Bozusë, en ce moment-même, un grand frère m’appelle du milieu de la marche pour la DDEC. J’espère que ma fille est aussi au milieu de la foule pour défendre son lycée.
Pour accompagner le vieux Maselo, je vous propose ma réflexion sur le silence de la femme kanak. Bonne lecture.
Dans la petite voiture de Maselo
– Islamabad. Est-ce un pays ou une personne ?
– Vous vous intéressez à ça maintenant Mme Tchuké ? Je pense que ce doit être un nom d’un monsieur qui prie l’islam. Enfin, je ne sais pas. Je ne me suis jamais posé la question.
– Ah ! Vous… M. Maselo, faut pas vous parler de personne qui habite de l’autre côté de la montagne.
– Le vrai du vrai, c’est ce qui est là sous nos yeux Mme Tchuké. Sinon…
– Sinon quoi ? Faut l’inventer ce monde.
– Mme Tchuké, quand je vous demande un franc, vous me le donnez, n’est-ce pas ? C’est cela le vrai. Une fois, M. Tein a voulu payer une course avec du poisson. Il avait fait une bonne pêche. Une fois, c’était bien et je l’ai accepté mais après, faut me régler en espèce. Ou alors faut qu’à la station, les dames acceptent aussi que je leur paie en nature…
– Oui, c’est le troc. C’est pas plus mal. C’était le système avant de passer aux échanges monétaires. Faudrait que nos politiques fassent de sérieuses réflexions sur la question.
– Vous avez raison mais pour le moment, vous avez planté un drapeau noir dans mon crâne. Islamabad, est-ce un homme ou une femme ?
– Islamabad… Islamabad. Sûrement un conte.
– Vous me faites douter M. Maselo…
Le silence de la femme kanak
Je vais axer ma réflexion sur le silence de la femme kanak. Je disais que le terme silence ne convenait pas. C’était une mauvaise traduction. Les Blancs, quand ils avaient vu que les femmes ne parlaient pas, ils avaient conclu qu’il s’agissait de silence. Faux. La femme kanak réfléchit, se retient (xomihni, eohnin en Drehu) parce qu’elle en est capable. C’est une prière. Elle porte la société kanak dans la réserve. Cette rétention n’est pas une soumission. Un travail nécessaire dont elle est seule capable de réaliser. L’homme est bavard. L’homme se montre, est bruyant pour manifester ce que la femme vit au fond d’elle dans sa réserve.
Ce qu’il faut surtout dire à mon sens est qu’à tableau kanak = une lecture kanak. Ce qui fausse la compréhension, c’est qu’avec nos regards d’hommes et de femmes formés sur les bancs des écoles de la république nous jugeons nos valeurs kanak avec des références ou tout simplement des mots qui ne sont pas kanak. Je donne un exemple du mot silence. Dans notre société, ce n’est pas qu’on ne parle pas (silence) que nous n’avons rien à dire ; Non, le silence ici vient parce que soit ce n’est pas à nous de parler (nous n’avons pas droit à la parole dans le clan) soit nous sommes plus jeune (par respect) soit nous ne parlons pas tout simplement par respect encore, soit pour ne pas annihiler le discours de l’autre (i kepe hna qaja en Drehu.) On accepte la parole de l’autre même si on n’est pas d’accord. Une manière d’honorer l’autre. Cela est kanak. Voilà quelques situations qui poussent la femme mais aussi le kanak à ne pas ouvrir la bouche pour prendre la parole. Ce que l’on qualifie à tort de silence.
On ne fait pas d’effort pour comprendre nos valeurs pour émettre après un avis. La définition du mot silence est tout de suite imposé par nos référents acquis sur les bancs des écoles républicaines. Un problème de traduction. Les situations que j’ai citées plus haut sont qualifiées de silence alors qu’elles ne sont pas des situations que l’on peut qualifier de silencieux (sans bruit) Au contraire, ce bruit est intense. Il faut avoir seulement des appareils de mesure pour le percevoir comme la sève d’un arbre qui monte. Ce phénomène est bruyant mais à son échelle. Une femme qui ne parle et qui réfléchit et se retient et qui… au contraire est bruyante. L’activité cérébrale est intense. Elle sue, tout bouillonne au dedans d’elle mais ça, on ne le voit pas et on ne le dit pas de peur que cette prière ne fasse pas d’effet.
Le silence de la femme kanak n’est pas un silence. Elle mène un travail de fond qu’elle seule connaît. L’homme est bavard et ne connaît pas s’imposer ce travail.
Je suis d’avis aussi pour dire que tout ce que l’on peut appeler coutume va pour renforcer la dimension de la femme. L’oncle maternel, le détenteur de toute vie sur terre dans la tradition kanak est le prolongement du statut de la femme. Pour dire que la coutume kanak parle pour elle. Raison pour laquelle sa discrétion.
Enfin de compte, il faut que ce soit nous kanak qui traduisons notre langue dans la langue d’autrui et pas l’inverse comme cela s’était produit jusqu’à maintenant pour faire le bon choix des termes et surtout des concepts et éviter tout amalgame. On connaît la suite. Bon voilà un peu ma pensée exposée, j’en ai dit plus… bon weekend. Wws












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