Renouvellement des instances du congrès de la Nouvelle-Calédonie 2023

A l’issue de l’élection du président du congrès, les conseillers de la Nouvelle-Calédonie ont procédé à l’élection des membres du bureau du congrès.

Ci-dessous la composition du bureau du congrès pour l’année 2023-2024 :

Président : Roch WAMYTAN
1ère vice-présidente : Caroline MACHORO-REGNIER
2ème vice-présidente : Virginie RUFFENACH
3ème vice-président : Jean CREUGNET
4ème vice-présidente : Naïa WATEOU
5ème vice-président : Sylvain PABOUTY
6ème vice-présidente : Ithupane TIEOUE
7ème vice-présidente : Muriel MALFAR-PAUGA
8ème vice-présidente : Annie QAEZE
Secrétaires : Isabelle KALOÏ et Aniseta TUFELE
Questeurs : Nadia HEO et Laura VENDEGOU

Discours d’investiture de Roch Wamytan, réélu pour un 5ème mandat

(…)

Pour emprunter les propos de Jean Louis DEBRE à son élection au perchoir de l’Assemblée nationale le 25 juin 2002, je dirai que quelle soit nos préférences politiques, nos idéaux et nos choix partisans, nous détenons ensemble, nous les 54 élus, une part de la souveraineté interne de notre terre bien aimée. Nous sommes donc collectivement comptables de ce bien précieux et inaliénable.

Et en conséquence, à la place qui est la mienne, je m’efforcerai comme j’ai tenté de le faire depuis quatre ans, d’exercer une présidence impartiale, à l’image de celle du « speaker » des parlements du Commonwealth britannique, qui favorise la délibération parlementaire.
Une présidence en même temps attentive, accessible et disponible, respectant les droits de l’opposition, mais écoutant de même la voix des milliers d’hommes, de femmes et de jeunes calédoniens afin de prendre en considération leurs attentes au cours du processus législatif.

Car les bonnes lois sont des lois qui ont été bien préparées, c’est-à-dire élaborées avec le concours actif des représentants du peuple.

Cette mandature est la dernière ligne droite de la mandature provinciale 2019-2024 et donc de la Vème législature du Congrès. Et cette réélection à la présidence de l’institution représente pour moi, un grand honneur et une fierté.

Un honneur tout d’abord, car malgré nos divergences et nos différences, je me suis toujours appliqué à être à l’écoute de tous mes collègues, sans exception, et je veux les assurer de cette constance dans la fonction qui m’incombe à nouveau. Une fierté ensuite, car c’est la première fois qu’un président indépendantiste voit son mandat aligné sur celui des conseillers de l’assemblée c’est-à-dire 5 ans.

(…) Cette nouvelle mandature sera placée sous le signe du palabre, dont les conclusions mèneront notre pays vers son avenir institutionnel.

Un avenir que nous devrons imaginer ensemble, qui ne sera pas en rupture avec le passé puisque celui-ci est source d’enseignements, mais dont les contours que nous allons tracer devront ouvrir de multiples possibilités pour les habitants de ce pays la Nouvelle-Calédonie et son peuple premier le peuple kanak, poteau central de notre case commune, avec ses supports représentés par les apports de population d’origines diverses arrivées avec la colonisation.

Les prochaines semaines s’annoncent denses et difficiles ; les discussions seront âpres car nous sommes toutes et tous animés par la défense d’une vision, de valeurs et d’idées au nom de l’intérêt supérieur de la Nouvelle-Calédonie et de ses habitants.

Le Congrès, institution centrale dans l’organisation institutionnelle et politique du pays, garde un rôle majeur dans ce contexte.

Les membres de cette noble assemblée seront invités à faire des choix conscients et éclairés, qui conditionneront le futur des nouvelles générations.

Au regard de ce qui se passe dans la région Indopacifique et dans le Monde, la Nouvelle-Calédonie, « petit » pays insulaire dans le Grand Océan de nos ancêtres, devra être protégée des surenchères et des ambitions géostratégiques des États vis-à-vis des richesses qu’elle possède ainsi que de la place qu’elle occupe dans cette région mélanésienne.

Le capital humain et culturel, l’environnement, les ressources minérales, le niveau de développement en termes d’infrastructures et de services ou encore la situation géographique sont autant d’atouts qui peuvent attiser la convoitise des plus grands à l’égard desquels nous devrons être vigilants.

Notre force réside en notre capacité à faire face à l’adversité, et à imaginer ensemble un chemin commun pour la jeunesse. Je l’avais dit l’an dernier, je le répète : la résilience, et l’innovation sont des marqueurs spécifiques de notre société.

Notre responsabilité en tant que membres élus démocratiquement nous oblige à relever trois défis majeurs.

Le défi de la paix, tout d’abord.

L’inauguration de la place « Koo Wé Joka » à Nouméa l’an dernier est tout un symbole. Celui de nos leaders disparus qui à travers une poignée de main ont réussi à ramener la paix sur notre île, il y a de cela 35 ans.

Cette paix est encore fragile, il nous faut la préserver à travers un dialogue permanent entre les représentants élus par le peuple et pour le peuple. De son côté, l’État doit respecter ce qui a été le guide des accords de Matignon-Oudinot et Nouméa pour maintenir la paix dans notre pays : un Etat impartial au service de tous.

Le Congrès, lieu majeur de la décision politique, restera le sanctuaire du débat démocratique, une demeure où la liberté d’expression et d’opinion seront respectés puisque conformes aux aspirations de la population calédonienne.

Notre engagement devra également se traduire dans les mois à venir par la construction d’une identité et d’une citoyenneté locales. Le maintien des institutions calédoniennes et le respect du droit à l’autodétermination, cher à une partie d’entre nous, sont aussi des gages d’une paix durable entre les femmes et les hommes qui vouent une passion pour cette terre calédonienne.

Notre assemblée est dépositaire de la responsabilité fondamentale de maintenir, quelles que soient nos divergences, cette paix qui est pour tous les calédoniens, le bien le plus précieux.

Le second défi fondamental, c’est celui de la liberté.

La liberté de choisir notre avenir et d’en déterminer les voies et moyens pour y parvenir. Il nous appartient de délibérer et de décider car nous devrons nous préserver d’une vision imposée par d’autres, pouvant être guidés par des intérêts notamment économiques, contraires à nos modes de vie et nos cultures.

Notre environnement et en particulier nos ressources naturelles sont le gage d’un avenir durable pour nos enfants. A l’heure où le ravage écologique constitue une urgence absolue, où la société de capitalisme industriel s’essouffle et où la production doit ralentir, nous devons éviter d’accélérer le processus qui consiste à épuiser notre sol et notre sous-sol et refuser de faire passer le profit et l’accumulation de richesses avant le respect et la survie des vivants et de leur environnement. Notre modèle économique doit être en phase avec nos idéaux.

Nous devrons imaginer un nouveau modèle de prospérité et de résilience qui corresponde à nos cultures et nos coutumes ; ce modèle conditionnera l’héritage que nous lèguerons aux générations futures.

Enfin, le troisième défi est celui de la solidarité.

Marqueur intrinsèque de la société calédonienne, la solidarité est une valeur qui nous oblige.

Notre devoir nous dicte de mettre tout en oeuvre pour protéger les plus faibles d’entre nous.

Les politiques publiques qui seront soumises au vote des élus du Congrès, au cours de cette nouvelle mandature, devront prioritairement être examinées sous cet angle car il n’est pas de mission plus noble que celle-là au nom du Bien commun.

La résorption des inégalités et la réduction des disparités sur l’ensemble de notre territoire ne doivent pas rester un voeu pieu mais bien une réalité à laquelle nous devons nous atteler et agir concrètement.

Notre pays a besoin d’être réformé en profondeur, c’est un constat partagé par tous ! Aussi, certains textes sont déjà sur le bureau du congrès et ce sont les priorités qui concerneront nos travaux dès le début de cette mandature.

(…) S’agissant de l’évolution du Congrès, la mission d’experts indépendants, conduite par Monsieur Enrico LETTA, ancien premier ministre de l’Italie, membre actuel du parlement italien et professeur à Sciences po Paris que j’ai missionnée depuis 2019, a rendu ses conclusions le 25 août dernier.

Je saisis l’opportunité pour leur adresser mes plus vifs remerciements pour le temps qu’ils y ont consacré et pour leur engagement dans ces travaux qu’ils ont effectué gracieusement durant toutes ces années.

Notre institution a été souvent négligée dans le cadre des réflexions sur l’avenir institutionnel. Depuis la création du Conseil général en 1885, le constat fait état, après 138 ans d’existence, d’une méconnaissance de l’opinion publique alors même que son rôle est central dans l’organisation politique et institutionnelle. Seul organe doté du pouvoir législatif, le Congrès doit inévitablement opérer des transformations pour se moderniser et se renforcer.

De précieux enseignements seront tirés de ce rapport, que je partagerai avec l’ensemble des élus et des institutions qui ont été parties prenantes, durant toute cette mission d’expertise.

En voici quelques-uns qui feront l’objet d’analyses et de discussions en vue d’une mise en oeuvre si les élus le décideraient :

  • son autonomie, qu’elle soit fonctionnelle ou budgétaire, pourrait être accrue ;
  • la création d’un véritable statut de parlementaire devrait être envisagée, dans le but de protéger et d’encadrer les pouvoirs de l’élu durant son mandat ;
  • l’exclusivité du mandat de l’élu du congrès, ou encore son élection au suffrage universel direct permettrait de conférer une autorité politique plus forte aux élus de l’assemblée ;
  • enfin, en vue d’accroître la visibilité et l’attractivité du Congrès comme « maison du peuple », nous pourrions instaurer une forme de démocratie participative qu’il faudrait imaginer.

En résumé, le renforcement parlementaire du Congrès et de son rôle envers les citoyens permettra de doter la démocratie calédonienne d’une institution capable de réunir la volonté de toutes les communautés vivant sur ce territoire, autour de l’intérêt général et du « vivre ensemble ».

Notre institution est et restera le haut lieu de la représentation démocratique où les aspirations de tous les citoyens seront exprimées par la voix de leurs représentants et grâce à notre sens du dialogue et du consensus, nous pourrons je l’espère, toujours trouver les solutions du quotidien et de l’après, de manière collective.

Je veux croire au sens des responsabilités de toutes et tous dans les enjeux à venir.

source : https://www.congres.nc/renouvellement-des-instances-du-congres-2023-discours-dinvestiture-du-president-roch-wamytan/

pour aller plus loin : https://www.congres.nc/renouvellement-des-instances-du-congres-2023-milakulo-tukumuli-reelu-a-la-presidence-de-la-commission-permanente/

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