un espace dichotomique dont l’une des parties éclaire l’autre.

L’espace du Moaica synchronise l’affectif, la bienveillance, la solidarité, l’espoir et la sagesse.

Le Moaica, est considéré dans le folklore local comme des petits êtres malicieux mais bienveillants. Moaica est très doué dans les stratégies de ruses, cette ruse de l’intelligence. Avec la ruse on comprendra cependant la malice ludique et l’ironie.

Moaica a pour habitude d’aider un promeneur perdu ou l’entraîner à sa perte, s’il a profané un lieu tabou. Toutefois Moaica aime à satisfaire les souhaits et besoins matériels d’autrui.

Durant ces temps ludiques, Moaica a pour habitude de jouer avec les petits enfants à la lisière. Des jeux esseulés dont eux-seuls ont les secrets. Ils transmettent aux petits d’homme des savoirs mystérieux. Lorsque l’enfant développe et étend des connaissances issues de ces savoirs mystérieux dans l’espace domestique, les habitants ramènent ces compétences mystérieuses aux Moaica. Des connaissances qui ne correspondent tout simplement pas à son âge biologique, psychologique et social. Néanmoins ces perceptions comme sorte de préscience sont appréciées. Ces « dires en actes » de l’enfant articulent souvent deux éléments, à savoir, un contenu propositionnel contextuel et un mode psychologique mésologique. En fait tout simplement pragmatique, Moaica vit à la lisière,  espace d’interstice entre la tribu et la forêt.

Lieu de l’interstice où l’on apprend à « désapprendre la peur ». « Moica est simplement l’expression de modification d’espace-temps de la position paradoxale, Attrait-/-Distanciation vers la Stabilité. Principe résultant de la pensée dite en colimaçon qui évolue d’une manière spiraloïdale. Heidegger n’avait-il pas écrit qu’« être dans le monde », c’est aussi s’inclure d’une manière participante à l’histoire humaine qui se déroule là où « L’homme et le monde sont liés comme l’escargot et sa coquille : le monde fait partie de l’homme, il est sa dimension et, au fur et à mesure que le monde change, l’existence (in der Welt sein) change aussi. […] » (Kundera, 1986. Cité par Augé, 1994, p. 129).

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copyright photo : Yvanna Doi

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