Trajectoires néo-calédoniennes et moulinoises : la collection d’armes kanak du musée Anne de Beaujeu

Résumé

L’exposition Trajectoires kanak qui s’est tenue au musée Anne de Beaujeu de Moulins en 2017-2018 fut l’occasion de mettre en lumière un corpus d’objets océaniens, et plus spécifiquement, une quarantaine d’armes provenant de Nouvelle-Calédonie. Faute d’archives, la biographie de tels objets est parfois difficile à établir et demande d’élargir les recherches à l’histoire locale. Cet article se propose d’étudier divers acteurs, notamment la Société d’émulation du Bourbonnais. Il souligne le rôle que joua cette société savante moulinoise dans la constitution des collections et son lien avec le musée. L’étude de ses archives a fait ressortir la figure de Léon Moncelon et la documentation qu’il constitua pendant les dix années qu’il passa en Nouvelle-Calédonie. Cet article explore la relation entretenue par Moncelon avec les populations kanak, notamment ses deux enfants adoptifs qu’il présenta comme spécimens devant des sociétés savantes. Sa documentation offre un témoignage direct sur la perception d’un colon néo-calédonien à la fin du xixe siècle.

Plan

Extrait

L’étude des collections kanak du musée Anne de Beaujeu illustre la difficulté que représente la recherche sur les provenances des collections extra-européennes. La collecte de beaucoup d’objets du Pacifique, et particulièrement des armes de Nouvelle-Calédonie, est souvent le fruit de confiscations à moins qu’elles ne soient des dons faits à des personnes qui, cependant, ne portent pas d’intérêt à la culture matérielle. Les changements institutionnels à la fin du xixe siècle et les transferts de collections, parfois mal renseignés, compliquent cette recherche. L’histoire des acteurs locaux met en lumière des aspects de leur relation avec la Nouvelle-Calédonie, Léon Moncelon étant particulièrement intéressant à cet égard.

La présence des trois sagaies de deuil est intrigante car ces objets s’avèrent peu accessibles aux voyageurs. Elle pose des questions sur l’identité du collecteur et ses relations avec les populations kanak. Dans tous les cas, ces objets apportent, de par leur extrême rareté, une plus-value au corpus. Leur étude par Emmanuel Kasarhérou en 2017 a provoqué un intérêt renouvelé pour les collections. L’exposition Trajectoires kanak a notamment conduit le musée de Bourges, lui aussi situé dans l’Allier, à organiser, en 2020-2021, sa propre exposition sur ses collections néo-calédoniennes. Elle s’intitulait Kanak – Enquête sur une collection. L’étude croisée entre musées et archives de la région sur la provenance des collections océaniennes permettra peut-être de révéler de nouvelles connections et d’approfondir nos connaissances sur l’histoire des collectes tout en portant un nouvel éclairage sur l’ensemble des collections.

source : Margaux Chataigner, « Trajectoires néo-calédoniennes et moulinoises : la collection d’armes kanak du musée Anne de Beaujeu », Journal de la Société des Océanistes [En ligne], 152 | 2021, mis en ligne le 02 novembre 2023, consulté le 04 septembre 2024. URL : http://journals.openedition.org/jso/12983 ; DOI : https://doi.org/10.4000/jso.12983

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