La victoire du Tavini, en Polynésie Française

Après avoir obtenu 2 sièges de députés à l’Assemblée nationale, le Tavini (le parti indépendantiste polynésien) conforte son avancée politique. Par une récente victoire aux élections territoriales venant rebattre les cartes du jeu démocratique en Polynésie Française.

Cette montée en puissance des indépendantistes Polynésiens fait écho à leurs collègues Kanak. Ces derniers, lors du second référendum de 2020 d’accès à la pleine souveraineté de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie, ont fait un score intéressant. Les indépendantistes Kanak ont depuis remporté la gouvernance du gouvernement local non sans évoquer une tendance globale des colonies et anciennes colonies à scander un vœu de plus d’égalité. Qui retentit des Antilles Françaises, en passant par l’Océanie jusqu’en Afrique subsaharienne, où l’image d’une Marianne bienfaitrice est en perte de vitesse.

Et pour cause, les Républiques bananières, qu’elles se situent en Afrique ou dans les DOM-TOM, semblent fonctionner selon le même mode, font que les éléments de langage et autres symboles creux d’émancipation émanant de l’hexagone ont perdu de leur superbe. Ainsi que ces personnalités comme symboles d’intégration pour justifier un tant soit peu une méritocratie chimérique. Ces personnalités sont instrumentalisées comme écrans de fumée, sur le plan international, comme faire-valoir d’une égalité des chances quelque peu sélective. Par exemple, le titre de miss France remporté en 2019 par la polynésienne Vaimala Chavez a tut en partie sur le plan extra-territorial le fait qu’Oscar Temaru chef de file des indépendantistes Polynésiens s’était fait geler ses avoirs, par agences étatiques interposées. Probablement dû au fait qu’il entend porter plainte contre la France par rapport aux essais nucléaires en Polynésie-Française. Dans cette optique la glorification d’un Kilian Mbappé qui a lui seul tait à la fois les méfaits de la guerre du Cameroun et d’Algérie.

Dans la mesure où, si ces deux personnes ont réussi tout le monde à sa place dans une société qui soi-disant ne voit pas les couleurs et dont le racisme systémique paraît-il n’est pas probant, autant dire un projet républicain fumeux se suffisant à lui même pour déligitimer toute approche égalitariste ou tout devoir de mémoire qui viendrait ébranler une statue républicaine qui reste de marbre face à l’indifférence. Déligitimant voire criminalisant tout devoir de mémoire qui induirait un quelconque dédommagement. Si ce n’est comme minimum syndical, ô combien symbolique, une reconnaissance officielle de certains méfaits historiques. 

Et il y a de quoi être sceptique, face aux scandales qui retentissent de part et d’autre du vestige de l’impérialisme français. Que cela soit l’attribution des ports Africains par Bolloré, l’affaire du chlordécone dans les Antilles, la gestion de l’après-nucléaire en Polynésie, ou encore l’assaut de la grotte d’Ouvéa, en 1988, pour ne citer que ces événements. Si bien que la France a du mal à se réclamer plurielle. Mis à part lors de compétitions sportives internationales où les minorités sont célébrées ou huées selon le score. Le reste du temps, les minorités sont invisibilisés, leur mémoire comme souffrance historique, pourtant pas si lointaine, jetée aux oubliettes.

Tant la France, mais pas que, l’ensemble des alliés européens des États-Unis s’enfoncent dans l’eurocentrisme. Et dorénavant semble payer le prix fort du revers, des mesures prises à l’encontre de la Russie, à voir le prix des énergies qui grimpe en flèche en Europe. Cela s’entend qu’il faut boycotter un état autoritaire et tyrannique, mais que fait-on de l’Arabie Saoudite ? Un deux poids deux mesures qui questionne selon les indignations sélectives qui trouvent leurs critères de sélectivité, d’après les seuls intérêts américains, construit autour de la souveraineté du dollar.

À ce propos, bien que les îles du Pacifique soient petites, elles joueront un rôle majeur dans un axe indo-pacifique naissant qui suscite déjà les convoitises. Notamment, celle américaine qui multiplie les ambassades et les traités dans des îles du Pacifiques qui jusqu’alors n’étaient pas reçues à la Maison Blanche, quand bien même cela fut pour parler du réchauffement climatique.

Dès à présent la question du réchauffement climatique est instrumentalisée par l’Australie et les USA pour signer des traités, pour accueillir les réfugiés climatiques, dans le seul but de conforter leurs influences dans cette région du monde. C’est dire si l’hypocrisie est totale ! Car sans l’intérêt des Chinois de telles avancées n’auraient pas semblé aussi urgentes.

En effet, l’ambition de la Chine à réouvrir les routes de la soie titille les Occidentaux qui veulent leurs parts du gâteau. Eux qui ont du mal à se renouveler. L’alliance des BRICKS souligne d’ailleurs le fait que l’ancien et le nouveau monde ont fait leurs temps. Et qu’aujourd’hui, nous sommes à l’aune d’un nouveau leadership mondial, avec ses propres institutions.

Aussi, la montée des partis indépendantistes, que ce soit en Kanaky-Nouvelle-Calédonie ou en Polynésie s’inscrit, dans ce vœu de plus de reconnaissance. Une même ligne politique qui consiste à avoir plus de souveraineté et à moins dépendre d’un hexagone situé à l’autre bout du monde. Qui a une fâcheuse tendance à répondre aux besoins de ses îles par la répression. Celle qu’on a pu observer par exemple en Guadeloupe, Martinique pendant la période de covid. Actuellement à Mayotte, où l’Etat français gère la situation façon favelas au Brésil. Sans jamais évoquer le fait que le budget dans les DOM-TOM est en chute libre, à l’image des banlieues françaises quasiment livrées à elles-mêmes.

Dans ce contexte, que ça soit la Polynésie Française ou la Kanaky-Nouvelle-Calédonie, ces deux îles entendent se réapropprier leurs destins. Ces îles du Pacifique, bien que petites par leurs tailles, se voient grandies par ce vœu d’égalité partagé. Fort à parier que les alliances d’aujourd’hui rappelleront celles ancestrales via cet océan Pacifique qui est grand d’échanges, de partages et de respect mutuel.

sources :

Photo : « La joie des sympathisants du Tavini, le parti indépendantiste polynésien, après la proclamation des résultats du second tour des élections territoriales, le 30 avril 2023. • ©SULIANE FAVENNEC / AFP » https://la1ere.francetvinfo.fr/historique-a-mediter-les-reactions-dans-l-hexagone-apres-la-victoire-des-independantistes-en-polynesie-1391206.html

https://blogs.mediapart.fr/jean-michel-guiart/blog/120523/la-victoire-du-tavini-en-polynesie-francaise

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