Résumé
Le 30 juin 1909, Marius Archambault, directeur des Postes et Télégraphes à Nouméa, se voyait confier par l’État français une mission archéologique en Nouvelle-Calédonie. Le fonctionnaire s’intéressait déjà, depuis plus de dix ans, aux pétroglyphes présents sur la Grande Terre, productions qu’il croyait étrangères aux Kanak avec qui il cohabitait. Cherchant ailleurs l’origine de ces gravures sur roches, Marius Archambault collecta et documenta néanmoins des typologies d’objets kanak variées, qui dotent a posteriori sa mission d’un caractère ethnographique. Cet article vise, à travers l’étude d’un corpus issu de diverses institutions et aujourd’hui réuni au musée du quai Branly-Jacques Chirac, à éclairer le déroulement d’une mission, la pensée d’un homme et leurs conséquences sur la matérialité d’une collection ainsi que la persistance d’idées reçues.
Plan

Extrait
Archambault s’est exprimé dans le langage des thèses racistes de l’époque, qui faisaient des Kanak de son temps des « préhistoriques sans Histoire » (Dotte, 2017 : 31), et celui des thèses diffusionnistes qui permettaient de comprendre et de raisonner son acte de collecte, une fois les véritables auteurs des pétroglyphes exclus de ses théories. Aujourd’hui, la recherche scientifique continue de s’intéresser aux pétroglyphes, avec le support des données de tradition orale et de nouveaux outils archéologiques (Monnin et Sand, 2004). À ce titre, l’exposition Kîbô, pétroglyphes du pays Kanak, organisée en 2016 par le musée de Nouvelle-Calédonie au centre culturel Tjibaou, faisait le point sur les connaissances actuelles en la matière, avec pour objectif annoncé de réaffirmer auprès du public la profondeur historique de cette pratique, sa paternité kanak et son ancrage régional au sein de l’arc mélanésien. Ironie de l’Histoire, certains des pétroglyphes dont Archambaut a enrichi le musée de Nouvelle-Calédonie et qui ont été réattribués au cours de notre recherche ont pu y être présentés – servant désormais un discours rendant hommage à leurs véritables producteurs.
source : Margot Duband, « La collection kanak de Marius Archambault. Les objets, témoins d’une mission scientifique en Nouvelle-Calédonie », Journal de la Société des Océanistes [En ligne], 152 | 2021, mis en ligne le 02 janvier 2023, consulté le 01 décembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/jso/12558 ; DOI : https://doi.org/10.4000/jso.12558












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