Les bambous gravés kanak

Le bambou gravé était utilisé d’abord comme bâton de voyage. On y introduisait des herbes magiques qui permettaient de se protéger et de se soulager de la fatigue du voyage. Il est difficile de dire si les bambous gravés correspondent à une tradition reculée. Ils sont signalés dans les écrits dès la fin du 18ème siècle ; tous ceux que nous connaissons aujourd’hui ont été collectés entre 1850 et 1920 (La matière des bambous est fragile, ils se fragmentent en se desséchant et s’effritent, les vers de bois les rongent..).

Le bambou (qui entre dans la fabrication d’objets très variés) est aussi un support de langage. Les décors retracent des scènes de la vie quotidienne : pêche, chasse et travaux des champs ou des cérémonies coutumières et événements marquants: marchés traditionnels, deuils, mariages ou guerres. On y trouve aussi des éléments évoquant les contacts avec les premiers européens : chevaux, bateaux, fusils, maisons coloniales, soldats, hommes et femmes européens.

Le trait, souvent d’une grande finesse, est obtenu pour les plus anciens bambous gravés avec des outils rudimentaires mais parfaitement adaptés au caractère ligneux du support : morceaux de quartz, extrémités de pinces de crustacés emmanchés ou canifs.

Lorsque le travail est terminé, l’artiste enduit le décor de suie ou d’une graisse dont la couleur noire est obtenue par la carbonisation de la noix de bancoule. Le mélange s’incruste dans les lignes et une fois le bambou essuyé, seule la couleur marque la gravure. 

Analyse livre de Roger Boulay, « Le bambou gravé kanak » (1993)

Utilisation : le bambou est un matériau naturel utilisé dans le Pacifique. On l’utilise comme « gourde » que l’on remplit l’eau ou contenu magique (tradition orale relevé par Leenhardt), « des abris », « des embarcations » de types radeaux, « des peignes », « des instruments de musiques » (taillé et frappé à même le sol). Les flûtes, se jouent avec la bouche ou la narine.

Outils pour gravure : avec des pierres comme du quartz, pointe des pinces de crustacés. Puis plus tard, à l’aide d’objet métallique et des canifs. La pyrogravure est aussi utilisée (avec pointe de fer).

Finitions : graisse passée sur les motifs à base de noix de bancoule (couleur terre de sienne). De la suie pouvait aussi être utilisée.

Types de bambou : local et importé (importé = ce sont surtout les plurs récents).

Fonction : moyen mnémonique, raconter ou se rappeler.

– Techniques : avoir une certaine précision, de la dextérité, être minutieux.

Comment lire un bambou ? : raconte une histoire. Chaque scène renvoie à l’autre et aucune ne peut se comprendre sans l’autre. Un bambou raconte l’histoire d’une famille, d’un groupe ou d’une personne. Le « lézard » est souvent représenté : représente l’ancêtre. On retrouve des bambous dès la fin du 18e siècle (Souvent cela représente la présence européenne).

Représentation : décor ou scène, les Européens, scène de pêche, de chasse, d’évènements importants, réunions, malheurs ou faits des ancêtres, chefs et guerriers, chefs coiffés, arrivée des Européens. Rares sont les scènes de guerre. Représentation de l’allée de la Grande Case et de la Grande Case par exemple. Il y a la présence de bambou gravé avec des motifs géométriques, exemple : un bambou l’Ile des Pins (Pourrait être une tradition plus ancienne). On a sur des bambous en provenance de Canala : représentation de Grande Case, de case-atelier (fin XIX siècle), du transport du poteau central de la Grande Case, d’un village kanak et le cheval, les préparatifs d’une grande fête, la couverture d’une case et une scène de pêche.

  • Le bambou gravé conservé au Musée du Périgord à Périgueux comporte des figurations de pirogues » . « Bateau et pirogues » : Collection Venge du Muséum d’Histoire naturelle de Grenoble comporte une pièce de 1894, représentant des bateaux à voiles dans un mouillage qui pourrait être celui de Canala » (p. 47)
  • Représentation sur bambou : le grand deuil d’un notable chez les Kanak (Musée Calvet à Avignon Collection Mery). L’oncle maternelle manifeste sa colère « de voir le sang leur échapper par la mort »
  • La pêche à la tortue : don principal des clans de la mer. (clan de la terre ,cela sera l’igname)
  • Représentation des plans de taro : Musée d’ethnographie de Genève
  • Billon d’igname 
  • Le pilou, danse
  • Kanak et Européens : Musée ethnographie de Genève 31 759

– 1850-1920 : collecte des bambous que l’on connaît. Vers 1917, arrêt de cette production (d’en faire). Causes possibles : influence de la colonisation, missions…

Particularité d’un bambou collecté : un « bambou gravé à tête de chien », la racine sculptée en tête d’animal (un chien semble-t-il).

Provenance : une grande partie bambous proviennent de Canala (région comme Thio ou Houaïlou). Mais aussi de l’Iles des Pins (Il y a d’autres régions).

Reportage de 2018 de Prosper Poagou pour Calédonia TV.

sources :

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