“Si j’étais Kanak, j’aurais compris mais …” est une parole qu’on entend souvent au Pays et qui porte beaucoup à réflexion.
Serait-elle révélatrice d’une réflexion passive qui cache d’autres opinions et modes de pensée ?
Certes, nous ne pouvons pas obliger les gens à penser comme nous, mais les Kanak sont un peuple autochtone et le droit des peuples autochtones n’est pas qu’une façon de penser.
Par qui et pourquoi ce droit existe-il aujourd’hui ?
C’est renier tout un pont de l’histoire de l’Humanité que de faire de tels raccourcis au travers de cette phrase, le sens et le poids des mots ne sont pas que de la lubie.
Si aujourd’hui ces peuples sont protégés c’est qu’il y a des raisons et des causes, ne pas maîtriser le sujet importe peu mais avoir au moins la décence de se souvenir qu’on vit dans un espace où il y a des autochtones c’est le minimum.
De plus, avons-nous besoin d’appartenir à un “groupe” pour les comprendre réellement ?
Autrement dit, avons-nous besoin d’être violés pour comprendre les personnes qui l’ont été?
Avons-nous besoin d’être palestiniens pour comprendre leurs conditions de vie, actuellement ?
Là, nous parlons de faire preuve d’Humanité et l’être humain est doté de beaucoup de capacités telles que l’empathie, l’intelligence humaine et d’un cerveau, qui lui permettent de comprendre et savoir se mettre à la place de son voisin.
C’est pas une histoire de compétition de souffrances ou autres mais laisser de tant en tant son égo à l’écart nous ouvre le champs des possibles.
La méconnaissance mène à la défiance qui régit alors nos comportements en société.
Par ailleurs, depuis des décennies on nous demande d’essayer de comprendre les arrivants, on nous conseille sur nos façons “d’être” et de se comporter.
On est d’ailleurs élevé pour s’adapter comme pas possible mais à un moment donné ça suffit.
Vous nous cassez du sucre sur le dos comme si cela allait nous aider.
La seule façon dont vous pourrez le faire c’est en décolonisant vos pensées (c’est pareil au sein de la communauté kanak aussi) car être Kanak ne se résume pas aux émeutes, à la lutte, au drapeau, à la violence, c’est bien mal nous connaître.
Mais c’est vrai, chaque être humain décide de retenir ce qu’il veut selon ces biais de confirmation et de sa zone de confort…
En outre, la Kanaky n’est pas un lieu où on vient vivre “comme ça”, si tu ne connais pas un minimum de l’Histoire du territoire tu ne comprendras jamais les enjeux de la construction de ce pays en devenir.
Et oui, vivre ici demande des efforts à chaque être humain qui foule ce sol.
Si je mets en pratique cette phrase, je pourrai alors dire :
● Si j’étais Kanak, j’aurais compris que vous soyez en colère après que le 15 mai une enfant de chez vous a reçu une balle dans la tête, mais ce n’est pas le cas
● Si j’étais Kanak, j’aurais compris que vous avez un certain mal être dû à la colonisation, mais c’est pas le cas
● Si j’étais Kanak, j’aurais compris que le poids de l’histoire reste encore à être allégé puisque nous enseignons pas l’histoire du pays à nos enfants, mais ce n’est pas le cas
● Si j’étais caldoche, j’aurais compris les souffrances du bagne mais ce n’est pas le cas
● Si j’étais métis, j’aurais compris les difficultés à se définir dans cette société, mais ce n’est pas le cas
● Si j’étais futunien, j’aurais compris le système de royauté, mais ce n’est pas le cas
Tout cela est absurde, car depuis des années nous vivons ensemble et sommes forcément impactés par les différentes cultures. Je me demande alors si nous nous connaissons vraiment et si nous ne devrions pas maintenant FAIRE ENSEMBLE ?
Au final, le terme Kanak comme la coutume est un état d’esprit au-delà d’être une ethnie, donc en effet avec de tels discours tu ne pourras jamais comprendre…
Le 28/03/2025 à Nouméa












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