Même si le 3ème référendum semble derrière nous pour certains, d’autres pensent et réfléchissent à d’autres issues. Car il ne faut pas se leurrer, tant que le gouvernement français ne reconnaîtra pas la souveraineté du peuple Kanak, celui-ci se sentira nié.
Dans cet article publié sur Médiapart, Jean-Michel Guiart propose des pistes de réflexion très pertinentes.
Extrait :
Récemment en Kanaky-Nouvelle-Caledonie a pris fin la série référendaire d’accès à l’indépendance. Le boycott du peuple premier du dernier référendum a laissé le champ libre aux voix du non à l’indépendance. Les indépendantistes ont jugé nécessaire de reporter le dernier référendum dû à la recrudescence de la pandémie impactant la communauté mélanésienne tout comme l’ensemble de l’île (hausse des cas, hausse de la mortalité). Mais la France n’a pas répondu favorablement à cette requête elle qui a insidieusement avancé la date du dernier référendum. Le deuil comme toute autre cérémonie de la société mélanésienne requiert du temps pour que la coutume prenne tout son sens, collectif. La situation paraît cocasse de demander à un marchand d’armes du temps pour faire son deuil. La France n’est pas une blanche colombe. Elle fut mise en cause dans le génocide Hutu contre Tutsi. Elle est aussi responsable de la propagation du chlordécone dans les Antilles françaises, sans évoquer la gestion calamiteuse du covid dans l’hexagone qui a eu certaines conséquences (suppression de lits, pas de blouses pour le corps médical, pas de tests, pas de gels, pas de masques, pas assez de frigidaires pour garder les vaccins, etc.). Un autre indépendantiste du Pacifique a fait les frais de la France, en la personne d’Oscar Temaru à qui les avoirs ont été gelés, via des agences d’états interposées peut-être en rapport avec le fait qu’il veut porter plainte contre l’hexagone pour crime contre l’Humanité par rapport aux essais nucléaires en Polynésie.
Emmanuel Macron apparaît lui-même comme un président illégitime, dû à la forte abstention, lors des dernières élections présidentielles françaises. S’en suit une abstention massive aux dernières élections municipales, en juin 2020. La légitimité du gouvernement français actuel semble compromise, par une démocratie sans électeurs. On voit mal la France interférer en faveur des indépendantistes quant à leur souhait de délégitimer le dernier référendum. Du fait que la métropole a tout intérêt à garder cet archipel, sous son joug. Expliqué notamment par des zones maritimes assurant à la France une position stratégique non-négligeable sans parler des ressources minières propres à l’archipel.
Ajouté à cela l’historicité singulière qui caractérise la relation de la métropole avec le référendum. Cette consultation citoyenne représente pour la classe politique française une potentielle menace. Si on tient compte de celui du 27 avril 1969 qui témoigna de la démission du Général De Gaulle le 28 avril 1969. Mais aussi celle tenue, le 29 mai 2005, « pour ou contre le fait d’instituer une Constitution européenne » (le Traité de Rome signé un an plus tôt), dont la majorité des Français ont voté contre, dont le vote n’a pas été respecté. De plus, le souhait des gilets jaunes de mettre en place le Référendum d’Initiative Citoyenne, n’a visiblement pas été pris en compte par le gouvernement. Sans oublier la proposition d’Emmanuel Macron, d’organiser un référendum sur la question climatique qui semble vaine.
Mise à part les commodités administratives (passeport, diplômes, etc.) liées au fait de rester français, la vision que les insulaires ne sauraient évoluer sans la France demeure. Causé en partie par les grabuges de part et d’autres autour du projet de reprise de l’usine de Vale (l’usine pays) qui font que la projection d’un avenir serein paraît mal engagée. La société néo-calédonienne s’étrangle, avec le cordon ombilical français, peine à faire naître son identité. La France souhaite donner naissance à cette identité au forceps. En cajolant ceux dont la défiance envers l’indépendance kanak reste grande quitte à invisibiliser la cause indépendantiste par effets d’annonces paternaliste. L’hexagone redore son image de bon samaritain, en volant à la rescousse de cette île victime vraisemblablement de sa pensée sauvage qui tapit dans l’ombre attend d’assouvir ses pulsions meurtrières ancestrales. Tout en agitant l’ombre de l’ogre chinois qui parait-il frétille à l’idée de croquer cet archipel en forme de nem. À croire que la barrière de corail n’est pas assez solide pour repousser les attaques quasi-incessantes des nouveaux Mongols du XXI ème siècle, à savoir les chinois. Dieu merci le ministre de l’Outre Mer s’empresse de venir sur son cheval blanc, gonfler ses stats en Kanaky-Nouvelle-Calédonie. Tandis que les Antilles françaises sont à feu et à sang, mais le ministre répond à cette détresse sociale par la répression.
Le fait de rester français ne doit pas cautionner un orgueil occidental de prétendre avoir éclairé le monde qui sous couvert d’affiliation historique vise à re-situer les subalternes dans une place établit lors du temps colonial. Rester français très bien, mais que signifie « être français » ? Si on constate qu’à l’approche d’élections présidentielles l’hexagone se triture avec la question de l’identité…
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