Newsletter n°5 – Juin 2024

La crise de mai 2024 aura été une longue succession de prises de conscience qui nous l’espérons perdureront dans le temps et changeront enfin le visage de notre Pays ; elle restera à jamais gravée dans les mémoires de chacun d’entre nous.

Je suis partie avec ma famille pendant 10 ans, au début des années 2000, avec la confiance chevillée au corps et au coeur que l’ADN continuerait son chemin tranquille, moi qui avais travaillé comme petite main à la réalisation du Centre Tjibaou, avais vu et lu les minutes de l’Accord de Nouméa. Le retour fut décevant. Un clivage que je trouvais honteux s’était instauré dans le coeur et l’esprit des miens, nous qui arborions notre 5ème génération en Kanaky-Nouvelle-Calédonie comme un étendard, clamant dans les réunions familiales que du sang kanak coulait dans nos veines, … Je n’entendais que des phrases que je trouvais de plus plus désagréables avec des relents nauséeux de la période d’indigénat : on ne va pas là, il y a trop de Kanak, là il y a trop de Wallis ; on a préféré construire une piscine, c’est plus possible d’aller à la plage : trop de Kanak, de Zoreilles, de Wallis, etc…. Où étaient passées nos valeurs, notre éthique ? Où était passé notre légendaire sens de l’accueil hérité de nos origines océaniennes ? Tout cela s’était perdu, noyé dans l’alcool, l’argent, le cannabis et canal+… Fini le coup de thé en famille : les seules réunions familiales se résumaient à une orgie d’alcool. Qu’avait-on fait à la société civile calédonienne, à ma famille ?

Je me suis alors souvenue de cette phrase de Jean-Marie Tjibaou : un enfant sans racines, c’est comme un coco sec, il flotte et est balloté au gré des marées, et j’ai vu alors la bibliothèque Bernheim pleine de lecteurs Kanak, la société civile Kanak continuer avec bienveillance et dignité, sans rejeter qui que ce soit, accepter encore et encore elle-même le rejet. J’ai vu au 21ème siècle comme aux premiers temps de l’indigénat, des Kanak devoir se pousser et laisser la place dans les rayons des supermarchés à des Européens, j’ai vu des Kanak être surveillés comme des voleurs dans les boutiques de Nouméa. Et j’ai entendu ce que jamais je n’aurais imaginé à nouveau entendre : les Kanak ça pue, ah c’est des cafards, toujours à picoler, des fainéants, qu’est-ce qu’ils font ici, purée on se demande où ils trouvent l’argent pour acheter leurs voitures, etc…. Et j’ai eu honte…

Puis j’ai regardé et j’ai vu une nouvelle immigration de Français, imbus de leur personne, se considérant comme une élite mais sans valeur : seuls l’argent, le pouvoir comptent pour eux. Et j’ai vu les miens envier ses nouveaux immigrants qui affichaient leur argent, leurs belles voitures, leurs sacs de grandes marques et vouloir vivre comme eux.

Alors j’ai choisi de comprendre puis de réconcilier les miens avec leur histoire, j’ai participé à des réunions notamment au sein de la CCI-NC, à des repas, des colloques, j’ai écrit de nombreux articles et j’ai vu les miens suivre aveuglément ces nouveaux arrivants totalement incultes et pervertis par l’argent, cette génération de pervers narcissiques que beaucoup de Français rejettent et qui ont trouvé, pour notre malheur, un terrain de jeu formidable en Nouvelle-Calédonie, aveuglant les miens avec leur argent et leur superficialité.

Aujourd’hui, avec cette crise douloureuse, j’espère sincèrement mais vraiment très sincèrement qu’elle sera un électrochoc pour les miens, ceux qui disent être Calédoniens depuis au moins 5 générations : si vous êtes Calédoniens avant d’être Français alors vivez le et surtout rappelez-vous que vos ancêtres ne sont pas morts de faim car les Kanak leur ont appris comment se nourrir sur notre Caillou. Si vous êtes Français et que vous aimez tant que ça la mère patrie, alors retournez-y : après tout vos ancêtres ont été envoyés ici en prison. Il est peut-être temps d’en sortir. Quant à ces Français qui viennent chez nous avec leur arrogance légendaire, ils seraient peut-être opportun de connaître les casseroles qu’ils ont laissé non seulement dans l’Hexagone mais également dans tous les territoires ultra-marins. Je crois que beaucoup serait surpris.

