Les échos du passé. Enquête sur les débuts du Palika à Koné (Nouvelle-Calédonie, années 1970)

Résumé

Dans les années 1970, la revendication d’indépendance kanak en Nouvelle-Calédonie a été portée par de nombreuses organisations partisanes, dont les principales étaient l’Union calédonienne et le Parti de libération kanak (Palika). En prenant appui sur une enquête ethnographique menée dans la commune rurale de Koné, cet article examine les logiques politiques et sociales de la différenciation entre ces deux partis. Au-delà des contextes historiques et des référents idéologiques et stratégiques distincts, l’implantation pratique du Palika à Koné reposait sur des clivages générationnels et territoriaux spécifiques, construits selon des modes d’historicité différents, qui révélaient des représentations kanak particulières du politique « sur le temps long », englobant et dépassant la seule problématique coloniale.

Plan

Extrait

Cette position de rupture politique des jeunes du Palika vis-à-vis de leurs aînés avait ceci de paradoxal qu’elle se référait à un discours sur le passé qui justifiait l’engagement militant contemporain à l’aune de l’histoire coloniale. En 1974, le Groupe 1878 mobilisait ainsi l’argument des spoliations foncières, plus de 70 ans après les faits : selon Élie Poigoune, « notre première revendication, dans ce groupe, c’était “rendez-nous nos terres”, il fallait rendre les terres qui avaient été volées par les colons, les rendre aux Kanak ». Dans le cadre de leur propagande comme à travers le nom de leur groupe (« 1878 », en référence à la grande insurrection kanak de cette année-là), les leaders étudiants mettaient un soin particulier à tisser des liens entre leur mouvement et les anciennes mobilisations kanak contre les colons ou l’armée française, jetant un pont par-dessus cinquante ans de paix coloniale. Ce faisant, ils incitaient leurs militants à se réapproprier leurs histoires familiales antérieures à 1920 et à inscrire leur engagement dans cette perspective.

source : Benoît Trépied, “Les échos du passé. Enquête sur les débuts du Palika à Koné (Nouvelle-Calédonie, années 1970)”, Journal de la Société des Océanistes [Online], 144-145 | 2017, Online since 15 December 2019, connection on 04 September 2024. URL: http://journals.openedition.org/jso/7868; DOI: https://doi.org/10.4000/jso.7868

photo APK

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Créez un site ou un blog sur WordPress.com

Retour en haut ↑

En savoir plus sur Association Présence Kanak - Maxha

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture