Durant les « événements » des années 1980 les « savoirs savants coutumiers » issus d’une longue expérience de gestion sociale et sociétale, avaient encore une fois démontré leur hauteur. La recherche d’apaisement et tentative de régulation des tensions sociales étaient au centre des préoccupations sociopolitiques malgré les séismes qui secouaient le pays. Ces « savoirs savants coutumiers » mettaient en exergue la présence d’une pensée de « haute culture » anthropologique et de gestion sociétale. Une pensée de posture institutionnelle qui provient des hautes sphères de la société. La coutume comme pratique sociale et mode d’expérience sur le monde révèle quelques fondements non négligeables de la totalité complexe de cette pensée. Ostensiblement qu’est-ce qui permet d’avancer une telle opinion ? En quoi cette pensée est-elle qualifiée de savante ? À l’heure où le pays s’apprête à traverser une période inédite de son histoire, prendre en considération ces « savoirs savants coutumiers » serait garantir la conservation de certains équilibres car le contexte apaisé est encore fragile. Reconnaître et chercher à maîtriser quelques stratégies autochtones favoriseraient continuellement la double articulation en vue d’équilibres sur des différences. Ces hypothèses serviront de bordures du sillon que nous nous apprêtons à tracer selon la planification suivante. Tout d’abord revoir ce qu’est un savoir savant et dire ce qu’on entend par « savoir savant coutumier ». Ensuite révéler quelques rudiments qualificatifs de la pensée kanak et océanienne ainsi que ses implications dans la zone de construction des « savoirs savants coutumiers ». Enfin il devient opportun de reconnaître et d’intégrer quelques nouveaux acteurs dans la noosphère pour impulser en tant que « possible » la fondation d’une nouvelle Haute Institution Décisionnaire en matière d’Education et d’Enseignement (IHDEE). Une institution qui réifie la volonté concernant le « partage des espaces de hautes sphères » impulsée par l’ADN (Accord de Nouméa). Un tel discours n’est en aucun cas un abus de langage ni une volonté dissimulée de proposer des revendications politiques et idéologiques même si nous reconnaissons qu’avancer de tels propos n’est certainement pas sans risques. Des épreuves bien abruptes peuvent surgir à tout moment.
Bien avant tout, il convient de dépasser les idées reçues à propos des sociétés insulaires océaniennes et kanak en s’affranchissant des discours communs très et trop souvent arrangeants au sens relativiste. Positions discursives qui évitent les réelles questions sociales, culturelles et éducatives. Ce genre de propos débouche bien souvent sur des prises de positions politiques et idéologiques dépourvues de fondements anthropologiques solides. Le but de cet écrit n’est pas non plus de vouloir défendre et de sombrer dans un culturalisme attrayant en occultant l’histoire. Pour fonder nos propos et éviter ces quelques écueils nous nous intéresserons à l’agir de l’autochtone. De porter un intérêt particulier à – « ce qui se passe » – puisque ce sujet-acteur fabrique continuellement du savoir, de la culture et du social. Cet agir révèle la présence d’une pensée dynamique. Une pensée qui sait développer de la synergie face aux contingences. Cette singularité autochtone présentée à l’aune de la psychologie pragmatique ou fonctionnaliste nous évite donc le positionnement relativiste qui n’arrange rien quant aux questions fondamentales posées par le social lorsque les cultures viennent à se confronter (Forquin, 1997).
Aujourd’hui la complexité sociale appelle à penser et fonder la totalité consciente à dimension Pays. Cette conscience pays s’était déjà manifestée. L’histoire de la Nouvelle-Calédonie regorge de faits qui démontrent comment en de multiples circonstances l’autochtone et les petits métayers surent trouver une troisième voie fédératrice et apaisante. Dernièrement on rappelait l’histoire de l’Association des Indigènes Calédoniens et Loyaltiens Français (AICLF) et de l’Union des Indigènes Calédoniens Amis de la Liberté dans l’Ordre (UICALO). Ces deux grandes associations ont participé au redécoupage du monde (politique, social, économique) calédonien après la suppression de l’indigénat. Redécoupage posé sur un pragmatisme social dans lequel l’adjacence au sens héraclitéen un peu dévié demeure la condition nécessaire pour s’émanciper. Il y a donc lieu d’analyser ce pragmatisme comme mode de pensée, d’actions et d’expériences du sujet sur le monde (J. Dewey, 1913). C’est à partir de cette expérience sur le monde que se fabriquent les « savoirs savants coutumiers ». La pratique de la « coutume » comme forme de vie ou technique de vie (P. Clanché, É. Debarbieux et J. Testanière : 1994) démontre réellement l’existence d’un savoir de haute instance. Savoir que nous nommons pour l’occasion, « savoir savant coutumier ». Savoirs qui viennent des hautes sphères coutumières et qui sont jugés d’intérêt social. Les cérémonies coutumières et les discours deviennent des espaces et des outils de transmission de ces « savoirs savants coutumiers ». Ils alimentent l’environnement social. L’autochtone réussit donc à échafauder et faire devenir son monde sociopolitique et culturel avec ses propres instances et modes de régulation. Avant de présenter quelques exemples pour étayer nos propos définissons tout d’abord ce qu’est un savoir savant.