Et surtout, surtout mon Pays, ma famille rappelle-toi d’où tu viens et ne laisse plus des étrangers décider pour toi, pour nous. Et je te souhaite par dessus tout pour finir de ressentir la même honte que moi lorsque je suis revenue au Pays.

Tout au long du mois de mai 2024, à la demande de notre présidente, Yvanna Doï, et de Gué Dhou, un des membres fondateurs de notre association, nous avons choisi de publier en priorité des portraits de nos jeunes, nous leur avons demandé de sortir de leur timidité car contrairement à ce qui est clamé il y a bien plus de diplômés et de jeunes chefs d’entreprises dans la société civile kanak, bien plus de lettrés qu’on ne le croit. C’est bien là la preuve d’une volonté d’invisibiliser toute une partie de la population qui rappelons-le représente à elle seule plus de 40% de la population calédonienne ! De l’invisibiliser en lui refusant les postes de cadres, en la dénigrant tellement que cette jeunesse ne trouve pas sa place dans une société sans éthique où seuls l’argent et le pouvoir guident, où la croyance d’une vie unique ne permettent pas de développer des codes moraux.

Allez ! Venez à la rencontre de la société civile Kanak, venez et découvrez qu’ils ont un avantage sur vous : ils connaissant leur société et ils connaissent la vôtre, ils parlent leur langue et ils parlent la vôtre : https://presencekanak.com/category/societe/portraits/

Et en plus ils la manient plutôt bien : https://presencekanak.com/category/blog/

Rappelez-vous, au lieu de vous plaindre et de prendre des airs offusqués et hypocrites, l’excellente analyse de Monsieur Barbançon car, tout comme nous au sein de l’Association Présence Kanak et comme beaucoup travaillant sans relâche à l’avenir de l’autonomie de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie, il a depuis longtemps tiré la sonnette d’alarme : https://presencekanak.com/2024/03/23/1984-2024-il-est-encore-temps/

Prenez conscience également, qu’ici encore plus qu’ailleurs, 2 mondes s’affrontent. N’oubliez pas que dans la vie, nous disposons de trois manières d’agir pour transcender notre karma :

  • L’une est de payer nos dettes karmiques. C’est ce que la plupart d’entre nous choisissons – inconsciemment, bien sûr. La Loi du Karma explique qu’aucune dette dans cet univers ne reste impayée. Nous subissons donc en pensant inconsciemment rembourser nos dettes. La fameuse culpabilité judéo-chrétienne.
  • La seconde manière d’agir est de transmuter ou transformer notre karma en une expérience plus désirable. Cette manière nous permet de transmuter notre karma en une nouvelle expression. Ainsi en payant notre dette karmique, nous choisissons de convertir l’adversité en un bénéfice qui peut apporter abondance et satisfaction. Nous décidons que toute expérience est donc bonne à vivre et peu importe que cela soit douloureux ou pas : c’est le verre à moitié plein ou à moitié vide.
  • La troisième manière d’agir sur le karma est de le transcender. Transcender le karma, c’est en devenir indépendant. Pour y arriver, il nous faut laver notre esprit, notre cœur sans cesse jusqu’à ce qu’il devienne propre. C’est dans le silence, l’observation, la méditation que l’on y arrive le plus sûrement. Il n’y a plus d’expérience : il y a seulement la volonté de vivre en pleine conscience et de nettoyer. De faire et d’être, calmement sans faire de bruit.

La société Kanak s’est définitivement inscrite dans la 3ème manière et j’en ai pour preuve la façon dont elle réagit depuis des années et comment elle s’inscrit d’ores et déjà pour les années à venir. Alors même si ces dernières semaines, on l’a entendu crier c’est ce qui arrive souvent lorsque les gens simples et humbles n’ont plus que ça pour se faire entendre.

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