La troisième voie s’inscrit dans une impartialité face aux deux blocs politiques (loyaliste/indépendantiste) néo-calédoniens. Elle s’illustre dans une perspective de paix sociale, de justice sociale. C’est pourquoi les inégalités apparaissent comme le combat qui transcende les différences, du fait qu’on a tous besoin de se nourrir, se loger, s’éduquer et se soigner, tel un droit fondamental, de vivre décemment.
Pourtant, selon notre appartenance sociale/raciale/de genre, ce droit est plus ou moins bafoué. C’est ce que l’on nomme l’intersectionnalité, c’est-à-dire diverses formes de discriminations que subit un même individu, selon ces degrés d’appartenance (la fameuse tryptique classe/genre/race). Cette dernière remarque constitue le cœur des inégalités.
Les leaders loyalistes accentuent ces inégalités afin de brandir leur argument sécuritaire intrinsèque (un jeu politique/électoraliste de maintenir si ce n’est accentuer les inégalités qui seraient potentiellement un terreau favorable à la délinquance, à l’insécurité).
Les leaders indépendantistes eux, crient à l’injustice tout en confortant, pour certains, leurs positions sociales dominantes (formation d’une élite triée sur le volet, en bouchant l’ascenseur social, du moins certaines strates sociales).
Une façade permettant pour quelques politiciens, bien assis dans leurs fauteuils, d’agir dans leurs intérêts, sous couvert d’intérêt général.
Tout l’enjeu du vivre-ensemble réside dans ce hiatus. A savoirs une bipolarisation de la politique néo-calédonienne qui suscite une dissension, ne pouvant qu’entrainer de la frustration, voire par moment de la violence.
N’en déplaise à certains, pour construire du lien, il faut tout d’abord déconstruire des notions comme la colonisation, l’égalité (qui plus est dans un contexte de décolonisation). Dans le but de prendre conscience que l’intersectionnalité trouve son origine (si l’on peut le formuler ainsi), dans le temps colonial, il faut se saisir du courage de la nuance, diront d’autres. Autrement dit, remettre en question notre modèle actuel, non pas pour se flageller, mais pour considérer l’autre, dans une démarche d’altérité.
C’est en cela que le devoir de mémoire collective apparait comme primordial, car cet archipel ne peut s’enliser dans une sorte d’amnésie, en ne se focalisant que sur les bienfaits de la colonisation afin de nier, de taire, la revendication du peuple premier, quant à son vœu, d’une plus grande reconnaissance de sa culture. Cette culture n’est pourtant en rien un frein à l’épanouissement de tous, bien au contraire, dans la mesure où il convient de se recentrer sur l’essentiel.
Face aux enjeux contemporains qui nous guettent, tel que le réchauffement climatique, nous ne pouvons rester impassibles. Il convient de nuancer la notion d’un bonheur calqué sur le mode de vie américain (l’américan way of life). L’uniformisation des modes de vies et de consommation (Coca Cola, Fast-food), promut par la mondialisation, a eu pour effet entre autres de rendre notre santé fragile (hausse de l’obésité, du diabète), ainsi que celle de notre planète (dégâts environnementaux dû en partie à l’élevage intensif).
En réponse à cela, le pouvoir nous invite (insidieusement) à l’aveuglement, par la « pensée unique », affirmant que seuls nos sociétés modernes sont garantes de libertés individuelles, mais plus encore d’égalité. Cette fameuse égalité qui tarde pourtant à se faire sentir, elle n’aurait dès lors, d’éclat que sur le front de certaines battisses. Si bien qu’elle favorise visiblement, un « privilège blanc ». En l’occurrence, l’égalité serait le cheval de Troie du « privilège blanc » soutenu par un racisme systémique.
Encore une fois, n’en déplaise à certains, ce sujet gêne car il est gênant, mais n’en constitue pas moins pour autant le nœud du problème de la république à intégrer les minorités et/ou à se réinventer.
Pour Hegel, l’histoire de l’homme est intimement liée à la violence, autrement dit l’homme est foncièrement violent envers un autre qui est pourtant son semblable.
La troisième voie entend briser ce cycle intemporel, en entamant le chemin de la reconnaissance, de l’autre, de tous les autres (la biosphère).
Si on considère le fait que l’identité néo-calédonienne (via la série référendaire) est questionnée devant l’histoire et ne saurait se résumer à l’individuel (modernité), ou au culturel (tradition), elle doit s’accommoder de la souffrance de l’autre, pour résorber tant bien que mal la violence, en soignant l’histoire, pour ainsi soigner la Nouvelle-Calédonie-Kanaky des plaies encore ouvertes, d’un passé qui a été trop longtemps tu…
Article très intéressant , à votre avis est ce que cette troisième voie doit être obligatoirement apolitique ? 🤔
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A partir du moment où il s’agit d’améliorer la vie de la Cité, elle sera politique au sens grec. En revanche sans étiquette politique sera une des clés de la réussite.
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