Le didacticien a coutume de définir le savoir savant comme relevant de la sphère supérieure en l’occurrence universitaire. C’est un savoir difficilement enseignable qui provient de nombreuses recherches menées par les chercheurs selon des questions et phénomènes qui les préoccupent. Ces connaissances savantes ne sont jamais finies puisqu’il y a toujours une part d’incertitude que le chercheur ne maîtrise pas et mérite de nouveaux questionnements (falsifiability) au sens poppérien (Popper, 1985). Ce savoir est produit par des spécialistes habilités et admis à le valider et le juger digne d’intérêt général. Ces savoirs sont issus de contextes identifiés et transmis selon des conditions et événements précis. Une communauté veille et gère ce potentiel comme des éléments indispensables à l’avancée et à l’équilibre de la société. Les universitaires ne sont toutefois pas les seuls à penser, produire et manipuler ces savoirs savants. Il y a d’autres spécialistes particulièrement ceux qui s’intéressent aux problèmes de l’enseignement. On les retrouve dans les ministères, les rectorats… Ceux-là font partie du domaine que nous nommons habituellement sans être jargonnant, la noosphère.
Qu’en-est-il du monde kanak et océanien ?
Les savoirs sont nombreux dans la société autochtone (savoirs, savoir-faire et savoir-être). Dans les sociétés insulaires de l’Océanie en général et kanak en particulier une catégorie de savoir dit « savoirs savants coutumiers » existe et elle est manipulée par ses propres spécialistes. Par exemple, savoir pourquoi il convient de se comporter de telle manière relève du domaine du « savoir savant coutumier ». Les postures et la discursivité sociale qui sont mises en œuvre lors de la cérémonie du Kava à Wallis et Futuna relèvent des « savoirs savants coutumiers ». Illustrons encore en nous intéressant à l’une des cérémonies incontournables de la société kanak pour discerner ce que sont « les savoirs savants coutumiers ». Il s’agit de la cérémonie liée aux offrandes des prémices. Une marque distinctive de la civilisation de l’igname identifiée par A.- G. Haudricourt. Durant cette cérémonie des savoirs et discours spéciaux sont transmis aux clans. Le savoir réservé aux initiés de chaque groupe clanique produit des attitudes, des postures et des comportements spécifiques. Les clans initiés à l’ouverture des prémices veillent au bon déroulement du cycle.
Peu aujourd’hui arrive à discerner comment durant l’accomplissement du rituel des prémices se dessine en arrière-plan la croyance liée au cycle de la vie. Un cycle qui est intégré à celui de l’igname. Ce cycle débute en zone méridionale, Sud du pays, évoluant progressivement vers la zone orientale, Est pour atteindre La zone septentrionale, Nord où demeure l’autre produit qui accompagne la nouvelle, le poisson et enfin terminer par La zone occidentale, Ouest, lieu de la pleine maturité du tubercule avant de repartir vers la mer, le chemin des morts et attendre la relance du processus vital et viable pour la société. En quelques mots nous venons de justifier l’expression d’usage, « cycle de l’igname » et implicitement de sa dimension ontologique. Les discours engagés par les maîtres de cérémonie en présence des maîtres des lieux entretiennent ces fondamentaux de la culture kanak. Nous discernons comment ce «savoir savant coutumier » occupe une place essentielle dans ce chemin des richesses ou simplement le chemin de l’homme du pays. Ce cycle dit « Igname-Culture-Homme » met en relief trois formes de temporalité dense et interdépendante : « surgissement-mûrissement-dépérissement ».
Que révèle une telle organisation des temporalités et des pratiques ? La présence de mode de pensée qui est à la fois fractal, spiraloïde et en même temps selon une disposition rhizomique (G. Deleuze et F. Guattari, 1976). Des relations d’alliances et des ramifications d’alliances sont très souvent entretenues. Face aux chaos systémiques des procédures substitution- prolongements sont mises en place autant pour réparer que pour prolonger la structure. Nous pouvons citer les adoptions en milieu kanak étudiées par Leblic (2004). Nous saisissons plus précisément l’usage que fait A.-G. Haudricourt du terme « clones » dans son célèbre texte Nature et culture dans la civilisation de l’igname : l’origine des clones et des clans. C’est aussi à ce niveau qu’il faut s’intéresser à l’aspect spiraloïde de la pensée puisque nous discernons dans cette lecture comment le passé s’engouffre implicitement dans le présent, une pensée qui est à la fois l’autre et le même, tel le clone. Déclinons ce deuxième exemple. Lorsque la colonisation a échafaudé les tribus pour cantonner les populations, les kanak ont redéfini les espaces à partir de ces deux modes de penser le social et par extension la société. Celle de repenser ce nouveau milieu de vie selon une attitude de pensée fractale et rhizomique. Ce qui explique la forte tendance à penser la « tribu » comme un espace kanak. Les anciens ont redéfini cet espace inséré dans leur monde en le retravaillant et l’enrobant d’éléments généalogiques. Une manière d’user du processus de « Contrer pour Contrôler » et « Contrôler pour Contrer » (Thual, 2000) le puissant dans ses actions. Le savoir généalogique est donc un « savoir savant coutumier ». Nous remarquons une stratégie puissante de la société qui se dessine. Celle qui consiste à être à la fois l’autre et le même. Nous découvrons cet aspect dans la pratique d’adoption coutumière et lors du retour de coutume à l’oncle utérin. L’interconnexion, le prolongement et l’interdépendance sont des stratégies huilées de la société. Citons aussi les usages approchant la mètis chez les Grecs. Des pratiques qui démontrent la présence d’une forme de ruse de l’intelligence, d’être audacieux. Avec la ruse, nous sommes en présence d’une vraie catégorie mentale, jouant sur divers registres. Il y a de tout dans la ruse, mais jamais cette « fourberie » au sens de l’opinion commune aujourd’hui. C’est un jeu de l’esprit, de l’habileté et de l’expérience, jeu des compositions que l’on saura opérer en fonction de ce que l’on sait et de ce que l’on dispose, en regard de ce que l’on voit, ou encore qu’on peut prévoir » (G. Vigneaux, 2003, 32). Ce « savoir savant coutumier » est le produit d’une noosphère coutumière.
Actuellement les acteurs et penseurs coutumiers ont donc largement leur place dans la zone noosphérienne qui regroupe les hautes instances décisionnaires, domaine d’exercice de la pensée humaine en projection. La pensée kanak et océanienne a su échafauder un système coutumier et une densité relationnelle complexe qui marque la particularité de leur monde actuellement. Cette pensée humaine sut élaborer cette complexité sociale. Une pensée qui continue son chemin à travers les méandres du monde moderne. Elle est une pensée d’institution, d’institution coutumière précisément. Elle produit du savoir et a ses propres spécialistes qui organisent les espaces, les événements et les modes de transmission. Une pensée qui évoluent et qui ne cesse de s’accentuer en s’actualisant. Une plasticité remarquée et est décrite par de nombreux anthropologues et linguistes qui œuvrent au côté des kanak et océaniens. Une pensée savante qui a beaucoup d’expérience et de sagesse. Elle a su fabriquer ses modes de régulations sociales. Des pratiques permettent d’adoucir le visage du social. Elle a ses propres spécialistes, les Maîtres de l’environnement, Maîtres de cérémonies et Maîtres de médiation. Ces Maîtres sont parvenus à redéfinir des espaces interstitiels d’intégration de l’étranger dans ses appareils politiques et socioculturels. Ce qui constitue le domaine du pensant, de l’esprit, de la pensée humaine. Pour ce qui nous intéresse c’est un domaine interstitiel – où l’on pense les objets du savoir – à la fois nécessaire à être transmis (didactique) et nécessaire à la société (social)
Aujourd’hui les associations qui représentent les parents peuvent précisément intégrer cette zone tampon ou d’interface entre l’environnement social et le système de légitimité didactique. Légitimité car cette zone interstitielle doit selon des conditions précisées et institutionnalisées devenir d’une manière pragmatique et concret le haut pouvoir décisionnaire en matière d’éducation et d’enseignement. Une institution qui juge opportun la prise en compte des compétences et des connaissances nécessaires à l’édification du social pays. Elle doit se donner la responsabilité d’apporter autant de la clairvoyance que de la transparence. Son intérêt n’est pas du côté des méthodes. Par contre cette institution doit veiller la validité du savoir face aux aspects d’obsolescence et d’entropie systémique.
La complexité sociale et culturelle kanak qui se remarque encore aujourd’hui constitue une raison suffisante pour se rendre compte autant de la présence des « savoirs savants coutumiers » que ses propres spécialistes. Chaque aire culturelle possède ses propres « hautes instances coutumières » – le Padoku – qui fabriquent, valident et considèrent d’intérêt général ce genre de savoir. Cette « haute instance coutumière » peut être qualifiée et dénommée, la noosphère. Face aux problèmes que traverse la société avec de grands risques d’instabilité il convient que cette noosphère ou « lieu de pensée supérieure autochtone » soit maintenue dynamique particulièrement dans sa capacité à créer des « savoirs savants coutumiers » et à engendrer des formes d’interdépendances par interconnexion. Le sénat coutumier a donc de grands chantiers qui s’ouvrent devant lui. De nouveaux enjeux et perspectives sont au « seuil » de cette institution. Le sénat coutumier doit continuer de réactiver cette « catégorie mentale et mode de penser » le monde. À force elle finira par produire de la narration et de l’argumentation nécessaire à la sauvegarde des équilibres sociologiques. Cette institution pourrait si elle le désire s’appuyer sur ses ressources et par extension mobiliser d’autres potentialités érudites. En effet l’érudit peut participer et apporter beaucoup au niveau du débat sur les univers selon la double posture d’indigène et de scientifique. Aujourd’hui il est capable d’introduire et d’apposer dans les hautes sphères un discours épistémologique, hautement qualifié et franc. En résumé de cette partie succincte mais dense retenons ce que sont la forme de vie ou technique de vie – coutume – et la noosphère, lieu de prédilection des spécialistes qui œuvrent à produire du savoir savant et dans le cadre de la coutume du « savoir savant coutumier ». Lieu et moment où la pensée est mise en mouvement pour produire de la haute pensée culturelle. La pensée kanak mérite d’être reconnue comme une pensée savante de ce même monde. Ce même monde qui continue de se prolonger avec ses propres outils géométriques en veillant à entretenir rouah, pneuma ou encore psychè.
Aujourd’hui nous pouvons l’affirmer haut et fort. L’histoire des Ecoles Populaires Kanak (EPK) n’est pas rien au regard des transformations qui s’opèrent aujourd’hui au niveau de l’enseignement du pays. Bien que l’expérience des EPK soit maigre, nous pûmes constater comment leur présence porta une incision franche dans le contexte scolaire résistant. Elles marqueront les esprits. De cette incision émergera à l’interstice du monolinguisme existant et qui seront reconnues plus tard dans l’ADN (Accord de Nouméa), les langues et la culture kanak comme des objets d’enseignement. Cette brèche a été ouverte par l’instrument à la fois froid et puissant, la didactique. À l’heure des interfaces, des articulations voire des hybridités, il ne sera donc pas incongru de prendre en compte quelques « savoirs savants coutumiers » pour rechercher une meilleure démocratisation scolaire et sociale. Pratique qui permet de se prémunir et de prévenir les phénomènes entropiques qui sévissent actuellement d’un point de vue systémique. Le savoir local mérite d’être didactisé afin de pouvoir entrer dans le curriculum scolaire et être enseigné à l’école, aux centres de formation d’enseignants et dans diverses structures de transmissions de connaissances et de savoirs. Ces savoirs à enseigner et principalement au niveau du pays doivent entrer dans les textes officiels et être paraphés pour garantir leur institutionnalisation. Et comme nous le rappelle Marchive, il faut « […] s’interroger sur la nature des savoirs en jeu, sur le type d’activité […] que l’on veut mobiliser, sur le modèle d’homme que l’on souhaite former. » (2005)
Nous venons donc de montrer la richesse de cette pensée, comme pensée de posture institutionnelle. Elle a produit de nombreux savoirs dont des « savoirs savants coutumiers » qui nourrissent le social. Les discours, les pratiques sociales sont à la fois les outils et les vecteurs de transmission de ces « savoirs savants coutumiers ». L’école aujourd’hui peut s’offrir l’opportunité de rencontrer ce genre de savoir. De les intégrer progressivement dans les curriculums ou programmes scolaires, une fois leur didactisation réalisée. Cette potentialité noosphérienne océanienne en général et kanak en particulier peut aujourd’hui contribuer et apporter beaucoup au niveau de l’éducation, de la formation et du social à dimension Pays. Ces sociétés ont échafaudé des savoirs savants aujourd’hui reconnus et ses propres spécialistes continuent de participer à la construction contextuelle. Ce « savoir savant coutumier » océanien et kanak ne pouvait plus demeurer tel qu’on l’imaginait. La complexité du social appelle à sa reconnaissance et son émancipation dans la noosphère pour une nouvelle conscience pays. Chacun doit participer à sa labélisation à travers les institutions. Nous pouvons affirmer sans ambages ni vergognes et sans amalgames hasardeux, le Sénat coutumier a pleinement sa place dans cette noosphère qui reste à compléter et consolider avec les associations parentales. Nous comprenons pourquoi Bensa, un des spécialistes du monde kanak dans son ouvrage, Une anthropologie à taille humaine, invite à la prise en considération d’une nouvelle vision de l’autre pour que celui-ci, et selon la belle terminologie du médecin-psychanalyste Denis Vasse, soit « un parmi d’autres » et non en dehors des autres. Et comme le dit Latour « On ne nait pas traditionnel, on choisit de le devenir, en innovant beaucoup. » (1994).
WAJEKOL WATHUNGUIARAN
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